PORTRAIT

PATRICE LECONTE

Réalisateur

Portrait

©Anne-Laure Pothin

Grand artisan des comédies françaises, Patrice Leconte détient à son actif plusieurs grands succès du cinéma hexagonal dans ce domaine. Personnage discret, il a pris l’habitude de se cacher derrière les rôles qu’il crée, préférant mettre en avant son travail que de se dévoiler lui-même. Néanmoins, il n’en demeure pas moins un metteur en scène apprécié du public mais également des critiques qu’il a souvent rabiboché avec ce genre tant détesté que constitue la comédie. Ne s’imposant aucune limite, celui-ci a tâché d’explorer toutes les pistes artistiques qui s’offraient à lui. Si ces dernières années, son aura s’est quelque peu dissipée, il reste un réalisateur prolifique dont chaque nouveau projet suscite un engouement certain.

Patrice Leconte est né le 12 Novembre 1947 à Paris mais il passe le plus clair de son enfance à Tours où très tôt, il développe une passion pour le Cinéma. Ainsi, dès lors qu’il rentre de l’école, il s’amuse à recréer, avec son frère, les différentes scènes de leurs films préférés. Au fil des années, sa passion ne fait que grandir et à l’âge de 15 ans, il se voit offrir une caméra super 8. C’est alors le début de sa carrière de réalisateur, se mettant en scène avec son frère, dans de nombreux petits courts-métrages, copiant toujours les cinéastes qu’ils admirent, mais regorgeant d’inventivité et d’astuces pour parvenir à leur fin. Très tôt, il n’aspire qu’à une carrière dans le milieu du Cinéma, ne se voyant œuvrer que dans cette discipline même s’il développe des aptitudes importantes pour le dessin. Décidant de mettre toutes les chances de son côté, il part à l’âge de 20 ans pour la Capitale, afin de suivre les cours Littré et d’entrer à la prestigieuse IDHEC. Aux côtés de ses professeurs, le jeune homme découvre de nombreux metteurs en scène, bien loin des réalisateurs populaires qu’il vénérait durant son enfance. C’est aussi à ce moment-là que va naître sa passion pour la comédie, genre auquel il n’avait jusque-là accordé que peu d’attention. Patrice Leconte dévore alors plusieurs films par jour, sa cinéphilie occupant tout son temps libre. Continuant de tourner des courts-métrages avec ses amis, il participe également à la rédaction des « Cahiers du Cinéma », l’un des magazines de référence.

Malheureusement, ses courts-métrages ne lui ouvrent pas les portes du 7ème Art, aucun mécène ne se présentant à lui pour financer son premier long. Sans se résigner, Patrice Leconte décide de partir vers d’autres horizons, notamment celui de la bande-dessinée. Dessinateur doué et imaginatif, il participe pendant près de cinq ans au journal « Pilote » qui se réjouit du talent du petit nouveau. S’il délaisse progressivement sa caméra pour les crayons, il n’en oublie pas pour autant son attachement à la production cinématographique. Il réalise ainsi plusieurs spots publicitaires et continue de tourner quelques courts lorsqu’il en a l’occasion. Toutefois, en 1975, sa ténacité semble payer lorsqu’il se voit offrir l’opportunité de réaliser son premier long-métrage. Mais le rêve va vite se transformer en cauchemar. Se lançant dans un projet ambitieux « Les vécés étaient fermés de l’intérieur» où il donne vie au commissaire Bougret et à son fidèle acolyte l’inspecteur Charolles, sortis de l’imaginaire du dessinateur Gotlib, Leconte perd le contrôle du tournage. S’en suit alors de nombreux conflits, des retards, des acteurs de plus en plus perplexes (Jean Rochefort en tête), la haine des critiques et un four au box-office. Doutant de son talent, le jeune homme va alors se rabattre sur la publicité, domaine dans lequel il est estimé. Mais une rencontre déterminante va lui permettre de prendre sa revanche et de revenir en triomphe sur le devant de la scène.

En 1977, il accepte, avec de nombreuses réticences, d’adapter à l’écran une pièce de café-théâtre, « Amour, coquillages et crustacés ». Devenu « Les bronzés », le métrage reprend la troupe du Splendid qui officiait au théâtre et conserve la quintessence de la pièce originelle. Et le public se déplace alors en masse pour découvrir avec joie les péripéties de Popeye ou de Jean-Claude Dusse,
début d’une saga qui marquera à jamais le paysage culturel français. Fort de ce succès, Leconte va poursuivre dans la voie de la comédie avec notamment « Les Bronzés font du ski », « Viens chez moi, j’habite chez une copine », « Ma femme s’appelle reviens » ou encore « Circulez y’a rien à voir », trois métrages coécrits avec Michel Blanc et qui offrent des rôles à d’autres membres du Splendide. En 1985, il change pour la première fois de registre avec « Les spécialistes », film de braquage musclé. Polyvalent, il s’immisce dans le drame intimiste avec « Tandem » et le film d’auteur avec « Monsieur Hire », sélectionné au Festival de Cannes. Si les comédies lui ont offert le succès populaire, il continue dans des sentiers loin des bouffonneries qui l’ont fait connaître, notamment avec « Le mari de la coiffeuse » et « Ridicule » qui lui offre une nomination à l’Oscar du Meilleur film étranger. En 1997, il créé un évènement en réunissant à nouveau deux monstres du cinéma hexagonal : Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. A la fin des années 90, il s’éloigne définitivement de la comédie pour s’intéresser à des personnages complexes, isolés, en quête d’eux-mêmes : Philippe Torreton dans « Félix et Lola », Patrick Timsit pour « Rue des plaisirs » ou encore Johnny Hallyday avec « L’Homme du train ».

Très prolifique, Patrice Leconte n’hésite pas à explorer toutes les formes cinématographiques, ne se refusant aucun virage artistique. Du documentaire « Dogora » au film d’animation « Le magasin des suicides », il arpente le 7ème Art selon ses propres envies, préférant innover que de se contenter de ses acquis. S’il n’a jamais oublié ses premiers amours de comédies, ces dernières eurent moins de succès que jadis (« Mon meilleur ami », « La Guerre des Miss »). Toutefois, Patrice Leconte demeure un metteur en scène à part dans la production actuelle, ayant su utiliser ses faits de gloire pour s’ouvrir toutes les portes de la création. Avec courage, il est à la tête d’une des filmographies les plus hétéroclites et intéressantes du paysage français et c’est loin d’être fini !

Le saviez-vous ?

En plus d’occuper le poste de réalisateur, cadreur et scénariste sur plusieurs de ses métrages, Patrice Leconte s’est également illustré en tant que comédien le temps de quelques caméos, notamment dans « Pinot simple flic » de Gérard Jugnot ou encore « L’An 01 ».

Filmographie sélective

2012 : Le Magasin des suicides
2010 : Voir la mer
2008 : La Guerre des Miss
2006 : Mon meilleur ami
2005 : Les Bronzés 3, Amis pour la vie
2004 : Dogora – Ouvrons les Yeux
2003 : Confidences trop intimes
2002 : L’homme du train
2001 : Rue des Plaisirs
2000 : Félix et Lola
1999 : La Fille sur le pont
1999 : La Veuve de Saint-Pierre
1996 : Les Grands Ducs
1996 : Ridicule
1994 : Le Parfum d’Yvonne
1992 : Tango
1990 : Le Mari de la Coiffeuse
1987 : Tandem
1985 : Les Spécialistes
1983 : Circulez y’a rien à voir !
1981 : Ma Femme s’appelle reviens
1981 : Viens chez moi, j’habite chez une copine
1979 : Les Bronzés font du ski
1978 : Les Bronzés
1975 : Les Vécés étaient fermés de l’intérieur

Christophe Brange
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