Interprète
©Mars Distribution
Amoureux des mots, expert de la langue française, son phrasé à la diction parfaite est devenu légendaire dans le paysage culturel français. Aujourd’hui, Fabrice Luchini est l’un des acteurs préférés du public, grâce à son sens de l’humour si particulier et à ses nombreuses digressions lyriques qui précèdent désormais sa réputation. Plus présent que jamais, ce fidèle de Céline ou de La Fontaine n’en finit plus de squatter les écrans ou les planches, le succès toujours au rendez-vous.
Né Robert Luchini, le 1er Novembre 1951, au cœur d’une famille d’immigrants italiens devenus commerçants, le jeune garçon apprend très tôt le sens de la débrouille. C’est ainsi que dès son plus jeune âge, il profite de son temps libre pour aider son père à vendre des légumes à la criée. Tout naturellement, les clients s’émoustillent des prouesses du bambin, celui-ci déclamant les poèmes appris à l’école pour attirer la foule et faisant un étalage d’un véritable don d’orateur. Pour autant, l’école s’apparente plus à une corvée, le jeune garçon préférant délaisser les bancs scolaires pour arpenter les rues, le plus souvent un livre à la main. S’il développe un rejet pour l’autorité et le système éducatif, il s’éprend, dans le même temps, de la littérature française. La découverte d’auteurs comme Flaubert, Balzac ou Proust sont de véritables révélations pour l’enfant qui, dès l’âge de dix ans, dévore les œuvres intégrales de notre littérature classique. Lorsqu’il se plonge dans un ouvrage, plus rien ne peut l’arrêter, une obsession pour les mots commence alors à poindre en lui. Tandis que les autres garçons de son âge préfèrent taper dans un ballon, lui préfère se plonger dans des univers qui le fascinent, lui ouvrant des horizons qui dépassent son imagination.
Malheureusement, ses bouquins sont ses seuls véritables amis, sa personnalité atypique lui valant le rejet de ses semblables. Séchant de plus en plus l’école et s’enfermant de plus en plus dans le monde qu’il s’est créé, sa mère décide de le placer, à l’âge de treize ans, dans un salon de coiffure chic de la capitale. Quittant les rues pour le salon, celui-ci décide de prendre le patronyme de Fabrice pour exercer sa future profession. Mais même s’il s’épanouit le ciseau à la main, il ne pense néanmoins qu’au moment où il pourra retourner à ses lectures ou à sa musique. En effet, mélomane, le jeune ado a découvert la musique Soul de manière fortuite, mais cet amour naissant va être celui qui lui ouvrira les portes du 7ème Art.
Durant son adolescence, il se passionne pour l’univers de la nuit, où il peut s’exprimer sur la piste de danse sans être jugé, où il se sent enfin vivant. Arpentant les boîtes de nuit pendant que les gens de son âge sont encore cloîtrés à l’école, il se fait repérer par le réalisateur Philippe Labro qui lui offre un petit rôle dans « Tout peut arriver » alors qu’il n’a encore que 17 ans. Fatigué de couper des cheveux, Fabrice Luchini décide alors de tout plaquer pour suivre des cours d’Art dramatique auprès de Jean-Laurent Cochet où il découvre l’art de la dramaturgie. Cet amour pour le théâtre, il le gardera toute sa vie, et même s’il multipliera les rôles sur grand écran, il ne délaissera jamais les planches, seul endroit où il se sent véritablement épanoui. Un an plus tard, il rencontre pour la première fois Eric Rohmer avec qui il nouera une forte amitié et une relation professionnelle fructueuse. Sort ainsi en 1970 le film « Le Genou de Claire » dans lequel la prestation du jeune comédien impressionne le metteur en scène. Après des rôles très secondaires, les deux hommes se retrouvent sur l’ambitieux « Perceval le Gallois » où les dialogues, transcrits à l’identique des textes de Chrétien-de-Troyes, sont chantés et récités. Ce projet offre sa première tête d’affiche à Luchini mais ne lui accorde ni la reconnaissance publique ni la confiance d’autres metteurs en scène. Il va alors se contenter pendant plusieurs années du second ou troisième rôle, notamment dans « Emmanuelle 4 » ou « P.R.O.F.S », ou de métrages très mineurs. Il tourne néanmoins pour Bertrand Blier en 1980 pour « Beau-Père » mais le comédien se voit couper au montage ou sous la direction de Costa-Gavras dans « Conseil de Famille » en 1985. La même année, il se voit diriger par l’exigeant Nagasi Oshima dans le culte « Max mon amour » mais ce n’est que cinq ans plus tard qu’il va rencontrer le grand succès populaire avec « La Discrète » de Christian Vincent.
Si le grand public découvre tout juste le charisme et l’éloquence du comédien, les metteurs en scène ne s’y trompent pas et dès lors, Fabrice Luchini ne s’arrêtera jamais de tourner. Sa douce folie et sa verve rythmée éclaboussent alors la pellicule de Klapisch dans « Rien du tout » ou celle de Lelouch pour « Tout ça… pour ça ! ». Sa personnalité attachante dégage une sympathie immédiate, il devient ainsi l’un des acteurs les plus appréciés de l’hexagone, les spectateurs se délectant de ses différentes railleries sur les plateaux de télévision. Entretenant une carrière fructueuse au Théâtre où il remplit les salles avec des lectures de ses idoles de jeunesse, Flaubert, Baudelaire, Céline ou encore La Fontaine, l’acteur tutoie également les sommets du box-office avec les comédies populaires tel que « Jean-Philippe » de Laurent Tuel, « Musée haut, musée bas » ou bien « La fille de Monaco » où il incarne un cérébral avocat face à la pétillante Louise Bourgoin. Son amour des lettres, sa diction et ses gimmicks de phrasé étant connu de tous, il n’est pas rare qu’il campe un bourgeois cultivé, ami de la langue française (« Potiche » et « Dans la maison » de François Ozon, « Les femmes du 6ème étage »). Et c’est sans surprise qu’il succède à Alain Delon sous les traits de Jules César, pour les nouvelles aventures d’ « Astérix et Obélix», manière d’instituer son rôle d’ambassadeur du cinéma français. Si loufoque, déluré, extraverti sont les premiers adjectifs qui nous viennent à l’esprit pour qualifier Fabrice Luchini, ils sont rapidement rejoints par talentueux, doué ou généreux. Incontestablement, le comédien fait aujourd’hui partie de ces acteurs intouchables qui font partie de la conscience collective, connu de tous et respecté par les plus grands.
Le saviez-vous ?
Fabrice Luchini a préfacé deux ouvrages en 2010 : « A la rencontre de Sacha Guitry » et « Seul avec Tous » de Laurent Terzieff. Enrichi de ces expériences, il participe, l’année suivante, à la rédaction d’un livre sur l’essayiste et romancier français Philippe Muray.
Filmographie sélective
2012 : Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté, de Laurent Tirard
2012 : Dans la maison, de François Ozon,
2011 : Les femmes du 6ème étage, de Philippe Le Guay
2010 : Potiche, de François Ozon
2009 : Les Invités de mon père, d’Anne Le Ny
2008 : La fille de Monaco, d’Anne Fontaine
2008 : Paris, de Cédric Klapisch
2007 : Molière, de Laurent Tirard et d’Ariane Mnouchkine
2007 : Musée haut, musée bas, de Jean-Michel Ribes
2005 : Jean-Philippe, de Laurent Tuel
2003 : Confidences trop intimes, de Patrice Leconte
2002 : Le Coût de la vie, de Philippe Le Guay
1998 : Par Cœur, de Benoît Jacquot
1998 : Pas de scandale, de Benoît Jacquot
1997 : Le Bossu, de Philippe de Broca
1996 : Beaumarchais, l’insolent, d’Edouard Molinaro
1995 : L’année Juliette, de Philippe Le Guay
1993 : Le colonel Chabert, d’Yves Angelo
1992 : Le Retour de Casanova, d’Edouard Niermans
1992 : Tout ça… pour ça !, de Claude Lelouch
1988 : Alouette je te plumerai, de Pierre Zucca
1987 : Les Oreilles entre les dents, de Patrick Schulmann
1985 : P.R.O.F.S, de Patrick Schulmann
1982 : T’es folle ou quoi ?, de Michel Gérard
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais