Des personnages volontaire et entêtés, forts dans leur caractère comme leur persistance à courir après leur but, ont marqué cette 66e édition. Mais leurs motivations étaient forcément diverses, d'un amour démesuré à l'espoir d'un avenir meilleur, en passant par la visée d'un succès professionnel.
Par amour
Dès l'ouverture, « Gatsby le magnifique » de Baz Lurhman donnait le ton. Ce personnage flamboyant trouve sa raison de vivre dans l'espoir de retrouver l'être aimé. S'installant de l'autre côté de la baie où vit désormais la jeune femme, il va tout mettre en œuvre pour reconstruire un lien, à force d'inventivité, de fêtes somptueuses et de démonstrations enflammées, ceci jusqu'à la folie. Usant de la parabole magnifique du phare qui brille à distance, ce remake réussit à toucher, et rappelle que si en amour tout est permis, tout relève aussi malheureusement de l'irrationnel et de la chance.
« The immigrant » nous offrait de son côté le beau portrait d'une polonaise débarquant aux États-Unis. Voyant sa sœur emprisonnée lors des contrôles sur Ellis Island, elle va alors tout mettre en œuvre pour la faire libérer. Mais dans la misère ambiante, elle va devoir faire usage de ses atouts, et donc de son physique. Réduite aux pires humiliations, elle utilisera l'affrontement entre deux hommes rivaux en amour pour parvenir à son but. Une douceur empoisonnée et cynique se dégage du personnage interprété par une Marion Cotillard habitée et subtile.
Pour le succès
Si la quête de la réussite est aussi un moteur certains, pour quelques uns leur incapacité à gérer l'approche du succès est frappante. C'est le cas du personnage principal du nouveau film des frères Coen, « Inside Llewyn Davis », récompensé du Grand Prix 2013, dont on suit l'errance et l'apprentissage d'un véritable contact humain, au travers de certains renoncements : son intégrité artistique excessive et son indépendance farouche.
Sarah, elle, sans sentiments, n'hésite pas pas à se marier avec un collègue pour des aspects pratiques, mais aussi pour se sentir comme tout le monde. Mais l'héroïne de « Sarah préfère la course » est un personnage impénétrable, dont le caractère fascine. Cela donnera une déroutante construction d'un parcours professionnel, en négatif d'une quelconque vie privée.
Pour un futur meilleur
Figure plus classique du tout pour le tout, le sujet de l'immigration a toujours le vent en poupe. Parce qu'il s'agit du sujet social par excellence, il a traversé nombre de films présentés cette année, comme « The immigrant » ou la caméra d'or « Ilo Ilo ». Mais c'est dans « La jaula de Oro » que le courage et la persévérance a pris tout son sens. Présenté à Un certain regard, ce film mexicain relate le parcours juché d'obstacles (police, kidnappeurs...) de jeunes espérant se rendre jusqu'aux États-Unis. Un récit d'obstination servi par un casting récompensé d'un prix de groupe. Forcément touchant.
Olivier Bachelard
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