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Venise 2008: Jour 2 – Achille et la peinture redonnent l'inspiration à Kitano


Photo Venise 2008: Jour 2 – Achille et la peinture redonnent l'inspiration à KitanoJeudi 28 août 2008

22h30 (la veille)
Jerichow
Compétition
Niveau +1

A la mort de sa mère Thomas est lâché par son associé, qui lui dérobe le peu d'argent que cette dernière lui avait laissé. Désireux de retaper la maison de famille, il devient par hasard le chauffeur d'un riche voisin... Christian Petzold nous avait livré l'an dernier un brillant et captivant « Yella », toujours inédit en France, qui avait valu à Nina Hoss le prix d'interprétation à Berlin. Rejouant la carte de la modernité et du mystère, il n'arrive cette fois à intéresser que pendant la première heure du film, tissant un étrange triangle amoureux. Mais la thématique du « trop belle pour toi » ne prend pas ici, les deux personnages principaux (la femme et l'amant) s'avérant trop impassibles pour gagner la sympathie du spectateur. Dommage.

9h00
Monster X strikes back: attack the G8 summit
Hors compétition – séance minuit

C'est l'incroyable affiche de ce film japonais, évocant « X-or » et autres « Sankukaï », qui nous a finalement incitée à aller voir ce film d'action et de monstres en lieu et place du Kiarostami, que nous rattraperons dans l'après-midi. Autour d'un sommet du G8 où les puissants sont caricaturés à souhait, un monstre attiré par la chaleur et l'énergie semble invincible, mais pourrais bien être défait par un ancien Dieu aux traits de... Takeshi Kitano. Comme l'auteur Nippon a fait le déplacement pour son fils, il devrait aussi défendre le couleurs du film en soirée. En attendant, les effets spéciaux sont ridicules, à commencer par le monstre en plastique, aux mugissements pathétiques, sous le costume duquel se cache un homme qui a bien du mal à avoir des mouvements fluides. Mais ce sont les nombreux et incroyables dialogues entre dirigeants qui attirent l'attention, présentant notre président Solkozy comme un chaud lapin draguant les interprètes. Les clichés sont aussi osés que limites, car les auteurs n'ont pas hésité à mettre dans leurs mains des solutions pour tuer la bête, pour le moins marquées (les tremblements de terre pour les japonais, le lavage de cerveau pour les anglais, le polonium 210 pour les russes... et même le gaz pour les allemands !). Un film politiquement plus qu'incorrect, qui ne sortira certainement jamais en salles en France, mais qu'on pourrait bien retrouver en DVD.

11h00
Jay
Horizons
Niveau +1

Voici un nouveau film dans la mouvance docu-fiction, directement venu des Philippines. Celui-ci montre comment un reportage télé sur une famille en deuil d'un fils homosexuel (« Jay ») assassiné à Manille de 8 coups de couteau, a été fabriqué de toutes pièces. Mettant d'abord en avant les manipulations émotionnelles orchestrées par un animateur – réalisateur peu scrupuleux, le film prend une toute autre dimension en montrant les compromissions de la famille (la mère va jusqu'à réinterpréter la découverte du corps à la morgue !), le désir de vedettariat (la soeur va chanter pour son frère en espérant passer dans le Loft story local)... Plutôt bien agencées, les scènes permettent de mieux cerner l'influence et l'hypocrisie d'une télévision spectacle qui prétend relater la réalité et aider des familles qui ont seulement deux choix: se refermer ou prendre part à un effrayant système.

13h00
Achille et la tortue
Compétition
Niveau +3

Kitano était à Venise l'an dernier, hors compétition avec « Glory to the filmmaker », constat amusant d'une panne d'inspiration, se terminant par une radio montrant une caméra cassée à l'intérieur du corps du réalisateur. Si « Achille et la tortue » est un vrai film, construit en trois parties autour de l'enfance, les années étudiantes et l'âge adulte d'un peintre, il n'en constitue pas moins une prolongation de la réflexion de l'acteur – réalisateur sur la création, le talent et l'inspiration. Le sens de l'humour, très visuel, du réalisateur est indéniablement présent, notamment au travers des nombreuses tentatives d'imitation de mouvements ou d'artistes devenus « classiques ». Si la première partie est plutôt émouvante, la seconde, relatant la vie étudiante et les expérimentations s'avère savoureuse. Quant à la troisième, Kitano y flirte avec le pathétique, assumant ses inclinaisons de grand enfant encore en pleine expérimentation. Touchant.

16h30
Shirin
Hors Compétition
Niveau -2

Kiarostami, auteur iranien, nous livre avec « Shirin » est film conceptuel des plus insupportables. Pendant une heure trente, non seulement vous ne verrez pas le film, conte arménien « Shirin », mais vous aurez droit aux visages de femmes, alignées dans un cinéma aux éclairages improbables (la lumière vient souvent de derrière les sièges !), qui regardent le film dont vous n'aurez que les bruitages et voix. Décalage malencontreux dans les sous-titres qui fait que l'on ne sait plus qui dit quoi, visages impassibles pendant de longues minutes, récurrence peu évidentes des différentes femmes (plus de 140 au total), l'ennui guette vite. Si le désir de vie et de liberté font surface parfois, le caractère de révélateur social du film (comme ce pouvait être le cas dans le réussi « Ten », autre film minimaliste du réalisateur), reste bien en retrait, les hommes et femmes étant mélangés dans la salle (?) et la femme arborant un voile souvent à moitié défait. Mais que fait Juliette Binoche là dedans ?

Source: Olivier Bachelard

29/08/08

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