©Gebeka Films
Sally Tisiga nous entraîne dans une sombre partie de l’histoire contemporaine du Canada : l’enlèvement des jeunes Indiens par les Blancs pour les éduquer comme eux. Une assimilation forcée qui a aujourd’hui de nombreuses conséquences sur les peuples indigènes du pays…
On se souvient l’an dernier que « Les Chemins de la Liberté » de Phillip Noyce avait ouvert les yeux du monde sur une partie obscure de l’histoire australienne. Aujourd’hui c’est un documentaire orienté sur le Canada qui aborde à nouveau la question méconnue et encore taboue des génocides moraux et culturels par acculturation forcée. Grâce à Sally Tisiga (et en partie à travers sa propre histoire), les deux réalisatrices nous livre un documentaire indispensable qui ne se veut pas réducteur. Le film a en effet beau parler précisément du sort des communautés indiennes au Canada, il n’en oublie pas de semer par-ci par-là des questions beaucoup plus étendues : le phénomène ne perdure-t-il pas aujourd’hui à travers le monde sous des formes encore plus sournoises ?
Si l’on craint au départ une sorte de thérapie personnelle de Sally, on est vite rassuré par l’ampleur du propos et la forme que prend le film. La réalisation parvient à glisser des aspects esthétiques non négligeables pour l’appréciation du spectateur, glissant ça et là des séquences pseudo-expérimentales (qui ont parfois tendance à rappeler un certain « Tarnation ») et des influences jubilatoires relevant plus du genre du clip (rarement on n’avait eu de si belle BO dans un docu !). L’enchevêtrement d’images du présent parfois décolorées voire jaunies et d’images d’archive font résonner et vibrer des persistances de mémoire, comme si le phénomène réel avait contaminé le film dans sa forme. Les blessures continuent… « Les Indiens se sont mis à douter » dit l’un d’entre eux pour expliquer les ravages de cette Histoire récente sur son peuple. Nous, devant ce film, ne pouvons douter de la véracité des propos malgré les flous dont il est parsemé (d’où viennent les images d’archive ? y a-t-il des reconstitutions parmi elles ? etc). Il faut bien nous rendre à l’évidence : l’idée d’une culture commune au monde entier est bien une dangereuse et stupide utopie !
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