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Venise 2007 - Jour 3 – De Palma imbrique les images de l'occupation de l'Irak


la veille:

22h30 – Michael Clayton – compétition
Niveau +2

Première bonne surprise, « Michael Clayton », qu'on supposait comme une sorte d'Erin Brokovich au masculin, n'a rien d'un film de procès. Pourtant le sujet s'y prêtait aisément: un conseiller d'une firme d'avocat est sensé résoudre le problème de l'un de ses collaborateurs et ami, qui ayant pété les plombs, semble monter un dossier contre ses propres clients, une firme de recherche agraire. Deuxième bonne surprise, le scénario mélange avec une certaine tension, les enjeux personnels, notamment amicaux et humains, à ceux des firmes. Il pointe au passage les excès de pression et l'incapacité des plus fraîchement nommés à diriger. On regrettera juste que ce dernier rôle soit tenu par une femme, aussi remarquable soit ici Tilda Swinton.

Vendredi 31 août 2007

9h00 – Searchers 2.0 – Horizons
Niveau +1

Filmé en vidéo, ce petit film met en contact un mexicain et un américain ayant tous deux tournés dans des western dans leur jeunesse. Traumatisés par leur rencontre sur un plateau avec un scénariste renommé, ils vont partir à sa rencontre pour se venger. Entre deux discours passionnés sur les codes du western et la acteurs de légende, « Searchers 2.0 » se paye le luxe de quelques allusions poltiques et d'un duel façon quizz cinéphile. La forme n'est pas très aboutie, mais le discours est amusant, tout comme la fin, qui après le road movie familial, tourne à la parodie de western plutot amusante.

10h45 – Nessuna qualité egli eroi - compétition
Niveau -1

Abusant sérieusement de musiques monocordes aturées, pour tenter de créer un suspense dans une histoire qui s'y prête finalement peu, l'auteur du premier des trois films italiens en compétition rate son coup. Sombre histoire d'un homme endetté et stérile, qui fait la rencontre du fils perturbé de son créancier, « Nessuna... », s'il intrigue au début par ses personnages énigmatiques, sombre finalement dans une semi-folie, faite d'obsession, de corps décharnés et de choix pas forcément crédibles. Si le thème de la haine du père passe tout à coup au premier plan, ce n'est que pour mieux l'esquiver par des sursauts de souffrance trop appuyés. Dommage pour Bruno Todeschini, dépressif et fuyant, et pour Irène Jacob, qu'on a décidément du plaisir à retrouver, même en faire valoir.

13h00 – L'aimée – Horizons – documentaires
Niveau +2

Arnaud Desplechin filme sa famille et enquête, en compagnie de son père, sur le destin tuberculeux de sa grand mère paternelle. Morte deux ans après la naissance de ce dernier, ils reconstituent ses derniers moments, sa séparation d'avec son fils, forcée par la contagion et les séjours en sénatorium. Etrangement, le réalisateur préfère s'appuyer sur les lieux, les maisons, liés à cette femme, plutôt qu'utiliser des images d'archives ou des photos. Les souvenirs sont d'ailleurs peu montrés en gros plan, juste suggéré, l'important étant plutôt dans le ressenti du père, dont le passé ressurgit au travers de vieux cartons, de lettres et de lieux oubliés. Et l'émotion naît alors, sans effets, tout simplement.

15h00 – Girl with the black soil – Horizons
Niveau +2

D'abord tourné vers le portrait d'un père, sur lequel le sort s'acharne (il se découvre malade des poumons, a un fils attardé, perd son travail, apprend que sa maison va être rasée...), le récit de « Girl with a black soil » se concentre ensuite sur la fille de ce dernier, qui va peu à peu prendre la direction des choses. Bouclant son film autour d'un arrêt d'autobus, symbole initial de l'attente heureuse d'un père qui rentre du travail, le réalisateur le conclut de manière plutôt dépitée, la fillette, le regard perdu, voulant fuir un environnement néfaste. Avare en paroles, le film dépeint cependant un contexte social intéressant, donnant à voir un système social totalement défaillant, face aux suppressions d'emplois dans les mines. Un film sombre, comme les montagnes grisâtres dans lesquelles le petit village se vide peu à peu.

18h30 – Redacted - compétition
Niveau +3

Brian De Palma épingle les contradictions de son pays, les excès de pouvoir de l'armée, comme le niveau intellectuel alarmant de ses soldats, recrues supposées d'élite, capable pourtant des pires attrocités. Jouant sur les modes de représentation d'un même événement (le viol d'une jeune irakienne de 15 ans), par des médias différents, tous utilisant l'image, il retrace l'un des évènements honteux de l'occupation de l'Irak. Internet, caméras de surveillance, film amateur de l'un des soldats, documentaire français, télévision arabe, tous les médias contribuent à dresser un portrait acablant de l'armée américaine, comme des médias dont il met en cause la non participation aux évènements relatés. Un film coup de poing.

24h00 – The nanny diaries – hors compétition – nuits vénitiennes
Niveau +2

Scarlett Johansson n'a finalement pas fait le déplacement pour le nouveau film du réalisateur de « American splendor ». Fidèle à sa réputation de documentariste, Robert Pulicini, qui met en scène ici avec sa femme, entâme son film tambour battant, avec une réjouissante observation des moeurs des new yorkais habitant l'upper east side, quartier des plus aisés. Son idée originale: présenter ces peuplades et leurs spécimen, derrière des vitrines, à l'image de celles du muséum d'histoire naturelle, et passer des figures de cire aux personnages réels. Le reste du film, malgré quelques jolies allusions à Marie Poppins, est sans grande originalité, mais fait la part belle aux seconds rôles, tels Paul Giamatti ou Laura Linney, formidablement inbuvable.

En plus:
L'histoire de Richard O. - Horizons
Niveau +1

Lire la critique du film L'histoire de Richard O.
par Olivier Bachelard

Source: OB

01/09/07

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