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cartoon-movie 2014 - Bilan


L'édition 2014 du Cartoon movie était la sixième à se dérouler à Lyon, après quelques dix ans passés du côté de Potzdam en Allemagne. Le programme de cette année n'a pas déçu, et les quelques 800 professionnels présents sur place ont dû choisir chaque jour entre les deux salles aménagées au Palais des congrès la Cité Internationale pour assister aux nombreuses présentations de projets à l'état de concept, en développement, en production ou même pour certains terminés, tels « Minuscule, la vallée des fourmis perdues », reparti avec le Tribute du meilleur film européen.

Parmi les thèmes qui ressortent cette année, on notera une forte tendance au récit horrifique, faisant notamment appel aux fantômes et autres monstres, à la vie des elfes, ou une certaine forme de grande aventure. Nous ferons également état de nombreuses franchises, souvent connues principalement dans les pays nordiques ont trouvé écho ici, et vous proposerons pour finir un petit tour des projets les plus prometteurs découverts cette année. Enjoy the ride !

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Tendance horrifique
Fantômes et autres supposés morts

Ils furent certainement la figure récurrente de cette édition 2014 : les fantômes, morts vivants et autres monstres plus ou moins morts.

Le projet le plus excitant de cette tendance est certainement « Zombillenium », tiré de la bande dessinée de Arthur de Pins, publiée dans Le journal de Spirou, et ayant déjà donné lieu à trois albums. Le film était appuyé ici par un vidéo clip du groupe "Skip the use", montrant l'arrivée des héros dans le parc d'attraction animé par des morts-vivants, ce qu'ils vont eux même devenir à la fin de l'introduction. Un film prometteur, annoncé comme traitant du monde du travail au travers de cette drôle d'entreprise. On s'en régale d'avance.

Autre projet bien étrange, « J'ai perdu mon corps » (« I lost my body ») compte l'histoire d'une main, séparée de son corps par un accident de scie circulaire, et s'enfuyant du labo de la fac de médecine pour retrouver ce dernier. La poésie et l'amour semble au rendez-vous pour ce film signé Jeremy Clapin et co-écrit avec Guillaume Laurant, scénariste du "Fabuleux destin d'Amelie Poulain". Toujours dans le style « mains baladeuses », « Mister Sirocco », le nouveau film de Jacques Rémy Girerd (dont le « Tante Hilda ! » est actuellement en salles) est encore à l'état du concept, mais dévoile un extrait sous forme de course sur des mains géantes, au travers du désert. Une histoire séduisante, dans laquelle une reine, pour empêcher son fils de partir à la recherche de son père, explorateur, décide de capturer les vents, le vent du sud (Sirocco) décidant de lutter...

Plus classique, mais non moins magique, la bande-annonce de « Les fantômes du Père Lachaise » nous montre la rencontre d'une petite fille avec le fantôme de Chopin, dans une 3D impeccable. Le lieu convoque forcément un imaginaire riche et l'histoire un mélange de tendresse et de douleur. Un film à gros budget (près de 10 millions d'euros), dont le scénario devrait être ficelé pour Cannes, et dont le tournage s'étalera sur 2 ans. A surveiller enfin dans cette catégorie, un autre film en concept, aux visuels frappants : « Fantasmi ! ». Les premières images montrent un fantôme capturé par les humains et exhibé comme dans un cirque, tandis que le synopsis promet l'histoire d'une île où résident les fantômes.

Nains et autres Elfes

Les figures de gnomes et autres elfes ont également passionné les animateurs, ceux-ci tentant de leur imaginer une vie en dehors de la distribution des cadeaux de Noêl. Ainsi le film finlandais « The gnome » choisit des prises de vues réelles avec personnages en 3D numérique (comme dans « Minuscule ») pour narrer la quête de Tom, à la recherche de son petit frère Teo, disparu. Une prouesse technique annoncée pour un récit classique de recherche d'un proche, thématique qui traverse bon nombre de films présentés ici (« Beyond Beyond », « Mister Sirocco », « Faustine and the Chimera », « Song of the sea »...).

Mais le projet le plus original est certainement « Christmas survivors », histoire d'une famille et d'un elfe de ferme, qui utilise la technique du Cutout Multiplan. Ainsi la caméra filme verticalement une série de lames de verre superposées, sur lesquels sont disposés des éléments de décors en diverses matériaux, et des personnages dessinés à la main sur carton ou papier, reconstituant ainsi la profondeur de champs. La bande-annonce de ce film norvégien, en faux split-screen, promet des merveilles.

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Des franchises pour enfants plus ou moins grands

Nombreuses furent les franchises à présenter ici l'avancement de leurs projets, et dont on notera qu'elles venaient pour la plupart des pays nordiques.

Alors que « Moomins and the comet chase » (« Les moomins et la comète ») n'est pas encore sortie sur les écrans français, voici que « Moomins on the riviera » se retrouve déjà en production, pour une sortie annoncée à l'automne dans les pays nordiques. Sortes de petits hippopotames blanchâtres, ils vont découvrir ici les affres de la jalousie au sein du couple. Tourné en Stop Motion, « The Christmas of Solan and Ludvig » est une autre production scandinave, mettant en scène deux héros ayant déjà fait l'objet d'un autre film dans les années 70 et très connus dans les pays nordiques. Une histoire de Noël, d'invisibilité et de vol de machine à neige, qui prône des valeurs de modération, entre personnage trop timide et autre trop intrépide.

Coproduction entre la Norvège, la Suède et le Danemark, « Hocus Pocus, Alfie Atkins » est la première adaptation au cinéma d'une énorme franchise scandinave, dont les livres ont été traduits dans près de 35 langues et adaptée en série télé dans les années 70. Le film est accompagné d'une nouvelle saison de 13 épisodes, et conte l'histoire d'un petit garçon désireux d'avoir un chien et apprenant le devoir d'honnêteté.

Côté Allemagne c'est une héroïne bien connu en France qui passera sur grand écran dès cet automne. « Maya l'abeille – le film » est promis à une belle carrière, grâce à des personnages secondaires sympathiques (dont deux fourmis militaires un peu débiles), puisque son personnage principal est connu dans plus de 150 pays et a fait l'objet d'une nouvelle série télé déjà diffusée en France. Enfin, crée par Fracisco Ibañez, « Mortadelo et Filemon, mission implausible » pourrait bien créer la surprise avec une histoire délirante de deux détectives semant le chaos sur leur passage. Des aventures venues d'Espagne, dont la présentation a créé l'enthousiasme au Cartoon movie.

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La grande aventure

La plupart des films terminés présentés cette année mettaient leurs héros dans des situations périlleuses, dignes des plus grandes aventures. « Minuscule, la vallée des fourmis perdues » périples de fourmis ramenant une boite de sucres à leur fourmilière, avec l'aide d'une coccinelle blessée. Poursuite dans des rapides, sièges de forteresse, explosions sont au rendez-vous. Dans « Jack et la mécanique du cœur », le héros est un jeune ayant une horloge à la place du cœur, descendant jusqu'en Andalousie à la recherche de sa belle. Enfin, dans le danois « Beyond Beyond », un petit lapin fait tout pour passer dans l'au-delà de façon à retrouver sa mère disparue.

Deux projets sortent clairement du lot. Tout d'abord « Tout en haut du monde » (« Longway north »), déjà remarqué il y a deux ans, qui suit le périple d'une russe à la recherche de son grand père explorateur, dans les étendues enneigées et glacées du grand nord. Une aventure servie par un graphisme épuré, qui voient disparaître les traits de contour au profit des ombres et à plats de couleurs. Ensuite, « Song of the sea », nouveau conte de Tomm Moore (« Brendan et le secret de Kells »), périple d'un enfant tâchant de retrouver sa sœur, capable de se transformer en phoque. Le graphisme est une nouvelle fois sublime de richesse.

Notons également dans cette catégorie, l'adaptation de jeux vidéo « Dofus, the return of Julith », tout droit venue du nord de la France. Dans un univers de fantasy médiévale à la française qui fête ses 10 ans, et a déjà touché plus de 150 pays, le film narre l'histoire de Joris, tentant de venir à bout de la sorcière Julith. Enfin, « The journey of the elephant Soliman » conte le parcours d'un éléphant accompagnant le retour du gouverneur d'Espagne vers ses contrées de Vienne, en 1851. Un voyage prometteur d'un certain exotisme.


Des projets à surveiller

Terminons par quelques projets repérés dans les différentes sections, dont il s'agira de surveiller l'évolution dans les années à venir, que ce soit pour leur histoire ou leur esthétique.

Il y a tout d'abord « Faustine and the Chimera », ou l'histoire d'une petite fille dont la mère a perdu la mémoire, recherchant la Chimère, créature qui accorde un vœux aux personnes qui l'ont vaincue. Le dessin en 2D par ordinateur est tout simplement sublime, évoquant aquarelles et pochoirs. Il y a ensuite « Rhea » histoire futuriste d'un robot de combat (le LUC-Yo4) qui détruit toute vie biochimique sur une mystérieuse planète, aux prises avec ses propres créateurs et les créatures qu'elle était sensé éradiquer. Les premiers croquis, en noir et blanc, laissent entrevoir une particulièrement sombre. Côté blege encore, l'adaptation de la bande-dessinée « Les nombrils » (« The bellybuttons ») donne lieu à la formation d'un trio d'amies, aidé par l'irruption d'une star. Une histoire de chipies, de cour d'école et d'adolescence.

Projet intrigant, « You, me, the sky and the sea » réunit pendant une heure trente, une mère et son fils sur une barque au milieu de l'Océan, pour un tête à tête à l'humour très british. Dessin épuré, cynisme, on se régale d'avance de ce film irlandais qui vise plutôt un public adulte. Côté polonais, le film « Mice on strike » transpose au monde des souris et des rats la lutte des classes entre employés de chantier naval et gangs mafieux. Une ambiance colorée très sobre pour un film social visant la famille.

Richard est un moineau qui fut élevé par des cigognes, croit dur comme fer être de cette race là. Lors d'une migration, il va tenter de prouver que c'est bien le cas. Dans « Richard the stork », ce sont les personnages qui semblent porter la profondeur et l'humour du récit, qu'il s'agisse d'un bizarroïde hibou ou d'un perroquet chantant le disco, ils viendront en aide au jeune moineau. Enfin, avec « Little, from the fish shop », film tchèque en Stop Motion, nous découvrirons les aventures de la fille du Roi des mers, réfugiée avec sa famille parmi les humains, dans un port de pèche. Une histoire d'amour au charme vieillot de par l'animation traditionnelle basée sur des marionnettes.

Olivier Bachelard

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