64ème Festival de Berlin - Berlinale 2014
du 06 au 16 février 2014
Berlin - Allemagne
Le rôle des enfants ou adolescents livrés à eux-mêmes a toujours été sujet de cinéma et de récompenses en Festivals. Si Cannes se remémore avec tendresse la bande de gamins du « Nobody knows » du coréen Kore-Eda, vivant en secret dans un appartement où les parents ne sont plus, si Berlin se souvient de « L'enfant d'en haut » d'Ursula Meier (prix spécial du jury) et de son petit voleur en stations de ski, cette année la Berlinale a fait la part belle à ces enfants délaissés mais débrouillards, faisant face à leurs besoins quotidiens comme à un monde d'adultes souvent hostiles.
Parmi les enfants amenés à grandir trop vite, on trouve « Jack », héros du film d'Edward Berger, qui doit s'occuper de tout à la maison, jusqu'au jour où il finit en maison de correction. Un portrait peu convainquant, avec un personnage qui veut trop bien faire les choses, et que la caméra suit de près dès les premiers plans où on le voit courir. On regrettera que le scénario évite une réelle description des personnages d'adultes et réduise celle de la vie en institution au strict minimum.
Autre gamin livré à lui-même, Ramasan prend soin de la famille, s'occupe de la paperasse pour sa mère, va chercher les filles à l'école, fait les courses, dans le « Macondo » de Sudabeh Mortezai. Devenu malgré lui le chef de famille, il voit d'un œil inquiet l'intrusion dans le voisinage d'un immigré qui semble connaître sa mère. Méfiance, instinct de protection, au delà des questions de vol et d'embrigadement dans une bande, c'est avant tout aux séquelles de la guerre en Tchétchénie que s'attaque le film, ainsi qu'à la capacité de chacun au pardon. Un film certes mineur, mais porté par un petit acteur de génie: Ramasan Minkailov.
Du côté des adolescents, le film argentin « La tercera orilla » de Celina Murga, propose de suivre la vie quotidienne ennuyeuse d'un jeune homme effectuant un stage dans le ranch de son père, et peu enclin à comprendre le monde des adultes qui l'entoure. Isolé dans cette famille sans structure, il doit se trouver un équilibre, loin d'une mère visiblement brisée qui accepte tout, et ballotté entre un frère cadet renfermé et un père qui tente de l'initier à sa manière aux choses de la vie (en l'embarquant dans ses virées libertines...). Malheureusement, le final presque anecdotique vient gâcher le peu de tension qui commençait à s'installer.
Enfin, le film hongrois « Land of storms » met aux prises un jeune homme renvoyé de son équipe de football allemande et revenant au pays pour retaper la ferme dont il a hérité de son grand père, avec une société archaïque dans laquelle la différence est des plus mal vue. Décidé à s'installer sur place, il doit faire face au mépris des habitants et à des représailles, lorsqu'il s'engage dans une relation physique avec celui qu'il emploie pour le chantier. Si les ficelles du scénario sont un peu faciles, l'esprit de liberté qui se dégage du film, mêlés à l'aspect initiatique de l'ensemble font que le charme fonctionne.
Pour plus de renseignements :Olivier Bachelard
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