PORTRAIT

PETER MULLAN

Interprète

Portrait

©Mars Distribution

Peter Mullan est aujourd’hui un acteur respecté mais aussi un réalisateur prometteur. D’une enfance difficile, il a su tirer de la force pour interpréter des personnages marquants, excellant dans les rôles de héros brisés, fragilisés par les épreuves de la vie. Gueule de cinéma, souvent méconnu du grand public, il est pourtant l’un des acteurs britanniques les plus talentueux à l’heure actuelle.

Peter Mullan est né le 2 Novembre 1959, au cœur d’une famille ouvrière et très croyante, dans la ville de Peterhead au Nord-Est de l’Ecosse. Issu d’une famille nombreuse, cinquième de huit enfants, son enfance est loin de rimer avec joie, bien au contraire. Père violent et alcoolique, celui-ci a pris l’habitude d’agir comme un tyran et de violenter sa famille. Mais le petit Peter n’est pas du genre à se laisser faire, il essaiera même un jour de tuer son père, et intégrera un gang de rue à l’âge de 14 ans. Petit délinquant, il rejette pourtant la violence, en ayant vu les ravages qu’elle pouvait perpétrer. Tout en poursuivant ses études et s’éloignant progressivement de la petite criminalité, Peter multiplie les petits jobs, notamment videur dans plusieurs pubs et boîtes de nuit. Véritable force physique, il souhaite sortir de sa condition misérable par la réussite scolaire. Il s’efforce alors d’être un élève modèle, période durant laquelle il prend l’habitude de regarder des films pour se divertir.

Mais il n’envisage pas de devenir acteur ; s’il doit fait carrière dans le cinéma, ce sera pour être derrière la caméra. Néanmoins, la délinquance le rattrape souvent durant sa jeunesse, et sa révolte ne cessera qu’avec la mort de son père, celui-ci décédant le jour de l’entrée à l’université de son fils, comme un symbole de la liberté enfin envisageable pour le jeune homme. S’étant épris de passion pour les grands auteurs de théâtre, Shakespeare en tête, Peter Mullan ne peut se résigner à renoncer à ses désirs de cinéma et c’est ainsi qu’il décide d’étudier à la fois l’économie et l’art dramatique à l’Université de Glasgow. Peu à peu, il délaisse l’économie pour se consacrer aux activités artistiques. En 1988, il débute ainsi sur les planches dans des petites pièces jouées dans les théâtres de Glasgow. Très engagé politiquement, il en profite pour donner des cours de théâtre dans les prisons et quartiers défavorisés. Les rôles qu’il interprète sont un moyen pour lui de diffuser ses idées politiques. C’est donc tout naturellement qu’il aspire à devenir réalisateur, afin de faire ressortir les colères et les idées qui sommeillent en lui.

Malheureusement, ses rêves vont se briser avec son échec au concours d’entrée à la National Film School. Il décide alors de persévérer, de remettre à plus tard ses envies de réalisation, et de se consacrer à la profession d’acteur. Très rapidement, son physique atypique va plaire aux directeurs de casting et comme tout acteur britannique qui se respecte, il fait ses classes chez Ken Loach dans « Riff Raff ». Cantonné aux seconds-rôles, il apparaît dans plusieurs gros projets au cours des années 1990, notamment « Braveheart », « Petits meurtres entre amis » ou encore « Trainspotting » de Danny Boyle. Mais c’est en retrouvant Ken Loach que le succès va venir à sa rencontre. En 1998, sa prestation d’alcoolique faisant face à ses propres démons dans « My name is Joe » lui vaut le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes. Dans le même temps, Peter Mullan avait renoué avec ses envies de jeunesse et avait réalisé un premier long-métrage dont sa nouvelle notoriété permettra la distribution en salle. C’est ainsi qu’ « Orphans » sort en 1999, chronique familiale d’un règlement de compte entre quatre frères et sœurs où chacun essaie d’exorciser ses propres peines. Succès critique et populaire, Peter croule désormais sous les propositions. Il accepte des rôles aussi variés qu’intéressants, ne s’imposant aucune limite ou frontière. Il tourne ainsi pour Mike Figgis, Michel Blanc ou encore Michael Winterbottom. En 2003, Peter Mullan revient à la réalisation avec un film coup-de-poing, relatant les traitements subis par des pensionnaires d’un couvent irlandais, « The Magdalene sisters », qui lui vaut un Lion d’Or et une renommée internationale.

Peter Mullan choisit méticuleusement chacun de ses projets, acceptant aussi bien les films indépendants que les grosses productions (« Harry Potter et les reliques de la Mort », « Cheval de Guerre »). Longtemps second-rôle, il parvient à obtenir le rôle principal dans des métrages de plus en plus importants, notamment « Boy A » ou « Tyrannosaur » plus récemment et sa côte de popularité ne cesse de grimper. Il travaille avec des réalisateurs internationaux de renom, mais aussi avec de nombreux jeunes réalisateurs britanniques, avec un esprit de bienveillance tout à son honneur. Philanthrope et altruiste, il n’hésite pas non plus à baisser son cachet et continue à mener différentes actions politiques, notamment dans les quartiers peu aisés. En 2011, il livre son troisième film en tant que réalisateur, « Neds », plus personnel que jamais, où il incarne un jeune père violent et alcoolique dont le comportement fait tomber sa progéniture dans la délinquance. Echo à sa propre jeunesse, il désacralise l’image de son père afin de pouvoir refermer ses blessures. Immensément talentueux, Peter Mullan est parvenu, comme petit enfant il en rêvait, à mêler une carrière d’acteur et de metteur en scène, la reconnaissance de ses pairs en plus.

Le saviez-vous ?

Très engagé politiquement, notamment à l’encontre de la politique de Margaret Thatcher mais aussi vis-à-vis du gouvernement travailliste de Tony Blair, Peter Mullan n’a pas hésité à participer, en 2005, à une occupation des bureaux du service de l’Immigration à Glasgow afin de protester contre la politique massive d’expulsion des demandeurs d’asiles refusés.

Filmographie sélective

Acteur

2012 : Tyrannosaur, de Paddy Considine
2012 : Cheval de guerre, de Steven Spielberg
2010 : Harry Potter et les reliques de la mort – partie 1, de David Yates
2009 : Boy A, de John Crowley
2006 : Les Fils de l’homme, d’Alfonso Cuaron
2005 : Une belle journée, de Gaby Delal
2004 : Young Adam, de David MacKenzie
2004 : Kiss of Life de Emily Young
2001 : Session 9, de Brad Anderson
2001 : Rédemption, de Michael Winterbottom
2000 : Mademoiselle Julie, de Mike Figgis
1999 : Mauvaise passe, de Michel Blanc
1998 : My name is Joe, de Ken Loach
1996 : Trainspotting, de Danny Boyle

Réalisateur

2011 : Neds
2003 : The Magdalene sisters
1999 : Orphans

Christophe Brange
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