Les dérives du monde actuel ont trouvé échos dans les films de cette édition 2013, décrivant à la fois une évolution vers plus de superficialité, y compris dans les élites, et en réaction, la volonté de certains d'échapper à la dure réalité.
Un monde de plus en plus superficiel
Reflet par excellence de cette tendance du monde à vénérer tout ce qui brille, au dépend d'une approche du mérite, du labeur et du sérieux, « La grande belleza », film fellinien signé Paolo Sorrentino a été particulièrement remarqué. Donnant le change, un auteur qui a écrit un seul livre et vit sur ses lauriers depuis des années, décide de fuir la fête permanente pour tenter de retrouver des valeurs. Ressort de cette œuvre politique forte, la sensation qu'il y a toujours quelqu'un de mieux loti, mieux introduit, et en filigrane un portrait d'une Italie gangrenée par la corruption et par des figures politiques aussi superficielles que le star-system.
Autre film très critique, sous des dessous très chics, le controversé nouveau film de Sofia Coppola, « The bling ring » suit une bande de jeunes issus de famille aisées, qui dans leur désœuvrement vont cambrioler les villas de star sur les hauteurs d'Hollywood. Récit d'une fascination de la jeunesse pour l'argent facile et les marques, le film pointe l'importance grandissante de l'image et l'inconscience grandissante de l'existence d'une société à deux vitesses.
Sur un thème assez proche, « Le congrès » d'Ari Folman explore un concept passionnant, où une star dépassée et dans le besoin (Robin Wright, dans son propre rôle) accepte de vendre son image à un studio. Le réalisateur israélien a choisi le dessin animé pour représenter cette société du futur dans laquelle chacun peut prendre l'apparence des autres... et où les acteurs sont devenus la propriété des studios, se pliant ainsi à tous leurs désir de marketing. Un véritable film visionnaire dans sa conscience de l'évolution même du cinéma.
Échapper à la réalité
En dehors de la simple dénonciation de la superficialité de notre société, il s'agissait aussi pour certains des personnages, la réalité est encore trop dure et prédominait donc la volonté de lui échapper.
Dans « Nebraska » d'Alexander Payne, c'est le mirage du gain (il dispose d'un ticket supposé gagnant) qui sert de prétexte pour un voyage entre père et fils. Le petit vieux voit là l'occasion de sortir de sa léthargie et de pour prendre sa revanche sur tous les gens qui ont marquer sa vie, ou l'on blesser... Un joli road-movie au crépuscule d'un vie, récompensé par le Prix d'interprétation masculine pour Bruce Dern.
L'héroïne de « Jeune et jolie » passe elle d'une vie d'adolescente bien rangée à un mode contrasté de rébellion et affirmation de soi et de son plaisir (ou plutôt de l'absence de ce dernier). Nous invitant à une plongée dans la prostitution étudiante, non par besoin, mais par exploration, François Ozon trouble les esprits, à l'aide d'un scénario sans jugements portés sur un personnage qui restera mystérieux jusqu'au bout.
Enfin « Le congrès », par l'auteur de « Valse avec Bachir », pousse son propre principe très loin, l'animation permettant d'imaginer un monde généré par le cerveau de chacun, puisque tous ses personnages prennent des substances novatrices. Une sorte de cinéma mobilisant les 5 sens en permanence, où chacun se construit son propre monde, et sa propre apparence. Cette idée donne une ampleur inattendue au parcours d'une mère à la recherche de son fils, qu'elle pourrait ne même pas reconnaître. La solution : refaire son parcours à lui, en imaginant ses souvenirs depuis sa naissance. Magnifique.
Olivier Bachelard
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