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Venise 2006 - Jour 1 - De Palma en petite forme


Mer 30 août 2006

Avant propos

L'arrivée sur le Lido de Venise se fait en catastrophe. Sortie du train à 9h33, après une épouvantable nuit sur un matelas dur comme du bois. Heureusement en compagnie d'un couple de canadiens venus passer leur voyage de noce en croisière méditerranéenne. Tout cela avait pourtant un avant goût de Festival, car d'où débarquaient les deux tourtereaux? De Toronto, autre ville centrale en matière de cinéma, qui accueillera son célèbre festival international dès jeudi prochain.

Mais revenons à l'arrivée sur Venise. Première course flanquée d'un compte à rebours de 2h00. A 11h30 a lieu la dernière séance de presse du De Palma. Pas question de louper cela. Avec l'aide d'un collègue, habitué des lieux, je file tout droit sur les vaporetos, direction le Lido, limite terrienne de la baie. Dépose des lourds bagages à la consigne, fort bien organisée, retrait du badge en quelques secondes (pré payé sur internet!) et détour par les casiers de presse, sorti de caverne d'Ali Baba qu'une précieuse carte magnétique ouvre chaque jour, dévoile milles dossiers de presse aux couleurs chatoyantes... mais tout d'anglais vêtus. Car ici point de français, les films sont projetés en v.o. et sous titrés en italien et en anglais.

Dans la salle de projection dédiée principalement à la presse (le Palalido) la possibilité d'emprunter des écouteurs pour disposer d'une traduction simultanée en français existe. Mais avouez qu'écouter une gente dame jouer tous les personnages d'un film, avec un décalage par rapport aux lèvres de ces derniers peut vite agacer. Ceux qui ont déjà regarder les oscars en direct en savent quelque chose. Aussi pour ma part, ce sera la lecture (parfois désespérée) des sous titres en anglais, ou la v.o. anglaise sans sous-titre. Mais je m'égare. Le soleil et les flots bleus nous accueillent ainsi que les lions dorés aux portes de la grande salle. Le De Palma s'annonce, ainsi qu'un début de festival à la sélection plus qu'alléchante.

11h30 - Compétition - LE DAHLIA NOIR de Brian De Palma

Adapté d'un roman de James Elroy, "Le Dahlia Noir" de Brian De Palma est certainement l'un des films les plus attendus de l'année. D'une part car l'auteur à déjà donné lieu à une adaptation de caractère avec "L.A. Confidential". Mais aussi car De Palma n'a pas connu de réel succès d'estime comme public, depuis "Mission impossible". Et le résultat, d'une esthétique parfaite, bénéficiant d'un casting ébouriffant (Scarlett Johansson, Josh Hartnett, Aaron Eckhardt, Mia Kirschner...) n'est pas à la hauteur de l'attente. Nous plongeant dans les années 50, autour du meurtre d'une jeune actrice, le film décrit l'implication personnelle d'un policier dans la recherche du tueur. Donnant dans le suspens surfait, le réalisateur semble déteindre sur le jeu de ses interprètes. Scarlett Johansson joue l'étonnement la bouche ouverte et Josh Hartnett en fait des tonnes. Seul Aaron Eckhardt réussit à garder ce mélange de séduction ambiguë qui lui sied si bien. Reste une intrigue complexe qui ravira peut être certains, mais qui nous tient en permanence à distance de personnages dont on ne ressent étrangement à aucun moment ni la duplicité pour les uns, ni la perversité pour les autres. Une belle reconstitution qui sonne bien creux.

18H30 - Horizons - INFAMOUS de Douglas Mc Grath

Pour ceux qui ont vu en début "Truman Capote", l'histoire d' "Infamous" ne sera pas vraiment une nouveauté puisqu'il s'agit d'une nouvelle chronique sur la vie du célèbre journaliste devenu romancier. Et étrangement le film de Douglas Mc Grath s'aventure relate les mêmes périodes de la vie de l'auteur, autrement dit la génèse de son unique oeuvre aboutie "In cold blood" ou sa rencontre avec deux meurtriers, de leur arrestation jusqu'à leur exécution.

Un peu bancal "Infamous'" adopte dans une première partie un ton comique bienvenue, insistant sur le caractère ordurier du journaliste et sur sa voix de crécelle qui lui vaut à maintes reprises d'être pris pour une femme. Entouré d'une copieuse distribution (Sigourney Weaver, Sandra Bullock...), l'acteur principal donne dans l'excès mesuré. Il en fait malheureusement un peu trop dans la seconde partie du film, où sa relation avec l'un des tueurs (Daniel Creig, futur James Bond) envahit son existence, tout comme son oeuvre à venir. Malgré une belle conclusion sous forme de commentaire sur la création, le film donne trop dans le mélo et n'a ni la noirceur décalée de "Truman Capote", ni l'étoffe d'une vraie comédie, voire parodie.

21H00 - Compétition - SYNDROMES AND A CENTURY de Apichatpong Weerasethakul

L'auteur du délicieux "Blissfully Yours" et de l'incompréhensible "Tropical malady", au nom imprononçable, mais au sens inné du cadre nous revient avec une comédie sur les traditions, la modernité et la maladie, imaginaire ou non. Dès le début du film commence un défilé de personnages tous plus névrosés les uns que les autres, du moine persuadé qu'un poulet prend possession de lui durant son sommeil au jeune médecin amoureux qui n'ose déclarer sa flamme. On suit ainsi, successivement dans deux parties clairement identifiables les consultations d'une jeune médecin, puis d'un homme fraîchement recruté. Leurs histoires s'entremêlent, entre relations amoureuses. Quand les discussions deviennent anodines ou basculent dans l'intime, le réalisateur sait s'écarter des personnages, éloignant sa caméra vers une fenêtre, un champ. Composant de sublimes plans, il laisse l'esprit du spectateur vagabonder ailleurs, comme hypnotisé par la beauté de l'image. L'action elle, se déroule hors champ, où se nouent les amitiés ou les amours. "Syndromes and a century" confine ainsi à une expérience emplie d'humour qu'on ne peut que recommander.

Source: OB

31/08/06

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