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Venise 2007 - Jour 5 – Woody Allen déçoit alors que le Mexique surprend une nouvelle fois


la veille:

22h30 – Cassandra's dream – hors compétition
Niveau +1

Cassandra's Dream est le nom de batême que deux frères ont donné au bateau qu'ils viennent de racheter, en espérant que cela leur portera chance. Mais le nouveau Woody Allen est plutôt un récit fait de malchance et d'arrivisme. Moins drôle qu'à l'habitude, ce film, proche dans l'esprit cynique des deux derniers opus du réalisateur (« Match point » et « Scoop »), développe savamment l'esprit de voyous sommeillant chez les deux personnages principaux. Colin Farrell y interprète de manière assez lunaire, le frère chanceux aux jeux, dont la soudaine dettes va les obliger à demander un service à leur riche oncle. Un Woody Allen mineur.

Dimanche 02 septembre 2007

8h30 – In the valley of Elah – compétition
Niveau +2

Paul Haggis revient, après son oscarisé « Collision », avec un film sur le retour d'Irak. Choisissant comme prétexte la disparition, une fois sur le sol américain d'un jeune soldat, il dresse le portrait d'un père (Tommy Lee Jones, saisissant), à la recherche d'une vérité que l'armée comme la police locale semble brouiller. Epaulé par la bouc émissaire du poste de police (méconnaissable mais crédible Charlize Theron), il va s'engager en des terres finalement pas assez dangereuses pour convaincre réellement. D'autant que les révélations finales, voulues certainement mineures, ne servent pas tant que cela le message de rédition en Irak. Un film militant, dont on retiendra surtout quelques scènes bouleversantes entre Sarandon (la mère) et Tommy Lee Jones, aux prises avec la perte d'une deuxième fils et une incompréhension saisissante.

11h00 – L'assassinat de Jesse James – compétition
Niveau +1

Malgré une qualité de la photo particulièrement soignée, ce western crépusculaire, qui relate la fin d'un clan, celui de Jesse James et de son frère, n'est pas des plus passionnant. Mis en scène du point de vue des fuyards, cette fuite en avant, faite de paranoïa grandissante et de trahisons potentielles, dépeint une série d'invidualités qui vont peu à peu se dresser les unes contre les autres. Les poursuivants, eux, ne sont que des ombres traversant furtivement l'image, comme ces quelques silhouettes noires descendant une colline, dans l'un des beaux plans du film. Brad Pitt, tête d'affiche, s'en sort honorablement, donnant dans un apparent détachement salutaire, sans pour autant inquiéter, tandis que l'interprète de Robert Ford, son assassin, d'abord schématique, étoffe peu à peu son personnage un peu trop douteux. Reste que le message sur l'héroïsme, la justice et la célébrité semble un peu contradictoire.

14h00 – Useless – horizons
Niveau +1

Le réalisateur du Lion d'or de l'an dernier revient à Venise avec un documentaire. « Useless » (Inutile) est en fait le nom d'une marque créée par une chinoise déplorant l'aspect industrialisé de l'activité textile en Chine. Après un passage sans commentaire par les usines, cantines et cliniques des grandes usines, le réalisateur s'attarde sur la créatrice elle-même et sa philosophie du contact des matériaux à la terre (elle enterre ses vêtements pour les vieillir) au travers d'interviews et de la préparation d'un défilé parisien. Une histoire d'un succès dans la mode finalement peu passionnante ni éloquente, mais apportant un signe fort d'intégration de la Chine dans un système mondial pré-existant.

15h45 – Cochochi – horizons
Niveau +3

Deux frères qui doivent amener des médicaments à une famille située sur un plateau reculé du Mexique, epreinte le cheval de leur grand père. En route, ils se le font voler. Commence alors une longue quête pour le retrouver et retourner sur le chemin. Captivant, ce film mexicain présente un monde inconnu et pourtant si proche, vu au travers des yeux de deux enfants aux intérêts divergeants. L'un veut continuer ses études, l'autre non, malgré la bourse scolaire qu'il a obtenur. Leur confrontation au monde des adultes permet de pointer le fonctionnement de contrées où l'on communique encore par messages à la radio et où chaque rencontre est autant un danger ressenti qu'une source d'aide non négligeable. Touchante, cette histoire doit beaucoup à une perte de repères progressive, et au jeu des deux protagonistes principaux, aussi différents que convaincants.

17h45 – Sous les bombes – journées des auteurs
Niveau +2

Tourné sur site, peu de temps après les bombardements israéliens de l'été 2006, ce film libanais est le récit de la quête d'une femme revenue de Dubaï chercher sa mère et son fils. Sous forme de road movie, et à l'aide de quelques archives ponctuellement utilisées, le réalisateur nous fait voir découvrir un pays anéanti, dans lequel la solidarité cohabite avec le journalisme téléguidé. Accompagnée d'un chauffeur de taxi à l'allure de roublard, l'héroïne va peu à peu évoluer, passant du calme à la panique, de la distance due à l'exil à une complicité avec ses semblables. Certaines scènes, caméra à l'épaule, sont des plus déchirantes, comme la recherche du cercueil de la mère, d'autre sont simplement effrayantes, comme la juxtaposition de reportages télé présentant une accalmie des tensions et un défilé d'enterrement pronant la haine contre les américains et les israélines.

En plus:
La fille coupée en deux – hors compétition
Niveau +2

Lire la critique du film « La fille coupée en deux » par Olivier Bachelard

Source: OB

03/09/07

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