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Venise 2008: Jour 8 – Teza, film éthiopien, sort du lot


Photo Venise 2008: Jour 8 – Teza, film éthiopien, sort du lotMercredi 03 septembre 2008

22h30 (la veille)
The sky crawlers
Compétition
Niveau +2

Mammoru Oshii est surtout connu pour avoir réalisé « Avalon » et « Ghost in the shell ». Après le semi-échec du trop bavard « Innocence » (la suite de « Ghost in the shell », le voici de retour toujours dans l'animation, avec une histoire d'enfants pilotes de chasse. Dès la scène d'ouverture, bataille en plein ciel entre des engins improbables, aux multiples hélices, il nous scotche au fauteuil, nous assurant d'une oeuvre techniquement remarquable. S'ensuit un générique aérien, dans un ciel embué de nuages blancs, contrastant avec la fumée noire d'un avion abbatu. Et la musique de Kenji Kawaï, magnifique, nous emporte, pour ne plus nous lâcher jusqu'à la fin d'un récit qui transpire la tristesse. Les prises de vues aériennes sont criantes de réalisme: les textures des montagnes et des forêts contrastent avec l'animation, assez basique de personnages englués dans des considérations d'adultes perturbantes. Un film où action et émotion se marient à merveille.

10h45
Teza
Compétition
Niveau +3

Voici enfin la surprise de la compétition. De celles qui pourraient mettre un jury d'accord, au minimum pour un prix d'interprétation masculine, au plus pour un Lion... « Teza » est un film fleuve, une fresque retraçant l'histoire de l'Ethiopie sur plus de 30 ans, au travers du destin hors normes d'un médecin chercheur. Rapidement, on se laisse séduire par la photographie des plaines embrumées, des couchers de soleils sur un paysage brûlé. Puis l'histoire nous emporte, faite de mystères (pourquoi et où notre homme a-t-il la perdu sa jambe?), de rêves tourmentés mis en image, et soudain de flash-back sur une mémoire retrouvée et un passé d'étudiant en Allemagne de l'Est. L'émotion affleure peu à peu, avec la découverte d'un peuple balloté entre religion et croyances ancestrales, communisme et dictature, envie de vivre et guerre civile. Un film convaincant.

13h30
Rachel getting married
Compétition
Niveau -1

Johnathan Demme (« Philadelphia »), après un détour par le documentaire, revient à la fiction avec un film... raté. Ce portrait d'une famille perturbée par le retour de la fille cadette (Anne Hathaway, découverte dans « Le secret de Brokeback mountain » et « Le diable s'habille en Prada ») et profitant du mariage de la soeur ainée (Rachel) pour régler ses comptes et affirmer des non dits s'avère rapidement aussi insupportablement bavard qu'indigeste. La répétition du mariage est extrêmement longue, ne servant qu'à faire contraster le bonheur de la soeur avec les regrets de la plus jeune, sans pour autant créer de réelle compassion, rapidement effacée par la plus âgée. L'égocentrisme et le rapport à la famille sont donc bien au coeur d'un film à la trame convenue, dont le thème a déjà donné de bien meilleurs résultats (voir l'excellent film de Jodie Foster « Un week end en famile »). D'autant que Demme s'amuse à jouer la montre, le summum étant atteint lors du mariage, interminable, auquel on a l'impression de ne pas être convié. Un ratage complet.

16h00
Il primo giorno del inverno
Horizons
Niveau +1

Voilà un film italien bien triste, mais dont la forme, austère, finit par créer le malaise. Le personnage principal, un adolescent, coincé et agressif, y est persécuté par ses camarades, jusqu'au jour où il découvre l'homosexualité de deux d'entre eux. L'inversion des rapports bourreau / victime est alors assez troublante, comme sont perturbants les moments où le jeune homme s'affirme face à lui même devant le premier miroir qui passe. Dans « Il primo giorno del inverno », les rapports de force et de pouvoir passent par des médias aussi ridicules que puissants (une bombe de peinture, un marqueur...) et même la petite soeur du jeune homme reproduit ces luttes à son échelle, en alternant caresses et privations de nourriture auprès de son lapin. En résulte un film glacial, à l'image de la photo et des paysages, ternes, à l'atmosphère empoisonnée.

18h15
Cucumber
Semaine de la critique
Niveau 0

La semaine de la critique propose cette année un film chinois carrément abscon. Un père y achète des concombres et n'arrive pas à communiquer avec son fils, pour qui il cuisine chaque jour. Le marchand de concombres emmène son fils au Mc Do, engendrant une publicité contrebalancée par un discours convenu sur la mal bouffe et le cout de la vie. Un jeune homme tente de trouver du boulot pour aider sa copine. Ou est-ce que tout cela nous amène, on ne sait pas trop. Et au final, seul le racisme ambiant entre habitants de Pékin et banlieusards retient notre attention.

Source: Olivier Bachelard

04/09/08

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