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Venise 2007 - Jour 7 – Todd Haynes fait dans le fouilli et Kechiche dans une magnifique tension


la veille:

22h30 – I'm not there – compétition
Niveau 0

Affirmant d'emblée que « même un fantôme est plus qu'une seule personne », Todd Haynes dresse avec « I'm not there » un portrait composite de Bob Dylan, chanteur de musique folk, aux paroles relatant avec vérité le difficile quotidien de ses semblables. Mais plutôt de choisir la voie du biopic englobant une personnalité, il décline cette dernière au travers de furtives impressions, le compositeur étant incarné par divers acteurs (d'un petit black à Richard Gere, en passant par Christian Bale ou Cate Blanchett). Si le déb ut intrigue et séduit par ses mélanges de styles comme d'époques et d'influence, le tout se révèle rapidement indigeste, de par son aspect fatras et sa volonté de non synthèse. Les fans de Dylan apprécieront peut être, les autres passeront à côté. Dommage, car il s'agissait là du film le plus attendu du festival.

Mardi 04 septembre 2007

8h30 – Help me Eros – compétition
Niveau +1

L'acteur des films de Tsai Ming Liang passe derrière la caméra pour un film sur la solitude, et l'incapcité des relations à distance comme charnelle à sauver l'homme. Bourré d'obsessions, le film aligne d'amusantes scènes aux abords d'un compotoir nocturne tenu par de belles jeunes femmes aux jupes très courtes, comme une série de scènes de sexes complétées par d'appuyés symboles phallyques. Les corps, source de plaisir brut et marchandises, sont mis en valeur, et par moment, projections de motifs lumineux obligent, vont jusqu'à ressembler à des sacs Vuitton. La poésie n'est pas loin, l'humour aussi, mais malgré le magnifique plan final, on se demande bien sûr où cet auteur veut en venir.

10h45 – Il dolce e l'amaro – compétition
Niveau +2

Le deuxième film italien de la compétition approche la mafia sicilienne au travers de l'histoire d'un individu ayant très peu connu son père, mais condamné à en être le digne successeur. Basée à Palerme, la majeur partie de l'action tourne autour de son intérgration progressive dans le milieu par contrats successifs, l'éloignant un peu plus de celle qu'il semble aimer et provoque chez lui jalousie, colère, et violence incontrôlée. L'interprète principal, déjà remarqué dans « Nos meilleures années », concocte un mélange réussi entre sourire ravageur noirci par une enfance solitaire et recul intelligent par rapport au système. Mais le plus intéressant est le second degré avec lequel ce dernier est représenté: parrain prisonnier qui reçoit dans son salon privé, conseil avec débat enflammé autour d'une sauce tomate, ou encore règlement de compte autour d'un puit où son enfermés deux enfants.

13h15 – La graine et le mulet – compétition
Niveau +3

Abtelatif Kechiche signe ici son troisième film, et l'un des plus applaudis du festival. Il faut dire que pendant près de 2h35, le cinéaste français césarisé pour « L'esquive » fait peu à peu monter une pression insoutenable, à l'image d'un film comme « Magnolia », installant un drame familial aux composantes humaines multiples. Creuset d'une immigration polyethnique qui a bien du mal à s'intégrer, essuyant chômage, difficultés administratives et financières, Kechiche y ajoute des tensions familiales à la limite du supportable. Ses jeunes actrices sont absolument renversantes dans leurs colères et indignations, laissant en perspective un prix d'interprétation collectif qui serait le bienvenu. Certains prédisent déjà un Lion d'or, ce qui est loin d'être exclus.

17h00 – Disengagement – hors compétition
Niveau 0

Amos Gitaï rate son coup avec ce nouveau film en deux parties. La première raconte le retour en France d'un israélien, venu assister aux funérailles de son père, auprès d'une soeur fantasque et déchirée (Juliette Binoche). Austère et agaçante, cette partie se déroule en quasi huis clos, dans les intérieurs où résidait leur indigne père, et tente d'esquisser un portrait bien noir de celui-ci. Puis le film se déplace dans la bande de Gaza, où le fils est chargé d'un bataillon d'évacuation et la fille part à la recherche d'une enfant qu'elle a abandonné presque vingt ans auparavant. Tournée à la manière d'un reportage, elle n'en montre malheureusement pas bien plus que les reportages qu'on a pu voir à l'époque à la télévision. Quant au drame familial, il ne revêt de crédibilité que lors de quelques scènes d'étreintes sans pathos.

20h15 – The nines – semaine de la critique
Niveau +3

Etrange film que « The nines ». Le scénario complexe est découpé en trois parties distinctes. Dans chacune les acteurs interprètent des personnages différents, et l'on retrouve des traits communs liés au monde de la télévision et à ces mystérieux 9, dont le héros commence à percevoir la présence dans tous les moments de sa vie (sur un post it posé dans la cuisine, dans le journal, le titre d'une série télé, ou dans les dialogues de ses proches). Trahisons, apparitions furtives, choix de vie, de nombreux éléments contribuent à tisser un récit captivant, dont on chercher nous aussi l'issue, pour une fois originale. Ajoutez quelques effets spéciaux incongrus et des acteurs convaincants et vous avez déjà tous les ingrédients d'un futur film culte.

Source: OB

05/09/07

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