News Cinéma

Venise 2006 - Jour 8 - Le long cauchemar de David Lynch


Mercredi 06 septembre 2006

8H30 - Hors compétition - LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA de David Frankel

David Frankel, réalisateur de quelques uns des épisodes de Sex and the city réalise ici son premier film de fiction adapté d'un roman à succès. Portrait d'une tigresse à la tête d'un magazine de mode, "Le diable s'habille en Prada" est une comédie enlevée portée par un trio d'actrice aussi élégantes qu'investies. Anne Hathaway donne de la consistance à son rôle d'assistante débutante qui sait être la plus maline. Emily Blunt joue l'assistante principale, obsédée par son poids et l'espoir d'assister aux défilés parisiens.

Enfin, Meryl Streep incarne dans les moindres détails, de l'air dédaigneux au pincement des lèvres signe de catastrophe esthétique, cette rédactrice en chef que certains comparent à un dragon. Humaine autant que sadique, elle est le coeur de ce film témoignage made in Hollywood.

10H45 - Hors compétition - INLAND EMPIRE de David Lynch

Depuis "Mullholland Drive" David Lynch n'était pas retourné derrière la caméra. C'est chose faite avec "Inland Empire" oeuvre qui utilise le procédé du film dans le film. Après une première partie saisissante, et traitant de l'adultère et de ses conséquences, où Lynch impose une ambiance inquiétante, le film bascule dans le cauchemar, pour ne réveiller le spectateur que deux heures plus tard. Tous les repères sont brouillés, mais ça et là apparaissent quelques indices, qui formeront les clés de la dernière partie, courte mais révélatrice.

Si chacun aura sa lecture du film, la trame globale paraît au final plus simple que celle de "Mullholland Drive". Pourtant la longueur et la complexité du cauchemar central déroute fortement, d'autant que la très médiocre photographie, ici en vidéo HD ne joue pas en faveur du film. Beaucoup s'y perdront certainement en chemin.

16H15 - Compétition - Film surprise - STILL LIFE de Jia Zhang Ke

"Still life" est l'histoire d'un père que recherche sa fille. Venant d'une autre province, il se rend à l'adresse indiquée et s'aperçoit que la rue est aujourd'hui située... sous l'eau. Vous l'aurez compris l'intrigue du film tourna autour de la réalisation du fameux barrage qui doit engloutir deux centaines de milliers d'habitation. Et la chose prend avec ce film une réalité aussi palpable qu'effrayante. Le déplacement des population déchire des familles, les maisons sont détruites par des hommes employés par le gouvernement, et, élément anonciateur, les cotes des futures hauts sont indiquées périodiquement à même les murs.

Ce portrait touchant d'un "immigré" dans son propre pays (il a simplement changé de province), utilisé pour se faire de l'argent, mal accueilli, et employé à la basse besogne, doit beaucoup à son interprète principaL. Rapidement l'on s'aperçoit que son objectif privé passe après celui des gens qui l'entourent et l'exploitent. La déshumanisation du pays et de ses hommes devenus uniquement des rouages d'un mécanisme de production (ici de destruction) collective a rarement été aussi bien montrée.

20H45 - Semaine de la critique - EGYETLENEIM de Gyula Nemes

Avec un montage très resserré et des passages où l'on se rapproche du clip vidéo, Gyula Nemes donne toute la superficialité de son héros, passé maître dans toutes les techniques de drague. Du prétendu rendez-vous fixé sur internet, aux faux sondage sur la sexualité, en passant par la drague lourde et franche ou le dialogue culturel, tout y passe, et ne relève pas nécessairement du plus bon goût. Le personnage fait fuir les prudes, adeptes du mariage sans consommation, en leur parlant de Gorge profonde - le film porno. Il se fait aussi parfois prendre à son propre jeu.

Amusantes à suivre, les péripéties de ce jeune homme entreprenant sont parfois à la limite du supportable visuellement, du fait des mouvements de caméras à l'épaule volontairement non maîtrisés. Tout cela donne parfois le tournis, voire peut rend malade ceux qui ont le mal de mer ou des transports. Reste que la mise en scène rend à merveille le syndrome du zapping qui étreint ce garçon et sa génération, notamment en matière de relations amoureuses.

22H30 - Compétition - CES RENCONTRES AVEC EUX (QUEI LORO INCONTRI) de Jean Marie Straub et Danièle Huillet

Straub et Huilliet continuent de se moquer du monde. Avec "Ces rencontres avec eux", il "adaptent" (c'est un bien trop grand mot) cinq extraits d'une pièce de théâtre. Les textes sont ainsi déclamés par des acteurs d'un théâtre municipal, placés une nouvelle fois en pleine nature, qui prennent un malin plaisir à s'arrêter au beau milieu des phrases pour reprendre leur souffle et faire sentir le "rythme chanté" de ces flots de paroles.

On ne niera pas que les plans sont élégamment construits, mais leur faible quantité conjuguée à la statique des personnages comme à certaines poses frisant le ridicule, nous emmène loin de ce qu'on appelle le cinéma. Et on assiste donc à du théâtre figé filmé où l'imagination manque cruellement. Les adeptes nous rétorqueront que le travail en la matière est à faire par le spectateur. Une belle excuse pour justifier un manque d'inspiration, voire sa négation. Le rien dans toute sa splendeur: insupportable!

Source : OB

07/09/06

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