PORTRAIT

PASCAL ELBE

Interprète

Portrait

©Patrice Ricotta

Pascal Elbé, de son vrai nom Pascal El Bez, est né le 13 Mars 1967 à Colmar (Haut-Rhin). Issu d’une famille juive sépharade, originaire d’Algérie, il a grandi à Strasbourg, entre un père cheminot et une mère responsable de vente de produits pour la maison.

De nature plutôt lunaire, il ne manifeste pas un grand intérêt pour les études, préférant laisser vagabonder son esprit vers des horizons plus lointains et utopistes.

Son bac en poche, il quitte son Alsace natale pour tenter d’embras(s)er la capitale et tenter de toucher, de plus près son rêve le plus fou : faire du théâtre.

Après quelques années de galère, empreintes d’un soupçon de précarité, il n’hésite pas à s’accommoder de petits boulots, allant de cireur de chaussures dans le métro, à celui de gardien de nuit pour subvenir à un minimum vital et ne jamais renoncer à son ambition première, qu’il traine comme un rêve de gosse, qu’il parviendra, il en est sûr, à réaliser un jour.

Animé par une soif d’écriture incommensurable, il commence par la rédaction de textes pour «Le Petit théâtre de Bouvard », et commence à voir le bout du tunnel, pointer le bout de son nez. Une pièce de Pierre Dac au Tintamarre, lui permet de faire ses débuts d’acteur sur les planches, en interprétant une parodie de "Phèdre". C’est là que Jacques Decombe, le metteur en scène des Inconnus, le repère et le pousse à monter ses propres pièces.

Fortement influencé par ses pairs, il s’illustre alors au sein d’une troupe, écrivant avec ses compères de jeu, deux pièces comiques ( « Charité bien ordonnée » en 1992 et « Tout baigne » en 1995) , qui connurent un vif succès sur les mythiques scènes du Splendid, du Café de la Gare et du Palais des Glaces… Rien que ça !!

C’est là que Gérard Jugnot le remarque et lui offre son premier rôle au cinéma dans sa comédie « Fallait pas » ! Parfaitement crédible dans ce registre, il enchaîne film sur film et dévoile, au fil de ses apparitions, son potentiel de bon pote ou de loser attachant, au cœur gros comme ça !

Mais son appétit insatiable pour le goût de l’aventure le pousse à un coup d’essai, qui se révèlera être un coup de maître, avec sa co-écriture au scénario du premier film de Michel Boujenah « Père et fils », au casting quatre étoiles, Philippe Noiret en tête, aux côtés de Charles Berling et Bruno Putzulu. Un film qui s’attire l’enthousiasme du public avec pas moins de 1,5 millions d’entrées, et lui offre une nomination aux César dans la catégorie « jeune espoir masculin », pour sa performance d’acteur dans ce film.

Séducteur, ami de toujours, confident exemplaire, Pascal Elbé fait partie de ces acteurs qui ne donne jamais l’impression de jouer, tant sa générosité déborde de l’écran et tant on aimerait l’avoir comme copain ou gendre…idéal !

Mais cherchant à se démarquer des étiquettes facilement collées dans ce métier, son goût du risque, sans cesse révélé, le pousse à des choix moins balisés, osant arpenter les sentiers battus du film noir « Les Mauvais joueurs » de Frédéric Balekdjian, ou ceux de ou l’irrésistible « La Tête de maman » de Carine Tardieu, ou encore, osant se frotter au film sombre « Un Coeur simple » de Marion Laine, ou au déroutant « UV » de Gilles Paquet-Brenner.

Mais la part d’auteur qui sommeille en lui ne cesse de lui faire un appel du pied, et Pascal Elbé rejoint alors, à l’écriture, son acolyte et complice de longue date, Roschdy Zem, qui se lance à la réalisation de sa première oeuvre « Mauvaise foi ».

Véritable boulimique de travail, Pascal Elbé devient, en peu de temps, la figure montante du cinéma français, celui dont on ne veut, dont on ne peut plus se passer.

Mais il ne s’arrête pas aux portes de la gloire, et ose franchir le redoutable cap de la cour des grands, en passant à son tour derrière la caméra, avec son magnifique « Tête de Turc », polar social urbain, dont il tient l’un des jolis rôles de ce film, aux côtés de Roschdy Zem, de Ronit Elkabetz et de son fils Léo, à qui il offre ses premiers pas au cinéma. Un film choral d’une grande envergure, au magnétisme incroyable, dans lequel il prend le pari de ne jamais juger ses personnages, drainant avec lui l’unique ambition de tenter de faire avancer les mentalités et de repousser les limites de l’individualisme, prônant en filigrane, le principe du « Contrat social », largement érigé par un certain Jean-Jacques Rousseau, théorie selon laquelle on n’est rien les uns, sans les autres. Un film dont le propos passe essentiellement par l’émotion, bien plus que par le discours…C’est aussi çà, la forme d’engagement de Pascal Elbé.

Le poids de la famille, de la transmission sont des thématiques au coeur des préoccupations de cet acteur /auteur, qui aime à rappeler sa fascination pour des réalisateurs comme James GRAY, Martin Scorcese, Iñárritu, ou encore Sergio Leone, dont le majestueux «Il était une fois l'Amérique » demeure son film culte.

Un réalisateur proche de ses acteurs, pour qui, l’alchimie fragile et délicate qui en découle est l’un des secrets qui fait la magie du cinéma, et qui permet de créer ce qu’il appelle « de petits miracles ».

Discret mais talentueux, avide de travail et regorgeant de ressources inépuisables, cet amateur de spaghettis, de rosé et de Méditerranée n’en oublie pas son rôle, sans doute le plus important à ses yeux, celui de père de famille, exemplaire, (marié à la même femme depuis 20 ans, ayant élevé comme ses fils les enfants de cette dernière, et papa poule à ses heures), fier de sa petite tribu, sur laquelle il veille, en véritable pater familias.
Un homme aux goûts finalement simples, doté d’une profonde générosité, d’une extrême humanité, qu’il sait manifester, tant dans ses rôles, que dans sa vie de tous les jours.


A l’affiche en août 2011 de « R.I.F. » (Recherche dans l’Intérêt des Familles ) de Franck Mancuso aux côtés de Yvan Attal, il nous montrera, une fois de plus, de quoi il est capable…

Nous le découvrirons prochainement dans le dernier film de Lorraine Levy (sœur de l’écrivain Marc Levy), dont il partagera l’affiche avec Emmanuelle Devos dans « Le Fils de l'autre », une histoire co-écrite par Yasmina Khadra, sur fond de conflit israélo-palestinien, qui relatera le drame de deux familles, l’une arabe palestinienne, et l’autre juive israélienne, dont les fils ont été échangés à la naissance. Un film tourné en Isarël, en quatre langues : française, arabe, hébraïque et anglaise…

Pascal Elbé n’a sans doute pas fini de nous surprendre et nous étonner par sa palette de jeu foisonnante et la virtuosité qu’on lui connaît dans le domaine de l’écriture...



FILMOGRAPHIE SELECTIVE :
1996 : FALLAIT PAS !...de Gérard JUGNOT
1998 : BIMBOLAND de Ariel ZEITOUN
2002 : LE RAID de Djamel BENSALLAH
2005 : TOUT POUR PLAIRE de Cécile TELERMAN
2005 : L’AMOUR AUX TROUSSES de Philippe de CHAUVERON
2005 : LE CACTUS de Gérard BITTON
2006 : MAUVAISE FOI de Roschdy ZEM
2006 : LE HEROS DE LA FAMILLE de Thierry KLIFA
2007 : TROIS AMIS de Michel BOUJENAH
2007 : LE DERNIER GANG de Ariel ZEITOUN
2008 : CORTEX de Nicolas BOUKHRIEF
2008 : MES AMIS, MES AMOURS, de Lorraine LEVY
2008 : L’EMMERDEUR de Francis VEBER
2009 : TETE DE TURC (réalisateur – acteur)

Laurence SALFATI
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