Éclectique est le premier qualificatif qui vient à l'esprit lorsque l'on jette un coup d'œil rétrospectif à la deuxième sélection d'Edouard Waintrop et son équipe. Celle de 2012 faisait déjà cohabiter beaucoup de genres, celle de 2013 a fait preuve d'une liberté de choix encore plus étendue. Entre films de genres (horreur, policier, thriller psychologique), fresques sociales (immigration clandestine avec "L'Escale" et "Ilo Ilo", conditions de vie méconnues avec "El Verano de los peces voladores" et "Ate ver a luz"), films expérimentaux ("La Danza de la Realidad" et "Le Congrès"), documentaires hommages et comédies débridées, difficile de trouver une séance ressemblant à une autre. On peut même affirmer, que cette année, la Quinzaine des réalisateurs était la seule sélection qui offrait un tel éclectisme. Comme c'est certainement la profusion de comédies lors de cette sélection 2013 qui l'a fait le plus se démarquer des autres sections du festival, revenons sur les films qui nous ont fait nous esclaffer durant ces dix jours.
L'absurde pour rire de tout et surtout de la France
Rarement présent dans les sélections cannoises, deux films assez audacieux et foncièrement décalés de par leur humour faisaient partie de ce cru 2013. Présenté en premier, "Tip-Top" secoue et malmène avec sa séquence d'ouverture dans un bar peuplé de maghrébins où s'amène un flic vociférant à tout va, avec des phrases du genre "Bandes de tapettes bougnoules". On comprend vite, séquences après séquences, que Serge Bozon, à travers ses personnages détraqués (Esther la fonctionnaire de l'IGS ultra rigide et maîtresse sado-maso et Sally, une fliquette un peu simplette placardisée mais frappée d'un voyeurisme compulsif) et ses gags ubuesques (la séance de nécrophilie dans le parc) fait dans l'humour sacrément décalé ! Il faudra se rendre compte qu'au travers des insultes à caractères raciaux, des multiples préjugés et autres blagues de mauvais goût et hors de propos, Serge Bozon tente de bouleverser les non-dits qui gangrènent la relation franco-algérienne.
Un autre film présenté à la Quinzaine des Réalisateurs utilisait un humour retors pour tourner en dérision un autre sujet sérieux et dans l'air du temps. "La fille du 14 juillet" d'Antonin Peretjatko est aussi foutraque, absurde et décousu que "Tip-Top" mais adopte un humour bien moins dérangeant que celui du film de Serge Bozon. Il faut dire que le sujet est largement moins tabou puisque qu'il s'agit de la crise économique et des décisions gouvernementales ici complètement tournées en dérision (Les vacances sont subitement raccourcies d'un mois). Ce sont donc dans ce film les politiques qui sont souvent visées, sans oublier la culture révolutionnaire française. "La fille du 14 juillet" se moque ouvertement d'à peu près tout à travers des personnages complètement barrés comme le docteur Placenta et son petit-fils accoutré de son déguisement "Cafard Kafka".
L'absurde pour rire de tout et surtout de la France
Rarement présent dans les sélections cannoises, deux films assez audacieux et foncièrement décalés de par leur humour faisaient partie de ce cru 2013. Présenté en premier, "Tip-Top" secoue et malmène avec sa séquence d'ouverture dans un bar peuplé de maghrébins où s'amène un flic vociférant à tout va, avec des phrases du genre "Bandes de tapettes bougnoules". On comprend vite, séquences après séquences, que Serge Bozon, à travers ses personnages détraqués (Esther la fonctionnaire de l'IGS ultra rigide et maîtresse sado-maso et Sally, une fliquette un peu simplette placardisée mais frappée d'un voyeurisme compulsif) et ses gags ubuesques (la séance de nécrophilie dans le parc) fait dans l'humour sacrément décalé ! Il faudra se rendre compte qu'au travers des insultes à caractères raciaux, des multiples préjugés et autres blagues de mauvais goût et hors de propos, Serge Bozon tente de bouleverser les non-dits qui gangrènent la relation franco-algérienne.
Un autre film présenté à la Quinzaine des Réalisateurs utilisait un humour retors pour tourner en dérision un autre sujet sérieux et dans l'air du temps. "La fille du 14 juillet" d'Antonin Peretjatko est aussi foutraque, absurde et décousu que "Tip-Top" mais adopte un humour bien moins dérangeant que celui du film de Serge Bozon. Il faut dire que le sujet est largement moins tabou puisque qu'il s'agit de la crise économique et des décisions gouvernementales ici complètement tournées en dérision (Les vacances sont subitement raccourcies d'un mois). Ce sont donc dans ce film les politiques qui sont souvent visées, sans oublier la culture révolutionnaire française. "La fille du 14 juillet" se moque ouvertement d'à peu près tout à travers des personnages complètement barrés comme le docteur Placenta et son petit-fils accoutré de son déguisement "Cafard Kafka".
Jeremy Saulnier traitre lui du désir de vengeance avec son excellent "Blue Ruin". Il prend un malin plaisir à suivre un jeune vagabond dans les affres d'une vengeance personnelle qui le mettra dans des situations bien délicates, dénonçant au passage l'absurdité du cycle sans fin de la revanche. Ainsi la quête de l'arme à feu délicieusement inaboutie en est un bien bel exemple dans le pays de la NRA tout comme l'ironique mais quelque peu attendu retournement de situation final.
L'humour noir et les ruptures de tons pour mettre mal à l'aise
Alors que "Blue Ruin" s'amuse également de son humour noir à la Ben Wheatley ("Touristes !") avec son ultra-violence assumée, le film de Jeremy Saulnier n'en oublie pas son petit côté glaçant. La profusion d'hémoglobine lors de scènes de fusillades froides et réalistes sont autant de moments rappelant l'horreur de la situation.
Dans la sélection de la Quinzaine, un autre réalisateur maniait brillamment les ruptures de ton: Sebastián Silva avec son déroutant "Magic Magic". L'humour de ce teen-movie horrifique ne passe exclusivement que par la personne de Michael Cera qui s'amuse à interpréter une petite tête à claque constamment en train réfléchir à la nouvelle farce qu'il va intenter envers une pauvre jeune américaine se sentant exclue d'un groupe composé de sud-américains. Dans cet univers confiné, le rire se teint d'étrange et l'étrange se teint de rire. Sebastián Silva mène si bien ses alternances de tons qu'il est difficile de discerner le lard du cochon et nous immisce, sans en avoir l'air, dans la psyché paranoïaque et tourmentée de la jeune adolescente américaine…
Alexandre Romanazzi
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