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Venise 2007 - Jour 4 – Loach retourne au social et le Mexique livre un angoissant thriller politique


Samedi 01 septembre 2007

10h45 – It's a free world – compétition
Niveau +3

Un an et demi après sa palme d'or à Cannes, Ken Loach nous revient avec un film dans la veine sociale qui a fait sa renommée. S'attaquant cette fois-ci au recrutement de travailleur immigrés par des agences souvent peu scrupuleuses, il dresse le portrait d'une jeune femme désireuse d'en finir avec les boulots précaires. Se plaçant pour une fois du côté des entrepreneurs (Stephen Frears l'avait fait avec « The van »), il creuse son sillon de l'injustice, pointant un système dans lequel quasiment tous les maillons de la chaîne sont voués à la duperie, et dans lequel l'envie de réussir « vite » n'est pas sans risques ni concessions à la morale. « It's a free world » réussit une nouvelle fois quelques scène choc, et dresse un portrait assez bouleversant des immigrants et de leurs conditions de vie, ce jusqu'à l'écoeurement.

14h00 – La pluie des prunes – journées des auteurs
Niveau +1

Déstabilisant au début, ce petit film français fait forcément penser à « Lost in translation ». Gilbert Melki, déboussollé, y campe un auteur français, venu au Japon pour assister aux répétitions d'une de ses pièces. Laissant de côté toute précision inutile, l'auteur s'amuse de la présentation des comédiens, interprétant lapin, grenouille... ou coureur cycliste. Mais après quelques remarques judicieuses sur les français, qui n'ont pas l'habitude de voyager en famille, la grand mère qui accompagne son petit fils retrouve tout à coup la parole, et le film se transforme en balade touristique et dialogue intime entre le deux français. Il y perd malheureusement beaucoup de son charme et du ton qui faisait son originalité. Dommage.

17h45 – La zona – journées des auteurs
Niveau +4

Le deuxième choc du festival provient du cinéma mexicain, avec un thriller aussi passionant qu'efficace, « La zona », qui aurait mérité de figurer en compétition. Témoignage terrifiant sur les différences de niveau de vie, le film met en scène une communauté fermée, qui à la suite d'un orage, tente de cacher la bavure qui suivit l'incursion de trois adolescent dans leur quartier. Guerre ouverte contre la police locale, traque du dernier survivant et témoin, mépris de l'humain, pressions psychologiques sur les discidents d'une majorité encline à la violence, le scénario, intelligent épingle paranoïa ambiante, corruption et autodéfense. Nerveuse, la caméra à l'épaule paraît fébrile à l'extérieur et plus calme à l'intérieur de cette zone « protégée ». Elle suit le périple de deux adolescents, l'un fuyard, l'autre fils inconscient d'un des plus influents membres de la communauté. Une grande réussite à la fois politique et cinématographique.

20h15 – 24 mesures – semaine de la critique
Niveau +3

Pour sa première réalisation, Jalil Lespert (« Bella Ciao ») frappe fort, offrant aux spectateurs vénétiens l'un des films les plus brutaux du festival. Portraits croisés de 4 personnages (une prostituée, un employé croyant, une jeune lesbienne et un joueur de batterie. Questionnant une nouvelle fois le rapport au père (et à l'enfant), de manière violente et crue, son film interroge aussi sur la foi et la supposée existence d'un Dieu. Terminant chacun de ses portraits sur une scène choc, Lespert imbrique ces destins blessés en laissant peu de place à l'espoir. Un film dont on reparlera très vite.


En plus:
Les amours d'Astrée et Céladon – compétition
Niveau +1

Lire la critique du film « Les amours d'Astrée et Céladon » par Olivier Bachelard

Source: OB

02/09/07

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