Confrontés à l'aube ou au crépuscule de leurs vies amoureuse, les personnages de Cannes 2013 se sont retrouvé à faire le grand écart entre une nécessaire affirmation de soi prenant des chemins parfois inattendus, et un renoncement nécessaire mais forcément douloureux.
Naissance d'un adulte
L'une des thématiques s'imposant d'évidence lors de cette 67e édition du Festival de Cannes et convoquant une émotion immédiate, fut celle de la naissance de personnages adultes.
La Palme d'or forcément, fait office de chef de file, « La vie d'Adèle » suivant l'évolution d'une lycéenne en prise avec son attirance pour une fille (aux cheveux bleus), et ses premières expériences de la sexualité, la complicité, l'amour passionnel et l'adultère. Une œuvre puissante portée par deux actrices en apesanteur, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, dans laquelle la puissance des émotions et des frustrations explose à l'écran. Autre film de thématique homosexuelle, « Les garçons et Guillaume, à table ! », premier long métrage de Guillaume Gallienne, retrace l'adolescence de l'auteur et sa confrontation avec un entourage qui avait décidé de faire de lui le gay de la famille. Une histoire d'affirmation de soi, drôle et touchante, navigant entre théâtre et scènes de fiction jouant avec les codes notamment des films d'Almodovar et de James Ivory.
« Jeune et Jolie » de François Ozon est à ranger aussi dans la même catégorie, tentant de saisir le portrait d'une étudiante plongeant dans la prostitution, non par besoin ou provocation, mais par goût de la découverte. Une étrange histoire, filmée sur une année, qui doit beaucoup au magnétisme de Marina Vatch. Enfin, du côté d'Un certain regard, le film québécois « Sarah préfère la course » s'attachait aux silences d'une jeune femme se découvrant un plaisir bien plus fort dans sa pratique du sport que dans les choses du sexe. L'affirmation d'une personnalité hors normes, en dehors de tout repère social acceptable, au travers d'un film clinique fascinant.
Vieillissement et amours contrariés
Trois films abordaient cette année, chacun sous un angle différent, la question de l'amour à côté duquel on passe.
Dans « L'inconnu du lac », Alain Guiraudie a sidéré les festivaliers, en décrivant dans le détail un lieu de drague homo en extérieur, analysant avec humour les comportements d'hommes en chaleur, tout en collant par dessus une sordide histoire policière. Mais c'est dans sa peinture d'un homosexuel âgé qui trouve dans la mort un exutoire à ses pulsions inassouvies que le film touche particulièrement.
Avec « The lunchbox », la semaine de la critique s'est offerte une comédie indienne aussi charmante que cruelle, relatant les échanges de courrier et l'amour naissant, entre un homme et une femme, par le biais d'un panier repas délicieusement concocté. Romantique mais réaliste quand à l'issue d'une love story avec un grand écart d'âge, le film a connu un vrai succès. Enfin, la quinzaine des réalisateurs nous a offert « On the job », film philippin, dans lequel un prisonnier âgé, employé sur des assassinats à l'extérieur de l'enceinte de la prison, découvre que sa femme le trompe. Un film policier efficace qui prend le contre-pied de l'impuissance supposée des prisonniers, le vieil tentant de reprendre sa famille en mains.
Olivier Bachelard
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