SÉRIE

GUNDAM SEED

GUNDAM SEED

(Kidô Senshi Gundam)

série créée par Mitsuo Fukuda

avec

PREMIÈRE DIFFUSION: 1979 DIFFUSÉE SUR: MCM SITE OFFICIEL

Si, comme nombre d’entre nous, vous vous êtes penché ces dernières années sur la déferlante des productions de films d’animations nippons débarqués sur le sol français, aurez-vous sans doute en tête des noms de héros comme San Mononoke, Mokoto Kusanagi, Kaneda ou bien encore Totoro. Et pourtant, ce serait passer à côté de ce que générations de japonais considère comme LE héros suprême : Gundam.



« Vole vers le pays des fromages qui pue, Gundam ! » (les fans comprendront …)


Robot gigantesque, les aventures de ce dernier, contées depuis plus de vingt ans à travers presque autant de séries, films ou OAV, représentent un succès sans précédent. On peut même parler de phénomène de société puisque certains termes propres à Gundam font désormais partie du langage populaire japonais !

Débutant en 1979 avec une première série intitulée Kidô Senshi Gundam, tout commence par un conflit futuriste éclatant entre une Terre surpeuplée et ses colonies spatiales, conçues pour désengorger cette affluence, qui se déclarent indépendantes … Ce combat marque alors le début d’une véritable saga spatiale, développée au cours de séries tel que Zeta Gundam, Gundam ZZ, Gundam Wing ou bien encore Turn A Gundam (et j’en passe …)

Mais rassurez-vous, il n’est pas pour autant nécessaire d’avoir vu celles-ci pour aborder Mobile Suit Gundam Seed, dernière série du nom à être débarquée en France. Sans rapports véritables avec les événements précédents (si ce n’est en clin d’œil), c’est une toute nouvelle histoire qui commence …

Jeune étudiant, Kira Yamato, coule des jours paisibles sur la colonie neutre d’Heliopolis. Neutre ? Finalement pas tant que ça car dans le plus grand secret, l’Alliance terrestre y met au point des armes révolutionnaires (sous la forme de robots gigantesques appelés Mobile Suit) dans le but d’annihiler Zaft, son ennemi héréditaire. Mais il y eut des fuites et Zaft prépare déjà une attaque pour s’emparer des puissants robots. Tombé au beau milieu de celle-ci, Kira se retrouve alors involontairement aux commandes d’un de ces M.S. dont il se révèle un pilote exemplaire !

Mais tout ça n’est pas un hasard, car comme il l’apprendra par la suite, il n’est pas un humain normal mais un Coordinateur, humain génétiquement amélioré. L’ennui, c’est que cette différence est la véritable cause de cette guerre qui oppose en premier lieu Naturels (de l’Alliance Terresttre) et Coordinateurs (de Zaft.) Toutefois, l’adolescent se retrouve du côté de l’Alliance, ce qui aura fort à déplaire à Asran, son ami d’enfance, lui aussi Coordinateurs, devenu soldat de Zaft.

Certes, si Kira et ses amis sont enrôlés dans le conflit, tout ceci n’est que provisoire. En effet, ayant embarqué sur l’Archangel, ce vaisseau est avant tout chargé de rejoindre la Terre où ces jeunes gens retrouveront leur liberté en toute sécurité. Mais Zaft, et son inquiétant capitaine Raw Le Creuset ne voit pas l’avenir du même œil …

Ce qui frappe dès les premières minutes de cette série, c’est la symbiose surprenante entre réalisation, scénario et musique, créant une tension qui sait captiver son public. Et ce jusqu’à la conclusion de cette série ! Autant dire que voir le premier épisode de Gundam Seed ne modifiera peut être pas votre vie, mais la tentation de poursuivre l’aventure sera grande. Et dès lors, prenez garde ! Car vous pourriez très bien vous retrouvez au terme du cinquantième et dernier épisode en train de chanter le générique de fin dans votre fidèle costume des forces terriennes !!

Certes la réalisation s’essouffle parfois et essaie de cacher ses maladresses derrières des effets de styles qui la rendent d’autant plus kitch. Ainsi, parvenant difficilement à représenter les rapports entre les robots, ceux qui les pilotent et les dialogues entendus, le réalisateur Mitsuo Fukuda n’opte que trop souvent pour l’écran « splité » qui, dans certains cas extrême, réunit les têtes de près de 5 protagonistes différents sur une image, qui en perd alors tout son intérêt. Mais plus folklorique que hideux, ceci participe d’une certaine façon au charme de la série …

… ce qui n’est pas le cas des défauts concernant l’animation. Assez pauvre pour une grosse production, celle-ci en est parfois ridicule. En effet, outre les reprises de plans (comme certaines attaques des Mobile Suit) qui évitent une belle masse de dessins supplémentaires, les mouvements des personnages se limitent fréquemment à un simple déplacement à la linéarité douteuse (dont on comprend bien vite qu’elle est dirigée par ordinateur), supposée causée par l’apesanteur spatiale dans laquelle s’effectuent ceux-ci. Elle a bon dos l’apesanteur ! D’autant que d’une pièce à l’autre, les personnages pourront voler dans les airs puis courir les pieds fermement sur le sol.

Mais il ne faut pas être trop regardant sur les aberrations scientifiques dont regorge cette série, car ici, nous sommes dans du pure space-opera. D’ailleurs, comme beaucoup le disent, la saga Gundam c’est un peu le Star Wars du Japon. Mais comme ce dernier, il s’entoure de toute une mythologie qu’il est finalement difficile de faire évoluer. En effet, imaginez de nouveaux épisodes de Star Wars qui n’auraient pas été écrit ou même supervisé par George Lucas. On crierait au scandale avant même que le projet n’ait vu le jour !

Et bien Gundam Seed rencontre le même genre de problème. Difficile en effet de changer le design du célèbre robot, puisque le succès de la série et surtout la vente de produits dérivés repose essentiellement sur ce dernier. Résultat : le Gundam « Strike » (rebaptisé ainsi par Kira) affiche un design incroyablement archaïque, notamment à côté du très réussi Archangel.

Certes malgré de nombreux défauts, cette série n’en reste pas moins une très bonne production, agréable à suivre grâce à un scénario très intelligent. Mais on en attendait pas moins de la Sunrise (studio d’animation) et de Bandai (responsable des produits dérivés), tous deux producteurs des différentes aventures du gros robot depuis ses débuts à l’écran, qui ont toujours su s’entourer de scénaristes particulièrement talentueux. Et cette fois, c’est à Chiaki Murosawa qu’est revenu là lourde tâche d’écrire cet opus.

Décrivant une guerre qui oppose deux camps bien définis, le récit se développe tant dans l’un que l’autre. Ce stratagème habile permet alors des effets de suspense et de tension constants. Mais au-delà, il permet une description psychologique très intéressante des personnages, chacun dévoilant les raisons qui le poussent à se battre. Loin de tout manichéisme, aucun camp n’est ainsi présenté comme bon, juste ou légitime car la plupart se batte pour mettre fin aux hostilités. Et dépeintes avec réalisme et une maturité rare, ces dernières recèlent tout ce qui se fait de pire chez l’être humain …

Génocide, trahison, coup d’état, manipulation, prise d’otage, vendetta … Après un début innocent, le scénario de Gundam Seed ne cesse de s’assombrir d’autant que la focalisation sur les personnages est suffisamment travaillée pour que le spectateur ressente leur désespoir lié à leur sentiment d’incapacité. Car s’il y a une question que pose la série, c’est bien celle-ci : « Aussi grand soit notre pouvoir, pouvons-nous vraiment changer les choses ? » Le point de vue de Murosawa est loin d’être évident et sera vous tenir en haleine tout au long de la série, d’autant que les conclusions d’épisodes sont souvent remarquables et, comme dit précédemment, incite à suivre la suite du récit.

Après Ghost in the Shell - Stand Alone Complex, MCM nous fait donc à nouveau partager une référence cultissime de l’animation japonaise. Et cela semble marcher ! Diffusée depuis le 13 août 2005, la série a déjà entamé une troisième diffusion, ce qui n’était pas prévu. Un succès tel que l’on image déjà la suite, Gundam Seed Destiny, débarquer en France dans les plus brefs délais. Affaire à suivre donc …

Olivier Blondeau
Partager cet article sur Facebook Twitter