© Pathé Distribution
Julien approche de ses 18 ans mais son handicap (il vit en fauteuil roulant) empêche ses parents de le considérer comme l'ado presque adulte qu'il est déjà. Alors qu'il rêve de sensations fortes et de se rapprocher de Paul, son père, solitaire et fuyant, il lui demande de concourir avec lui pour l'IronMan de Nice, un triathlon de légende, extrêmement difficile que Paul a déjà réalisé dans sa jeunesse. Ce défi incroyable va aider le père et le fils à se rapprocher, et au-delà, à exorciser le tabou du handicap qui paralysait cette famille toute entière…
Inspiré d'une histoire vraie (celle de Dick Hoyt, et son fils Rick, infirme moteur cérébral, qui courent ensemble), le film utilise cette épopée extraordinaire pour imaginer les bénéfices collatéraux que cela peut avoir sur un père et son fils distants l'un de l'autre. Après avoir réalisé un documentaire au sein du service neurologie de l'Hôpital Necker, Nils Tavernier avait aussi envie de montrer toute l'énergie que possèdent parfois les enfants qui souffrent de pathologies lourdes, une énergie qui rayonne sur leur entourage. Et c'est le cas de Fabien Héraud, qui interprète Julien. Lui-même infirme moteur cérébral, il illumine totalement le film. Ce comédien débutant s'en sort à merveille et joue avec un naturel désarmant. D'ailleurs, la force de l'histoire et son aisance devant la caméra font vite passer sa différence au second plan.
À ses côtés, Jacques Gamblin est, comme toujours, parfait en père démissionnaire, maladroit et dépassé par les attentes de son fils et les reproches de sa femme. Alexandra Lamy, toute en retenue, incarne Claire, la mère étouffante de Julien qui, inconsciemment, refuse de le voir grandir. Utilisant son handicap comme une excuse, elle le maintient à l'état de petit enfant, totalement dépendant d'elle. Finalement, c'est Julien qui va prendre son avenir en main et forcer le destin en poussant son père à accepter sa demande. L'IronMan devient alors une sorte de rite de passage vers l'âge adulte pour Julien, porté littéralement par son père. Cette course sera aussi l'occasion pour ses parents de découvrir que leur fils possède toute l'énergie qu'ils pensaient, eux, ne plus avoir pour construire quelque chose ensemble.
Plus impressionnant sur le fond que sur la forme, "De toutes nos forces" déçoit parfois par son côté très prévisible et raconté, on a l'impression de connaître d'emblée l'aventure de ses deux-là. Heureusement, le récit ne tombe jamais dans le pathos. La mise en scène reste classique certes, mais il y a un contraste intéressant utilisé par Nils Tavernier. Il confine les scènes de tension et d'incompréhension dans le chalet pour nous faire ressentir l'impasse dans laquelle se trouve la famille de Julien, puis place en extérieur, dans un paysage de montagne ultra ouvert, les scènes où se déroulent les actions-clés, celles où le dialogue semble enfin possible.
Finalement, pour apprécier pleinement "De toutes nos forces", il faut y aller avec l'envie de voir simplement une belle histoire, ne pas s'attendre à de grands rebondissements ou de gros éclats de rire et prévoir quelques mouchoirs en poche. Un registre sentimental totalement assumé par Nils Tavernier, qui nous livre un film solaire sur l'amour familial, la discrimination liée au handicap et, plus universel, la relation parents-enfant, en s'attardant particulièrement sur le rôle et la place des pères… Donc, à découvrir aussi pour son côté thérapeutique !
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