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Venise 2006 - Jour 6 - The fountain déçoit cruellement


Lundi 04 septembre 2006

8H30 - Hors compétition - THE WICKER MAN de Neil Labute

Alors qu'il est vient d'arrêter une voiture sur le bas côté, ceci pour redonner à une petite fille la poupée qu'il a trouvée sur la chaussée, un officier de police voit le véhicule se faire percuter par un camion et ses occupants mourir dans les flammes. Choqué, il prend alors le temps de répondre à la lettre d'une ancienne petite amie qui vit dans une communauté de femmes sur Summer Isle, île isolée, et qui affirme avoir perdu sa fille.

De cette sombre histoire plus ou moins "sectaire", on retiendra la faculté de Neil Labute ("En compagnie des hommes") à créer un univers inquiétant, proche du prisonnier, où la loi du silence est reine, et les abeilles aussi (comprenne qui verra). L'intrigue est cependant rapidement prévisible, anéantissant tous les efforts d'un Nicolas Cage, visiblement impliqué, dont on sent le personnage pressé par un désir de justice.

10H30 - Compétition - THE FOUNTAIN de Darren Aronosky

Le film le plus attendu du festival (côté compétition tout au moins) est un ovni cinématographique à la construction certes brillante, mais au discours ésothérique qui vous laisse perplexe. Il s'en dégage par moments une forte émotion, mais l'aspect répétitif de certaines scènes mettant en âbimes les trois époques où se déroule cette histoire agacent profondément. Comme le Miyazaki hier "The fountain" traite en grande partie de l'acceptation de la mort, mais sa forme à bien du mal à rencontrer une quelconque résonance chez le spectateur qui se demande notamment à quoi sert la partie espagnole de l'histoire.

Visuellement certains passages (dans le futur) sont certes sublimes, mais n'apportent finalement que peu de choses à un récit des plus confus si l'on tente soi même de relier les trois époques. Les acteurs en font des tonnes dans le mélodrame. Alors que l'histoire se déroulant de nos jours aurait pu fonctionner - un médecin tentant de trouver un remède au cancer, alors que sa femme est elle-même malade - on se demande si Aronofsky n'a pas changé plusieurs fois d'avis durant l'écriture d'un scénario poussif et finalement bien minimaliste. Le film lui n'en finit pas de se terminer. Il a été ici copieusement hué lors de la projection de presse. Une grosse déception donc.

13H00 - Compétition - BOBBY de Emilio Estevez

Le premier film de réalisateur d'Emilio Estevez, deuxième fils de Martin Sheen (après Charlie) nous propose de suivre une série de personnages tous liés par les préparatifs de la soirée de gala organisée dans un hôtel de Californie pour les primaires des élections présidentielles américaines de 1968. Lors de cette fameuse soirée, Robert Kennedy (alias Bobby) sera assassiné. Point de réel suspense donc mais simplement une galerie de portraits emmenée par une distribution des plus prestigieuses.

Si cela ne nuit pas, au contraire à la qualité du film, il faut avouer que l'on passe la première demi-heure du film à se demander quel nouvel interprète va pouvoir apparaître à l'écran. Et l'on est servi avec Sharon Stone, William H MAcy, Demi MOore, Laurence Fishburn, Anthony Hopkins, Emilio Estevez, Martin Sheen, Helen Hunt, Joshua Jackson, Lindsay Lohan... Toutes les générations sont présentes pour mêler la grande Histoire à l'intime, le réalisateur n'hésitant pas à s'intéresser aux moindres détails de la vie privée de ses personnages (alcoolisme de la chanteuse, infidélité du manager...).

Judicieusement, Estevez évite de faire jouer Kennedy à une autre personne qu'une doublure dont on aperçoit la silhouette ou le crâne par moments. Préférant mêler images d'archives et plans tournés avec ses interprètes, il arrive ainsi à créer une véritable tension dans les dernières minutes du film, où tous les destins se rencontre au travers des balles tirées par l'agresseur. La superposition d'un discours de Kennedy sur l'inutilité de la violence touche forcément, et permet au film de prendre une dimension universelle sur la fin.

17H00 - Compétition - I DON'T WANT TO SLEEP ALONE de Tsai Ming Liang

Deux après avoir remporter le Lion d'Or, Tsai Ming Liang revient avec un film où lits et matelas tiennent le premier rôle dans les liens qui se tissent entre quelques personnages. D'un côté un jeune ouvrir recueille un immigré blessé et prend soin de lui. De l'autre une femme soigne son mari malade et sous intubation. D'une poésie infinie pour peu que l'on se laisse séduire par son rythme très lent et la quasi absence de dialogues, "I don't want to sleep alone" est aussi un film sur l'intégration et la naissance de l'amour.

Les décors délabrés (chanters, immeuble en quasi ruine, immondices...) prennent sous l'oeil de Tsai Ming Liang une beauté toute particulière. Une réussite, avec un nouveau prix en vue?

20H15 - Semaine de la critique - A GUIDE TO RECOGNIZING YOUR SAINTS de Dito Montiel

"A guide to recognizing your saints" est un autoportrait signé Dito Montiel, réalisateur et auteur du livre du même nom. Récit du quotidien d'un garçon qui veut se sortir d'un milieu (et d'un quartier) qui le cloisonneraient à jamais dans ses choix, il met le doigt là où ça fait mal, entre défaillance de l'éducation et des parents pourtant bienveillants. Histoires de gangs, affrontements sans aucun sens ou pour un rien, susceptibilité mal placée sont les maîtres mots des existences des ados. Et l'absence d'espoir se lit sur leurs visages.

Personnellement le formalisme maniéré m'est apparu assez irritant, même si le film est captivant sur le fond et les interprètes tous impeccables. Robert Downey Jr, qui joue Dito adulte trouve d'ailleurs ici l'un de ses rôles les plus touchants. Et on retrouve surtout avec plaisir l'acteur de "Sweet Sixteen", Martin Compston au charisme toujours aussi puissant.

22H30 - Compétition - L'INTOUCHABLE de Benoît Jacquot

Isild Le Besco retrouve une nouvelle fois Benoît Jacquot pour un voyage dans une Inde aussi sale que captivante. Sale, l'image du film l'est aussi en permanence, dès les premières images, mettant en évidence le côté miteux de l'appartement où vit la mère du personnage. Le pitch est simple: apprenant que son père est en fait un indien, la jeune fille décide de partir à sa recherche dans ce fabuleux pays.

Mais la recherche se transforme en une série de rencontres improbables et surtout en une errance sans fin dans les rues, à l'image des dernières minutes du film, où l'on suit le personnage d'Isild de dos sur quelques dizaines de mètres. Le Besco surjoue dans la tristesse affichée et le scénario ne génère aucune émotion et finit par tourner à vide, malgré la durée déjà très courte du film: 82 mn.

Source : OB

05/09/06

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