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Venise 2006 - Jour 2 - Oliver Stone fait dans le mélo mesuré


8H30 - Hors compétition - QUELQUES JOURS EN SEPTEMBRE de Santiago Amigorena

Avec une sombre histoire d'ancien agent secret poursuivi par un ancien collègue et cherchant à rentrer en contact avec son fils et sa fille, Santiago Amigorena, écrivain, nous livre un premier film intrigant au premier abord, mais irritant au final. L'atmosphère de mystère qu'il sait créer dès le départ, en réunissant les deux enfants et leur protectrice dans un hôtel miteux devient rapidement étouffante et agaçante. Car le réalisateur ne quitte jamais ces personnages de plus de quelques encablées, privilégiant les gros plans restreignant ainsi encore plus l'espace.

Si on est heureux dans un premier temps de retrouver une Juliette Binoche transformée, dont la noirceur du regard traduit à merveille un esprit suspicieux et téméraire, on est beaucoup moins convaincu par les personnages de Tom Reily et Sarah Forestier, improbables demi-frère et demi-soeur dont la réunion paraît un peu trop évidente. De même nos agents secrets d'une simplicité de raisonnement certes sciemment loin du James Bond sont loin de captiver par leurs agissements, et si l'idée du tueur qui consulte son psy en permanence est assez sympathique au début, elle s'avère usante à la longue.

Que dire enfin du dénouement, attendu dès le début - l'action se déroulant en septembre 2001, et qui semble accréditer certaines thèses moralement douteuses, sur une connaissance préalable des évènements du 11 septembre par certaines communautés? Un faux pas sans doute, d'une utilité qu'on peut interroger avec raison.

10H45 - Compétition - HOLLYWOODLAND de Alan Coulter

Décidément les années 50 sont à la mode en ces premiers de festival vénitien. Le premier long métrage d'Alan Coulter en témoigne une nouvelle fois avec une histoire de suicide pas net d'une star du show-bizness.

Point de policiers au centre de l'intrigue cette fois, mais une histoire de détective (Adrien Brody) pris entre deux affaires. D'un côté celle d'un mari jaloux persuadé que sa femme le trompe. De l'autre celle de cet acteur suicidé dont la mère doute de la dépression. Savamment construite, l'intrigue nous balance entre ces deux histoires, de témoignages de proches en implications de gens du métier. On navigue ici dans un univers où l'argent côtoie à la fois vie privée et vie publique.

A l'aide de flash-backs disposés pour la plupart en ordre chronologique, Coulter nous permet de découvrir l'évolution de la vie privée d'un acteur à la belle gueule qui tente de se faire une place à Hollywood. Entre utilisation de la femme d'un magna (Bob Hoskins d'une froideur réjouissante) dont il devient l'amant, désillusions et rançon de la gloire, son personnage livre peu à peu de nombreuses facettes, que le scénario égraine avec parcimonie. Un suspens honorable.

15H30 - Horizons documentaire - THE US VS JOHN LENNON

Dans la section Horizons figurent de nombreux documentaires. Découragé par la durée du film de Spike Lee (plus de 4 heures), pourtant porté par d'innombrables louanges, je décide de tenter le coup avec "The US vs John Lennon", ou le récit du conflit qui opposa John Lennon à l'administration Nixon.

Ceux qui comme moi ne connaissent pas dans le détail la vie du chanteur des Beatles découvriront ici son niveau d'implication politique, notamment dans les mouvements pacifistes anti guerre du Vietnam. Si le documentaire, au travers de nombreux entretiens, notamment d'anciens agents du FBI ou de membres de l'administration de l'époque montre bien la crainte des politiques vis à vis du pouvoir grandissant du chanteur auprès des masses populaires et surtout des jeunes, il ne s'attarde pas sur les troublants liens (notamment de financement) qu'il a entretenu à une époque avec les Black Panters.

Reste que le tableau fait d'une administration prête à toutes les entorses légales pour renvoyer Lennon dans son pays (l'Angleterre), usant d'écoutes téléphonique et de procédés judiciaires douteux, préfigure bien la chute d'un président (Nixon) intervenue par la suite. Un témoignage documenté mais qui ne dégage aucune émotion particulière malgré une fin que l'on connaît tous, mise en scène ici de manière simple et choc.

20H15 - Hors Compétition - WORLD TRADE CENTER

Après quelques scènes familiales destinées à introduire les personnages Oliver Stone entre dans le vif du sujet et suggère plus qu'il ne montre. Une ombre d'avion passe furtivement sur un immeuble. Quelques regards inquiets se détourne de leur errance matinale. Une sourde déflagration fait frémir le distributeur d'eau fraîche. Et les gens commencent à s'agiter, s'informant de toutes parts. Le metteur en scène fait savamment monter la tension, impliquant dans un ordre qu'on sent fébrile nos braves policiers. Le spectateur inquiet, connaissant par coeur la chronologie des évènements, se laisse envahir lui aussi par les grondements sourds d'un des bâtiments les plus connus au monde.

En choisissant d'enterrer dès la première demi-heure du film ses deux futurs héros, Oliver Stone a décidé d'éviter le sensationnel et la reconstitution de la catastrophe, mainte fois rebattue par la télévision. Il se focalise judicieusement sur les deux personnes emmurés vivantes et s'intéresse à leur survie et à celle de leurs proches. Comment vivre l'inquiétude, la peur, sans pouvoir d'un coté comme de l'autre, agir. Là est le fondement de ce film qui n'évite par moments ni mélo ni patriotisme, mais qui sait montrer la terreur individuelle et la nécessité de l'entraide.

Source : OB

01/09/06

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