DOSSIER

Affiche

BERLIN 2007 - Retours sur différentes Histoires


A Berlin, les regards introspectifs sur leur propre Histoire ou celle des autres, permirent à des cinéastes venus de pays très différents de réussir des films souvent justes et marquants, et à une exception près, sans concession.

La beauté des couleurs désaturées et de la plage de sable noir dans « Lettres d'Iwo Jima » marquera les rétines de ceux qui se sont laissés happer par le récit d'une bataille perdue d'avance. Racontée au travers des histoires croisées de trois soldats dont on retrouve les lettres, le film décrit avec brio le courage, la peur du sacrifice, et la force issue d'un honneur désespéré qui caractérisa alors les soldats japonais. Autre réussite traitant de la seconde guerre mondiale, « Die Fälscher », ou comment un faussaire juif s'est retrouvé enrôlé dans une vaste entreprise de falsification visant à inonder le marché de bons aux porteur brittanique et de dollars, offre un rôle en or à Karl Markovics, introverti aux dévastateurs accès de colère. Un portrait percutant d'un arriviste manipulateur qui va devoir choisir entre se vendre contre un semblant de confort et tenter de retarder ce qui pourrait coûter la victoire aux alliés. Un film allemande sombre et moralement violent.

Balayant une période beaucoup plus vaste, « I served the king of england » résume en quelques scènes bien senties de la vie d'un chanceux serviteur, l'Histoire de feu la Tchécoslovaquie. Jiri Menzel en profite pour se moquer des travers des puissants et des riches qui s'agenouilleraient pour la plus petite pièce tombée à terre. Il épingle aussi au passage la compromission facile de ses concitoyens durant la guerre. Un film étonnement romantique et enlevé. Avec « Raisons d'Etat » (le 04 juillet en salles), Robert De Niro s'intéresse lui à l'après guerre et à la création de la CIA. Il nous dresse le portrait d'un homme impassible (Matt Damon), face aux agissements duquel on ne peut être qu'aterré tant il semble se moquer des implications privées de ses gestes patriotes. Un sacrfice d'autant plus terrifiant qu'il ne semble pas avoir conscience du mal qu'il répend, un peu à l'image d'une Amérique qui se croit dans son droit partout sur la planète. Edifiant.

Terminons enfin par une grosse déception, « Goodbye Bafana » de Bille August, réalisateur danois, alternant adaptations historiques ratées et oeuvres intimistes. Son nouveau film, qui sort en salles le 25 avril, est le portrait d'un gardien de prison devenu peu à peu ami avec Nelson Mandela. Dialogues lourdingues, bonnes intentions sur fond de contexte politique et social tendu mais à peine esquissé, discours appuyé sur la liberté, font qu'on ne croit pas un instant à cette histoire d'amitié Sud africaine. Preuve qu'un regard extérieur n'est finalement pas toujours un gage de qualité.

OB

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