SÉRIE

FRINGE

FRINGE

série créée par J.J. Abrams

avec Anna Torv, John Noble, Joshua Jackson, Jasika Nicole, Lance Reddick, Blair Brown…

PREMIÈRE DIFFUSION: 2008 DIFFUSÉE SUR: TF1 SITE OFFICIEL

Après Alias et Lost, Fringe est la nouvelle série qui rend accro du talentueux J.J. Abrams.
Très proche d’Alias dans les lignes conductrices du scénario, Fringe prend un virage de plus en plus marqué vers l’univers de Lost au fil des saisons. J.J. Abrams s’exprime dans cette série avec toutes les influences de ses projets précédents et ne s’en cache pas. Après avoir suivi assidûment Alias, puis Lost, les débuts de Fringe peuvent laisser perplexe. La série ne semble pas parvenir à trouver sa propre identité dans les premiers épisodes et les personnages nous apparaissent désespérément froids et lisses.
Mais Fringe réserve des surprises, et de taille…



Quand Alias rencontre Lost


Fringe, c’est d’abord un agent du FBI, Olivia Dunham, qui travaille sur des affaires on-ne-peut-plus banales avec ses deux collègues, John Scott et Charlie Francis, sous la direction de l’agent Broyles. Un jour, lors d’une mission beaucoup moins banale et beaucoup plus surnaturelle que les précédentes, John, qui est bien plus qu’un simple collègue pour Olivia, est mortellement touché. Pour résoudre cette enquête qui relève plus de la science paranormale que du cartésianisme propre au FBI, Broyles fait appel au docteur Walter Bishop, éminent scientifique, enfermé à l’asile depuis plusieurs dizaines d’années pour démence. Comme ce dernier présente quelques troubles du comportement liés à son retour à la liberté, il fait aussi appel à son fils, Peter Bishop, pour canaliser les élans folkloriques du docteur Frankenstein. Il va lui falloir renouer le contact avec son père qu’il avait perdu de vue depuis qu’il voyage aux quatre coins du monde pour faire tourner son petit business, plus ou moins légalement. Peter Bishop est aussi un ancien du MIT, il raisonne avec logique, il est pragmatique et excelle tout autant en mécanique qu’en langues étrangères. C’est un touche à tout, débrouillard et en plus, terriblement sexy !
Ce trio, formé par Olivia, Walter et Peter, va se voir confier la délicate mission de résoudre toutes ces affaires classées surnaturelles, ces affaires où des expériences scientifiques qui ont mal tourné doivent rester secrètes et où les armes utilisées comme moyen de pression n’ont rien à voir avec celles qu’ils avaient l’habitude de voir jusqu’à présent.
Une nouvelle division du FBI est née : la Fringe division.

La patte de J.J. Abrams est identifiable dès l’épisode pilote. Chaque épisode suit le même schéma, comme dans Alias. Ouverture sur une scène où quelques méchants magouillent une quelconque attaque terroriste (comme dans Alias), les agents de la Fringe division sont avertis et débarquent sur les lieux de l’incident. Chaque changement de lieu est annoncé par du texte qui s’affiche à l’écran. Il précise le bâtiment, le quartier, l’état, le pays dans lequel on se trouve (comme dans Alias). Après moultes recherches, entre terrain avec Olivia et Peter, et labo avec Walter et son assistante Astrid (ou Aspirine / Astérix, selon l’humeur de Walter), l’enquête se boucle à la fin de l’épisode et tout le monde rentre chez soi, en sachant que la nuit sera sûrement courte avant un nouvel appel de Broyles (comme dans Alias). Bref, l’influence d’Alias et de ses enquêtes menées par une jeune femme à la tête d’une équipe d’hommes est bel et bien là. On retrouve d’ailleurs certains acteurs d’Alias (et de Lost) avec plaisir, comme le fameux McGyver de l’électronique, Marshall Flinkman, qui fait une apparition dans la saison 3.

La première saison se résume donc à ces enquêtes d’un épisode, les relations entre les personnages ne sont pas vraiment abordées, tout se passe côté vie professionnelle, même si certains regards semblent plutôt équivoques entre Olivia et Peter. Et il est vrai que cet aspect volontairement froid, inaccessible, inexpressif, presque déshumanisé des personnages est très frustrant. Cette première saison est dure, aucun sentiment, aucun écart n’est permis.
Mais Fringe est pensée sur le long terme. A ce stade de la diffusion (début de la saison 3 aux Etats-Unis en 2010), on comprend que la première saison sert de pilier pour la suite. La répétition du schéma des épisodes met en place l’effet de surprise, prépare le spectateur pour la suite des évènements. Il était nécessaire de situer l’action, d’explorer tous les cas traités par la Fringe division et de mettre en place des bases solides sur les personnalités individuelles de chaque personnage avant d’évoquer les relations entre eux. La saison 1 se termine sur un cliffhanger, au même titre que chaque saison d’Alias. Une fin qui coupe le souffle, complètement inattendue, qui amène à la comparaison avec l’autre série à succès de J.J. Abrams : Lost.

Car l’évènement de cette fin de saison, le sujet principal de la saison 2, c’est la découverte de l’existence d’un monde parallèle. Un monde exactement comme celui dans lequel nous vivons, une Terre bis en quelque sorte, mais où les évènements ne se sont pas déroulés comme dans notre univers. L’histoire n’est pas la même, les détails qui ont construit cet univers parallèle le rendent totalement différent du notre.

Et ce que l’on découvre en premier, comme pour marquer le coup - surtout pour un habitant américain - c’est que les attentats du 11 septembre n’ont pas eu lieu. Les twin towers sont toujours là. C’est l’élément choisi par les scénaristes pour symboliser cette différence entre les deux mondes et c’est un symbole extrêmement fort.
Dans ce monde parallèle, la technologie est plus avancée. L’électronique est partout à tel point que la jeune génération ne sait plus ce qu’est un stylo, que ce sont devenus des objets rares et vintage, au même titre que nos machines à écrire. La machine à écrire. C’est l’objet qui lie les deux mondes. Car il est effectivement possible de passer d’un monde à l’autre, et de rencontrer son alter-ego. Dans l’autre monde, la Fringe division existe aussi, tout comme chaque être humain de notre monde. Il se peut même que certaines personnes, mortes dans notre monde, ne le soient pas dans l’univers parallèle et vice-versa. Malheureusement, ceux qui se servent de la machine à écrire cachée dans l’arrière boutique d’un vendeur d’antiquités, ont une mission à effectuer chez nous. Une mission pour l’instant encore inconnue mais pas franchement rassurante. Ils sont sans pitié et prêts à tout pour arriver à leur fin.

Nous voilà donc encore en train de réfléchir à une théorie selon laquelle il existe plusieurs mondes parallèles. Lequel est le vrai ? Y a-t-il une seule réalité, comment nos actes peuvent-ils influencer le cours de notre vie ? Comment cela aurait-il pu, ou dû se passer ? Autant de questions que Lost avait laissé en suspend et que Fringe réinterprète. De même que dans Lost, la question des expériences scientifiques sur les animaux et l’homme, la question des repères spatio-temporels et des personnes traversant ces univers sont aussi abordées. L’exemple le plus frappant c’est sans doute le personnage de Richard dans Lost, l’homme qui traverse les époques et ne vieillit jamais, que l’on retrouve dans Fringe sous la forme d’ «observateurs », des hommes chauves en costume qui apparaissent à différents endroits et différentes époques en ayant toujours la même apparence.

C’est dans cette seconde saison que Fringe va se trouver, va développer sa propre mythologie et s’intéresser à des éléments hors « enquête du jour ». Les personnages vont évoluer, notamment Peter Bishop, qui va prendre de l’importance et tisser des liens plus fort avec son père, ainsi qu’avec Olivia. Les personnages confient leurs états d’âme, ouvrent leurs portes et leurs cœurs. Et cela nous ouvre pleins de perspectives, de plus en plus intéressantes, avec la saison 3. Les deux mondes sont, plus que jamais, au centre de la série. Le spectateur assiste tantôt aux enquêtes de la Fringe division que l’on connaissait depuis le début, tantôt à celles de la Fringe division de l’univers parallèle. Chaque épisode se concentre sur l’un des deux mondes, généralement tour à tour. Les scénaristes s’amusent à jongler entre ces univers, ces personnages, mais n’oublient jamais de nous situer en déclinant le générique de la série pour annoncer les épisodes se déroulant dans l’univers parallèle. Cette troisième saison, à cheval entre les deux mondes, semble très bien partie et nous tient en haleine à chaque épisode. Fringe est une des rares séries, sinon la seule, qui s’améliore de façon considérable au cours des saisons au lieu de se perdre dans des extravagances de scénario, comme cela arrive malheureusement trop souvent dans l’évolution des séries télé.

Dans Alias, il y avait des infiltrations, des espions, des déguisements et une Prophétie.
Dans Lost, il y avait des voyages spatio-temporels, des mises en quarantaine, des savants fous et les Autres.
Dans Fringe, il y a aussi tout ça, mais en plus, il y a Joshua Jackson !

Marlène Coste
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