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Leslie NIELSEN

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Y A-T-IL UN ACTEUR POUR NOUS FAIRE RIRE ? : LESLIE NIELSEN (1926-2010)

Il est des acteurs dont l’image restera associée à un genre pour toujours. Tout comme Schwarzenegger pour l’action musclée ou encore Rocco Siffredi pour le porno avec pratique interdite dans certains états du sud des USA, Leslie Nielsen sera à jamais associé à la comédie pure et dure, la comédie potache et référentielle née dans les années 80 avec les ZAZ (pour David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker, le trio ayant inventé ce genre comique).

Né au Canada en 1926, Leslie Nielsen commence une carrière assez standard faite d’apparitions sur le petit écran. C’est son 3ème film qui va le révéler au grand public, avec le rôle du commandant John J. Adams, « Planète Interdite » (« Forbidden Planet ») de Fred McLeod Wilcox. Considéré comme un film culte, le métrage reste mémorable pour ses scènes avec le non moins célèbre Robby le robot, mais surtout pour être le 1er film « connu » de l’acteur.

La carrière de l’acteur n’est pourtant pas lancée pour autant et vont se passer 20 ans durant lesquels l’acteur va enchainer des rôles dans un grand nombre de séries TV et de films de seconde zone. Ce qui peut paraître drôle avec le recul, c’est qu’on ne lui propose que des rôles sérieux, jamais de comédies. Leslie Nielsen sera donc à l’époque, l’un de ces acteurs dont on ne connaît pas forcement le nom, mais que l’on a vu des dizaines de fois, interprétant un policier ou un médecin. Ironie de la situation, c’est en détournant ces deux métiers, qu’il obtiendra ses deux rôles iconiques de l’histoire du cinéma.

La consécration arrive donc en 1980 avec le rôle du Docteur Rumack dans « Y a-t-il un pilote dans l’avion » (« Airplane »). Sorti de l’imagination des frères Zucker et leur pote Jim Abrahams, le film lance ce qui deviendra un genre à part entière par la suite : la comédie parodique. S’attaquant à toute la série de films de « catastrophes aériennes » des années 70, « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » est composé d’un casting alignant principalement des acteurs connus pour avoir joué dans des séries télés des 60’s et des 70’s : Peter Graves (« Mission Impossible »), Robert Stack (« Les Incorruptibles »), William Shatner (« Star Trek »), mais c’est Lloyd Bridges (légende de la télé et père de Bo et Jeff Bridges) et Leslie Nielsen qui marqueront les mémoires. L’une de réplique de ce dernier, « encore merci et bonne chance, nous sommes avec vous » restera aussi culte que « Tu aimes les films sur les gladiateurs ? ».

Leslie Nielsen ne se cantonne pas encore qu’à la comédie, il enchaine quelques rôles sérieux comme dans « Creepshow » de George A. Romero en 1982 ou « The Patriot » en 1986, mais la donne est définitivement changée avec « Y a-t-il un flic pour sauver la Reine ? » (« The Naked Gun ») en 1988, adaptation cinématographique de la série « Police Squad » (avec déjà Nielsen dans le rôle titre). Car si Nielsen a quand même joué des rôles sérieux, comme on a pu le voir, le personnage loufoque de Frank Drebin, sorte de flic aussi maladroit qu’efficace, véritable inspecteur Clouzot des temps modernes, va changer l’image de Leslie Nielsen à jamais. Le film est suivi de deux suites, « Y a-t-il un flic pour sauver le président ? » (« The Naked Gun 2 ½ : The Smell Of Fear ») et « Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? » (« The Naked Gun 33 1/3 : The Final Insult). Cette trilogie, dans laquelle on retrouve également l’ancien quaterback O.J. Simpson et Priscilla Presley va tracer un chemin dont Nielsen ne sortira plus.

« Y a-t-il un exorciste pour sauver le monde ? » (« Repossessed ») en 1990, « Agent Zéro Zéro » (« Spy Hard ») en 96, « Mister Magoo » en 97, la parodie du « Fugitif » « Le détonateur » (« Wrongfully Accused ») en 98 ou encore le film de Mel Brooks « Dracula, mort et heureux de l’être » en 95…chaque film est basé sur le même schéma : placer le personnage interprété par Leslie Nielsen au centre d’une histoire et le laisser tout chambouler maladroitement, enchainant des gags tous plus drôles les uns que les autres !

Ce « rôle » iconique le suivra jusqu’à la fin de sa carrière, puisqu’il va devenir une sorte de clin d’œil à cette époque avec les films parodiques nouvelle génération comme « Scary Movie 3 » en 2003, « Scary Movie 4 » en 2006, ou encore « Super Héros Movie » en 2008 ou « Stan Helsing » en 2009. Cette dernière série de films, d’une qualité plus que médiocre avait au moins le mérite de permettre à Leslie Nielsen de nous faire rire encore et encore, même avec un temps de présence à l’écran réduit, préférant avoir le rôle de « guest star » plutôt que celui de héros.

Leslie Nielsen, qui aura inspiré bon nombre de nos héros comiques contemporains, comme Will Ferrell, nous a quitté ce dimanche 28 novembre 2010. Un grand Monsieur de la comédie et du cinéma s’en est allé. Il est fort probable que cet homme d’une grande bonté nous aurait réconforté si il l’avait pu en nous invitant à regarder l’un de ses films.
La meilleur façon de lui dire au revoir reste encore de le citer : « Encore merci et bonne chance, nous sommes avec vous ».

Filmographie sélective :
1956 – « Planète Interdite » de Fred McLeod Wilcox
1972 – « L’aventure du Poséïdon » de Ronald Neame
1977 – « Hamburger Film Sandwich » de John Landis
1980 – « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » des ZAZ
1982 – « Creepshow » de George A. Romero
1988 – « Y a-t-il un flic pour sauver la Reine ? » de David Zucker
1991 – « Y a-t-il un flic pour suaver le président ? » de David Zucker
1994 – « Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? » de Peter Segal
1995 – « Dracula, mort et heureux de l’être » de Mel Brooks
1998 – « Le détonateur » de Pat Proft

François Rey
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