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Venise 2007 - Jour 10 – Mikhalkov observe sa Russie et les premiers prix tombent


Vendredi 07 septembre 2007

8h30 – 12 -compétition
Niveau +4

Depuis « Le barbier de Sibérie » on n'avait pas vu un film de Nikita Mikhalkov. Sensé préparer « Soleil Trompeur 2 », le voici finalement de retour avec « 12 », remake à peine voilé de « 12 hommes en colère ». Après une ouverture choc, toute de noir et blanc vêtue, où le réalisateur russe montre un jeune homme à vélo, suppliant sa mère de parler russe, le spectateur se retrouve en quasi huis clos avec les 12 jurés, dans un gymnase. Si on connaît le principe, un seul juré s'opposant initialement à la condamnation d'un tchétchène supposé avoir tué son beau père, officier russe, à coups de couteaux, le fond change ici du tout au tout. Car Mikhalkov rend son récit dynamique, grâce à de furtifs flash-back, dont un, lancinant, où un chien courre sous la pluie, au milieu des décombres. Un film politique, qui d'une manière subtile, apporte bien des données sur l'Etat de la mère Russie et ses relations avec ses enfants, libres de partir ou non, sans mordre la main qui les a nourris. Et prône une solidarité disparue. Puissant.

11h00 – Chaos - compétition
Niveau -1

Youssef Chahine fait décidément dans les films de plus en plus schématiques. Si on lui reconnaît sans problème une dimension et un discours politique, ici concernant la corruption policière, on a de plus en plus de mal à trouver ses histoires crédibles. Car dans le fond, son méchant sergent, s'il nous conte son passé difficile dans une jolie scène, est bien grossièrement vulgaire et vile (il use de tout, chantage, menaces, photomontages, sortilèges, enlèvements, séquestrations, y compris dans ses relations amoureuses. Mais surtout, Chahine nous conte une histoire abracadabrante, indigne du plus mauvais des épisodes de Dinasty. L'enlèvement en public, la robe sèche après avoir sauté à l'eau, la confection du portrait robot, les agissements solitaires du juge et de la victime, les agissements des policiers autour du sergent, tout sonne absolument faux. Ajoutez à cela des incrustations pathétiques lors des déplacements en voiture, bateau, ou moto, et vous aurez une idée du désastre.

14h00 – Andalucia – journées des auteurs
Niveau +2

Yacine est un beurre trentenaire qui vit dans une caravane en banlieue parisienne. Désireux de ne pas couper avec ses racines, il entretien des liens ténus avec la religion, la bonté envers les autres, et change régulièrement de travail. Récit d'une errance à la recherche d'un lieu auquel le personnage pourrait appartenir, où il se sentirait à sa place, « Andalucia » dégage un charme certain, autant qu'un humour inquiétant. Stigmatisant les entrées dans un système, au niveau travail, familial, religieux, le scénario surprend en s'attaquant aux clichés sur la banlieue, et à la question de la place des minorités raciales dans la société. Jamais où on l'attend, l'acteur principal touche, et s'offre un final déroutant.

17h15 – Non pensarci – journées des auteurs
Niveau +3

Voici enfin une vraie comédie venue d'Italie, et certainement le meilleur film en provenance de la péninsule de cette édition. Portée par un trio d'acteurs épatants (2 frères et une soeur), « Non pensarci » est une histoire de retour en famille, et de lutte pour éviter un naufrage, celui d'une usine. Loin d'être un film social, il s'agit d'une vraie comédie de situation, mais surtout de moeurs, usant de ressorts souvent dramatiques, comme la dépression ou l'échec professionnel, pour mieux cerner l'humain. Chacun a besoin d'une pause, et c'est ici pour les festivaliers, l'une des plus belles.

22h30 – Otryv – semaine de la critique

La journée se termine par un autre film russe, voyage intérieur de deux hommes vers les êtres chers qui ont péris dans le crash d'un avion. Perdus dans leur monde fait de cauchemars, de fantasmes et de peur, les personnages passent d'un état psychique à un autre et rencontrent divers portagonistes de l'accident. D'abord l'envie de comprendre (la commission d'enquête), puis le refus (les morts) et enfin le besoin de blâmer quelqu'un (le contrôleur aérien). Malheureusement aussi obscur que mal éclairé, le film sombre rapidement dans un incompréhensible brouhaha, où les rires remplacent les larmes. Un film compliqué et irritant.

Comme le festival touche à sa fin, les premiers prix commencent à être décernés, avant le grande cérémonie de Clôture de demain soir:

Grand Prix de la Semaine de la critique:
The most distant course

Prix Future Film Festival Digital Award:
Redacted (De Palma)

Prix Cinéma et Littérature:
Atonement

Prix Signis 2007:
In the valley of Elah (Paul Haggis)
mentionsà: It's a free world (Ken Loach) et La graine et le mulet (Kechiche)

Prix des droits de l'homme:
Man from plains (Jonathan Demme)
mentions à Redacted et It's a free world

Prix de la Jeunesse:
La graine et le mulet (compétition)
Non pensarci (film italien)
Sous les bombees (autres visions)

La suite, demain...

Source: OB

08/09/07

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