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Un écrivain en mal d’inspiration infiltre la vie d’une journaliste star de la télé et de sa fille danseuse étoile pour écrire à leur insu une biographie non autorisée. Pendant ce temps, en Bretagne, un garçon de 20 ans, Bruno, qui habite avec ses parents, ne sait pas encore les conséquences que toute cette histoire va avoir sur son existence…
Pour son troisième long-métrage, Thierry Klifa revient avec « Les Yeux de sa mère », composé à quatre mains avec Christopher Thompson. Mathieu est un jeune écrivain qui dépeint, dans le mensonge, la vie des autres. Ici, c’est celle de Lena Weber, une journaliste célèbre du monde de la télévision, qu’il doit rendre publique et ainsi révéler les détails croustillants de sa vie personnelle et professionnelle. Personnage central du film, Mathieu va faire éclater au grand jour les secrets d’une famille qui vit depuis longtemps dans le mensonge. Mais au fur et à mesure que les masques tombent, lui devient vulnérable. La distance prise au début de l’aventure n’est plus la même et lui aussi se retrouve piégé par ses propres sentiments. « Tel est pris qui croyait prendre » nous dirait La Fontaine.
De par son contexte, ce film oppose différents milieux. De l’Espagne à la Bretagne en passant par Paris, le contraste est fort. La réalité parisienne qui tranche avec l’immensité des paysages de l’Ouest de la France, renforce le caractère des personnages. Dans ces décors éloignés, les relations humaines étudiées font remonter une réalité psychologique authentique et complexe.
« Faut pas mourir avec les morts » nous livre le personnage du père de Mathieu. Ce dernier a compris que son fils vivait en sursis depuis la mort de sa mère. Aujourd’hui, c’est son mal-être vis-à-vis de sa propre histoire qui le pousse à interférer dans celle des autres. Sur trois générations, Thierry Klifa étudie ainsi l’évolution de relations familiales compliquées. Le lien mère-fille, jouées par Catherine Deneuve et Géraldine Pailhas, nous étonne par la violence de ses silences. La distance qui les sépare l’une de l’autre s’exprime plutôt bien à l’écran. On se laisse toucher par leur blessure et les dédales de leur amour oublié. Des mensonges, des non-dits et de la souffrance, tout y est pour que le drame psychologique soit gagnant.
Mais jusqu’où peut-on aller dans le mélodrame ? « La limite serait celle du ridicule » nous confie le réalisateur et on ne peut pas le contredire. Car c’est peut être cela qui pêche un peu à la fin du film. Alors qu’il y a une certaine cohérence et une sincérité, voilà que l’on s’encombre de la « scène de trop ». L’ensemble tient assez bien la route mais on perd subitement l’équilibre. Il suffit d’une scène où Marina Fois exprime ses sentiments de façon un peu trop exagérée, et nous voilà out. Toucher juste est une tâche bien difficile.
Finalement, « Les Yeux de sa Mère » est un mélodrame sur la famille et les non-dits, où les codes de ce genre sont pleinement assumés par son réalisateur. Un film qui pourra aussi bien émouvoir les uns qu’agacer les autres. A vous de voir.
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