© Warner Bros. France
Angèle, femme libérée des années 20, veut devenir vétérinaire mais son père s'y refuse et ne pense qu'à son futur mariage avec son promis, un ami de la famille, riche industriel dans sa région d’origine. Alors qu’elle s’écrase en avion dans les cimes des montagnes alpines, elle est recueillie par un simple d’esprit amoureux des loups. Tous deux chercheront à protéger ces animaux de la folie meurtrière des hommes…
Dans un élan de grand spectacle, le réalisateur de « Malabar Princess » a délibérément choisi une trame romanesque située dans un décor montagneux superbe, sur fond d’Histoire d'après guerre et de chasse à l’animal le plus légendaire qui soit, le loup. Des ingrédients de premier choix pour faire d’un film régional, un grand événement populaire ciblant le public de 7 à 77 ans. Mais sera-ce un succès pour autant ? La réponse n’est pas évidente.
Le public qui chérit les grands téléfilms français du mardi soir sur France 2 trouvera son bonheur avec ce « Malabar Princess 2 », film hautement militant pour la préservation de la couche d’ozone et l’émancipation de la femme. En revanche, le spectateur à l’affût d’un film qui change des publicités pour l’eau Qué sapélerio Quezak et le shampoing Herbal aux plantes, en aura pour ses frais.
En effet, pendant 1 h 50, Gilles Legrand nous refait le coup du film sur la fille prédestinée à un homme qu’elle ne désire pas, elle qui n’aime qu’une seule personne : elle-même, ah non, il y a aussi le grand dadais d’Ugolin, euh Guiseppe, perché sur sa montagne, pauvrette de Manon, euh Angèle, qu’elle est ! Un comble, pour cette jeune fille en avance sur son temps (et qui se dit moderne) de se voir désirer un homme des bois, reclus dans une tanière qui sent bon l’autre temps, alors qu’elle pourrait, dans les bras de son promis (un riche industriel, visionnaire de son état et malin en affaire) envisager les plus grandes carrières qui soient et se confronter au monde moderne qu’elle rêve de toucher.
Mais non, la belle et sa bête envisagent de sauver les loups menacés à cause d’elle, les gens du village se vengeant sur eux, croyant la pauvrette dévorée par ces derniers(sic). Mais quand elle retourne enfin au village, elle ne tente même pas d’empêcher les chasseurs de poser leurs pièges (re-sic). L’homme machiavélique triomphe donc de la Nature parce qu’à cette époque, l’espèce humaine ne se souciait guère de l’écosystème dans lequel il vivait… clap de fin.
Entre temps, on aura eu droit aux pires décors jamais vus dans une superproduction savoyarde (la cabane de Guiseppe et les belles images de montagnes collées sur le fameux fond bleu) et à trois ou quatre plans de Laetitia Casta à poil (de loup). Ce n’est pas encore avec ce film que le célèbre mannequin pourra se targuer d’une réputation de bonne comédienne. Quoi que, ce n’est pas tant qu’elle joue mal la comédie (enfin si un peu quand même), c’est surtout qu’elle dégage peu de choses, aucune vraie émotion.
A ses côtés, les solides Accorsi, Rouve, Chesnais et Galabru parviennent parfaitement à camper des personnages bien écrits. Car le point fort du film, c’est finalement ses protagonistes : les hommes avec leurs caractères bien trempés, leurs tics et manies bien joués. Et puis enfin il y a les vraies stars du film : les loups. Ils sont tout simplement extraordinaires. Et leur histoire est amplement plus intéressante que celle d’Angèle qui se demande bien qui est le père de Guiseppe. Les loups dévorent tout sur leur passage et transforment le film en conte, en mythe, en légende… et la magie à ce moment-là opère enfin…
Gilles Legrand, aveuglé par la beauté de la Casta, n’a pas vu que la star de son film n’était pas celle qu’il croyait…
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