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C'est un jour particulier d'été pour une petite famille ardéchoise. Le fils aîné sort de prison. Son benjamin se rend au pénitencier pour le ramener au foyer mais, au lieu de passer par la route avec sa voiture, celui-ci empreinte la voie ferrée, une ligne qui n'est presque plus utilisée depuis la fermeture de l'usine de son village où leur père travaillait...
Pour son premier long-métrage, Nassim Amaouche choisit de séjourner au fin fond de l'Ardèche et de poser ses caméras dans un village en voie de disparition, déserté à cause de la délocalisation récente d'une usine de production. Première bonne idée du réalisateur qui trouve là un décor idéal pour faire de "Adieu Gary" un vrai film de genre : un western à la française !
On s'amuse, alors, à repérer tous les codes du genre : les rails de chemin de fer et son train, les plaines désertiques et leur poussière soulevée par le vent, les chapeaux de cow-boy, le saloon, sans oublier le Gary du tire du film, en référence à Gary Cooper qui a notamment joué dans "Le train sifflera trois fois".
Ambiance far-west donc pour un film qui se veut également social. On y parle, en effet, délocalisation, insertion après sortie de prison ; on valorise la mixité (Jean-Pierre Bacri est père de deux garçons maghrébins) ; et on se laisse envoûter par les très belles musiques arabes. Les liens familiaux intéressent, enfin, beaucoup Nassim Amaouche qui traite notamment des difficultés de communication entre un père et son fils et qui évoque les pères disparus, les couples recomposés et les autres qui n'aspirent qu'au bonheur. Gageons toutefois, après ce premier film, qu'il trouvera un projet plus dense et qui ne nous laissera pas autant sur le carreau. On regrette, en effet, que "Adieu Gary" ne gratte pas davantage ses thèmes abordés. Dommage mais pas grave, grâce à ce vrai amour du cinéaste à partager avec le spectateur ! De quoi nous motiver pour découvrir la suite de sa carrière.
En effet, entre hommage au cinéma de genre, alternance entre comédie et film d'auteur, on sent l'envie profonde de Nassim Amaouche de faire partager son amour pour le cinéma. Son film résonne comme la promesse d'une grande histoire d'amour entre le 7e art, le réalisateur et son public, qu'il saura trouver, à coup sûr.
Un petit mot enfin sur le casting bien choisi du film. Outre Jean-Pierre Bacri, sobre, moins grincheux qu'à l'habitude et plutôt nature comme on l'aime, notons les présences réjouissantes, et trop rares dans le cinéma français, de Dominique Reymond et Sabrina Ouazani, vraie révélation de "L'esquive" qui l'emporte à chacune de ses apparitions. Mais c'est Yasmine Belmadi qui retient aujourd'hui l'attention, du fait de sa disparition accidentelle quelques jours avant la sortie du film. Dans "Adieu Gary", il est une nouvelle fois extraordinaire de sincérité, de vérité et de justesse. Il manquera beaucoup au cinéma français. Adieu Yasmine.
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