affiche film

© Sophie Dulac Distribution

JE SUIS UN NO MAN’S LAND


un film de Thierry Jousse

avec : Philippe Katerine, Julie Depardieu, Aurore Clément, Jackie Berroyer...

Philippe, chanteur, est en tournĂ©e dans la rĂ©gion oĂč il a grandi. À la fin du concert, il se fait alpaguer par une groupie totalement allumĂ©e qui use de tous les stratagĂšmes pour l’attirer chez elle. Se sentant piĂ©gĂ©, celui-ci s’enfuit dans la forĂȘt oĂč il erre toute la nuit. Au petit matin, il aperçoit enfin une ferme, celle de ses parents, qu’il n’a pas vus depuis cinq ans...


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Photo film

Original, Ă©mouvant et sincĂšre

Musicien extraverti au costume aluminium, le personnage principal semble, au premier abord, incarner l’image publique de Philippe Katerine lui mĂȘme. Ce doux-dingue un peu guindĂ©, au look savamment nĂ©gligĂ©, soucieux d’ĂȘtre en perpĂ©tuel dĂ©calage avec les convenances artistiques de son Ă©poque.. Or les apparences sont souvent trompeuses et notre hĂ©ros n’est autre qu’un homme, un vrai
 pas un tatouĂ©, mais un humain Ă©prouvant des sentiments comme tout un chacun.

Le dĂ©but du film, plutĂŽt cocasse, piĂšge notre Philippe dans une bien Ă©trange malĂ©diction. Voulant Ă©chapper aux griffes d’une fan fatale, le voici bloquĂ© dans le village de son enfance oĂč le temps paraĂźt figĂ©. AffublĂ© de ses vĂȘtement d’adolescent, il part faire les commissions, s’arrĂȘte au cafĂ© du coin pour jouer au baby-foot, et lorsqu’il tente de rejoindre ses musiciens, l’Ami 8 CitroĂ«n de son pĂšre le ramĂšne inextricablement sur la place du village, Ă  la maniĂšre d’un ballon blanc dans “le Prisonnier”.

Ce contexte extravagant une fois Ă©tabli, devient alors le dĂ©cor d’une ?uvre sensible et touchante. Philippe, sans effusion, ni agacement, rĂ©-intĂšgre la vie de ses parents. Il les dĂ©couvre tendres et pudiques, juste heureux de le retrouver. Quand lui s’excuse Ă  demi mot de ne jamais venir les voir, sa mĂšre le dĂ©culpabilise: « je n’ai pas besoin de toi mon petit Philippe, je suis bien avec ton pĂšre ». Nous voilĂ  alors portĂ©s par une Ă©lĂ©gante introspection soulignĂ©e de scĂšnes toutes simples qui sonnent admirablement juste. Que d’émotions sont ainsi joliment Ă©voquĂ©es alors que la mĂšre coupe les cheveux de son fils
 puis plus tard, quand celui-ci se rĂ©fugie dans une meule de foin pour pleurer. Des instants volĂ©s qui rĂ©vĂšlent une sincĂšre rĂ©flexion sur les sentiments humains.

Bien Ă©crit, le film offre de trĂšs beaux rĂŽles Ă  ses interprĂštes. Philippe Katerine, vous surprendra par son naturel totalement dĂ©nuĂ© d’excentricitĂ©s. Julie Depardieu ancre intelligemment son personnage dans la rĂ©alitĂ© alors que celui-ci est des plus Ă©nigmatiques. Judith Chemla (la timide shampouineuse de “De vrais mensonges”) promet une belle carriĂšre en campant ici une groupie totalement dĂ©jantĂ©e. Enfin Jackie Berroyer et Aurore ClĂ©ment sont tout simplement magnifiques dans les rĂŽles des parents. Leurs jeux subtils et sensibles se conjuguent Ă  merveille et dĂ©gagent une puissante Ă©motion.

“Je suis un no man’s land” est de ces films qui commence timidement pour petit Ă  petit prendre une belle envergure. EntrecoupĂ© de-ci de-lĂ  par quelques scĂšnes purement oniriques, le rĂ©cit se joue des codes tout en respectant une trame profondĂ©ment humaine. Le mĂ©lange des genres, souvent pĂ©rilleux, est ici savamment dosĂ©, rĂ©vĂ©lant ainsi une bien jolie figure de style !

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