Parmi les événements marquants de cette sélection 2013 de la Quinzaine des Réalisateurs, on peut retenir ces inoubliables séances dédiées à ces réalisateurs ayant laissé une marque indélébile dans le monde du Cinéma. Abus de Ciné vous propose de revenir sur ces grands moments qui ont marqué cette sélection : les hommages aux grands réalisateurs à travers des œuvres très personnelles.
Des séances émouvantes pour de grands cinéastes qui se mettent à nu.
La quinzaine a cette année sélectionné plusieurs documentaires. Hasard ou non, deux de ces films abordaient l'œuvre de deux cinéastes talentueux portant un regard rétrospectif sur leur œuvre, leur carrière et leur vie. Dans "Un Voyageur", le documentariste Marcel Ophuls, à la filmographie bien garnie, se dévoile comme jamais. Il aborde sa relation avec son père Max Ophuls, leur fuite en famille face au régime nazi et revient sur les lieux qui l'on inspiré. Le réalisateur, présent lors de la première, dans un palais Stéphanie bondé, nous annonçait une escapade douce et amère revenant sur sa vie et celle de son père et c'est exactement ce à quoi le public a été réceptif. Il suffit d'être témoins de l'acclamation qu'a reçue Marcel Ophuls à l'issue de la projection. En se dévoilant à travers son documentaire, le réalisateur américain du sol mais français du cœur a véhiculé bien plus que de l'émotion: un réel lien avec ses spectateur.
Autre réalisateur singulier, autre hommage, samedi soir 18 mai avec la soirée dédiée à Alejandro Jodorowski. Le formidable documentaire "Jodorowski's Dune" de Franck Pavich ouvrait le bal faisant office d'alléchant teasing avant la présentation du dernier film du réalisateur franco-chilien après presque vingt-trois ans d'absence. Après avoir rappelé la contribution artistique singulière et folle de Jodorowski au Cinéma à travers des œuvres telles que la "Montagne Sacrée" et "El Topo", "Jodorowski's Dune" nous conte comment le projet pharaonique de l’auteur pour adapter le roman "Dune" de Franck Hebert, monument de la science-fiction, a capoté. À travers les multiples témoignages parfaitement imbriqués des producteurs, designers impliqués dans le projet, Franck Pavich rend compte de toute la fougue passionnelle et irrationnelle du réalisateur ne pouvant contenir sa créativité démesurée. Et lorsque le maître intervient, il bouillonne d'exaltation, même si ce projet a été enterré depuis plus de quinze ans. Son enthousiasme est contagieux et à travers ses tirades enflammées et son accent hispanique chantant, il emporte son audience déçue autant que lui et toute son équipe que ce projet fou n'ait pu voir le jour. À l'issue de ce documentaire, il va sans dire que l'attente était à son comble.
Vingt ans que l'on n'avait pas vu Jodorowski sur le devant de la scène et, moins d'une heure après la séance, l'instigateur du mouvement Panique était sur scène avec son ami Nicolas Winding Refn qui porte la plus grande admiration pour celui-ci. Un tonnerre d'applaudissement retentit pendant plusieurs minutes. Le public lui fait savoir combien ses films lui ont manqué. Ce soir du samedi 18 mai 2013, il revient pour un ultime film, "La Danza de la realidad". Une œuvre personnelle à travers laquelle le réalisateur porte un regard rétrospectif, décalé et surréaliste sur, non pas sa carrière, mais son enfance. Là encore, comme avec Marcel Ophuls, et malgré toute la singularité de cette œuvre-somme, portant à l'écran tous les thèmes chers à Jodo, le cinéaste créa un lien puissant avec l'audience du palais Stéphanie présente pour cette séance d'exception portée par un réalisateur des plus attachants.
On ne peut dire que merci la Quinzaine des réalisateurs pour avoir réussi à créer cette proximité inestimable.
Alexandre Romanazzi
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