PORTRAIT

TOMMY LEE JONES

Interprète

Portrait

©Sony Pictures Releasing France

Acteur caméléon, à l’aise aussi bien dans les grosses productions que les films les plus intimistes, les polars ainsi que la saga Men in Black vont faire de lui la star internationale qu’il est désormais. Exigeant et polymorphe, Tommy Lee Jones sait à peu près tout jouer, c’est pourquoi de nombreux réalisateurs de renom font appel à lui afin que son accent texan résonne dans leurs projets.

Tommy Lee Jones est né le 15 Septembre 1946 à San Saba, Texas, d’une mère policière, enseignante et propriétaire d’un salon de beauté et d’un père ouvrier dans les gisements de pétrole. Son enfance est heureuse malgré les multiples disputes de ses parents auxquelles il assiste, impuissant. Après une première séparation, ceux-ci se remettront ensemble pour se quitter à nouveau, mais cette instabilité ne perturbe par le jeune garçon qui excelle à l’école. Élève brillant, il impressionne par sa capacité à réfléchir et la rapidité par laquelle il parvient à finir les exercices demandés. C’est en squattant ainsi la première place de sa classe que le petit Tommy Lee grandit. Pour autant, malgré son côté intello, sa joie de vivre et son charisme inné font de lui un garçon très populaire. Après un passage par la Robert E. Lee High School, l’adolescent intègre la prestigieuse St Mark School of Texas, établissement réservé à la future élite masculine de la nation américaine où rigueur rime avec quotidien. Mais une fois encore, le jeune garçon impressionne et obtient une bourse pour intégrer la faculté d’Harvard afin d’obtenir un diplôme en littérature anglaise. Tout le prédestine à un grand avenir en tant qu’homme politique ou d’affaires mais peu à peu sa passion du théâtre commence à s’immiscer dans ses plans d’avenir. L’université est aussi le moyen pour lui de démontrer son talent au football américain en faisant partie de l’équipe de 1968, rentrée dans la légende pour être demeurée invaincue lors de cette saison et pour son match épique face à Yale, au suspens insoutenable, qui se termina sur un score de parité.

Une fois son diplôme facilement obtenu, Tommy Lee Jones se retrouve confronté face à un choix : oublier ou non ses désirs de scène. L’hésitation ne sera pas longue, et seulement dix jours après son diplôme, le jeune homme décide de tout plaquer, partant pour New York afin de s’épanouir sur les planches de Broadway. A 23 ans, il débute ainsi dans une pièce intitulée « A Patriot for me ». Alors qu’il excellait sur les bancs de l’école, les planches du théâtre ne semblent pas bloquer son talent, les 49 représentations étant un triomphe public et critique. Sa performance lui ouvre même les portes du 7ème Art lorsqu’Arthur Hiller lui propose un rôle pour son futur culte « Love Story ». Ironie du sort, Jones se retrouve à interpréter un étudiant d’Harvard. Si l’acteur est à la hauteur de son talent dans ce rôle secondaire, les propositions cinématographiques se font rares et le comédien va continuer à arpenter les représentations théâtrales durant les années 70, tout en cumulant avec un rôle dans le soap opéra « One Life to live ». La télévision va alors être son tremplin, sa voix rocailleuse et son physique imposant se faisant de plus en plus présents sur le petit écran, notamment dans des prestations remarquées comme « The Amazing world of Howard Hughes ». En 1978, il réapparait sur les grands écrans en détective pour « Les yeux de Laura Mars ». A partir de ce moment, sa présence indéniable et son apparence intransigeante et autoritaire vont lui offrir des rôles alambiqués de personnages inquiétants, souvent en proie à des maux intérieurs (« Stormy Monday », « Opération crépuscule » ou encore « Piège en haute mer »). Néanmoins, il demeure peu connu du grand public et il semble que l’acteur n’ait pas encore eu l’occasion d’étaler pleinement tout son talent. Les années 90 vont alors remédier à ces deux situations.

Confirmant ses prédispositions à interpréter les hommes de loi, sa performance époustouflante en marshal dans « Le fugitif » d’Andrew Davis lui offre un Oscar du meilleur second rôle. C’est au même moment qu’il va rencontrer Oliver Stone, entrevue fusionnelle qui donnera vie à plusieurs métrages, lieux de prédilection pour que s’exprime le talent de Jones (« JFK », « Entre ciel et terre », « Tueurs nés »). S’il continue à s’amuser à jouer les policiers coriaces et hargneux (« U.S. Marshals », « Double jeu ») ou à venir interpréter le méchant de « Batman Forever », la saga « Men in Black » achève d’asseoir sa notoriété et son talent, projet dans lequel il forme un duo atypique avec Will Smith, dont les incompatibilités seront à l’origine de nombreux fou-rires chez les spectateurs. Redynamisant les blockbusters, où l’intelligence n’est plus incompatible avec l’efficacité, son rôle de l’agent K lui permet de poursuivre sa collaboration avec de grands metteurs en scène (Clint Eastwood pour « Space Cowboys » ou Ron Howard avec le western « Les disparues » où le comédien se distingue au tir-à-l’arc). En 2005, il profite de son expérience acquise pour passer derrière la caméra dans le drame philosophique « Trois enterrements ». En plus de la leçon de vie, le coup d’essai se transforme en coup de maître, le métrage repartant du festival de Cannes avec un prix d’interprétation pour Tommy Lee Jones et un prix du scénario.

S’il continue à briller dans des rôles de vieux flics, dont le sens du devoir les pousse à leur faire oublier la retraite (l’oscarisé « No country for old men » des frères Cohen, « Dans la brume électrique » de Bertrand Tavernier ou « Dans la vallée d’Elah », drame émouvant de Paul Haggis où son interprétation nuancée et minimaliste d’un ancien militaire, enquêtant sur la disparition de son fils, impressionne encore). Néanmoins, l’acteur n’en oublie pas de s’éloigner de son jardin et de s’amuser dans la grosse production « Captain America » en 2011 ou dans « Men in Black III » où il retrouve son rôle emblématique de l’agent K, qu’il partage pour la première fois avec Josh Brolin. Plus respecté que jamais, Tommy Lee Jones fait aujourd’hui partie du carré très privé des acteurs appréciés aussi bien par le public que par l’ensemble des critiques. Son accent texan et sa bouille de renfrogné n’ont pas fini de hanter les grands écrans… et on ne va pas s’en plaindre !

Le saviez-vous ?

Durant ses études à Harvard, Tommy Lee Jones partageait sa chambre avec Al Gore, Prix Nobel de la paix et ancien candidat à l’élection présidentielle américaine.

Filmographie sélective

Réalisateur

2005 : Trois enterrements

Acteur

2013 : Lincoln, de Steven Spielberg
2013 : Emperor, de Peter Webber
2012 : Men in Black III, de Barry Sonnenfeld
2011 : Captain America : First Avenger, de Joe Johnston
2011 : The Compagny Men, de John Wells
2009 : Dans la brume électrique, de Bertrand Tavernier
2008 : No Country for Old Men, de Joel et Ethan Coen
2007 : Dans la vallée d’Elah, de Paul Haggis
2005 : Trois enterrements, de Tommy Lee Jones
2005 : Garde rapprochée, de Stephen Herek
2004 : Les disparus, de Ron Howard
2003 : Traqué, de William Friedkin
2002 : MIIB, de Barry Sonnenfeld
2000 : L’enfer du devoir, de William Friedkin
2000 : Space Cowboys, de Clint Eastwood
2000 : Double Jeu, de Bruce Beresford
1998 : U.S. Marshals, de Stuart Baird
1997 : Men in Black, de Barry Sonnenfeld
1995 : Batman Forever, de Joel Schumacher
1994 : Le Client, de Joel Schumacher
1994 : Tueurs nés, d’Oliver Stone
1994 : Entre ciel et terre, d’Oliver Stone
1993 : Le Fugitif, d’Andrew Davis
1993 : Piège en haute mer, d’Andrew Davis
1992 : JFK, d’Oliver Stone
1981 : Nashville Lady, de Michael Apted
1979 : Les Yeux de Laura Mars, d’Irvin Kershner
1971 : Love Story, d’Arthur Hiller

Christophe Brange
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