Colère et indignation frappe de nombreux cinéphiles lyonnais, sans parler des employés des CNP de Lyon frappés dans leur dos pendant leurs congés estivaux par leur propre patron…
Petit retour en arrière. Nous sommes le 9 août 2009 et la presse quotidienne lyonnaise rédige dans ses colonnes un article sur « La disparition du matériel de projection du CNP Odéon de Lyon ». Le Progrès indique même que le directeur a déposé plainte au commissariat du 2e arrondissement suite à diverses dégradations et aux disparitions du projecteur 35 mm et de bobines.
Le déménagement
Un retour de congés pour le moins mouvementé à 10 jours de la réouverture du cinéma Odéon. Mais la salle de la rue Grolée ne rouvrira plus et la surprise est de taille : il ne s’agit en rien d’un vol par effraction puisque c’est le propriétaire des CNP de Lyon lui-même qui a dérobé le matériel ! Galeshka Moravioff a profité de l’absence de ses employés (qui se reposaient pendant leurs habituels congés annuels) pour déménager sa salle de cinéma lyonnaise. On se croirait au début du film « Louise – Michel » sauf qu’ici la réalité dépasse la fiction !
Le projecteur a été envoyé à Marseille où Moravioff possède deux salles de cinéma (il est également propriétaire de trois salles à Paris). Lyon 1re, la radio lyonnaise, indiquait sur ses ondes que l’ensemble des fauteuils reposait maintenant à L’Institut Lumière. Le bâtiment de l’Odéon fait donc l’objet d’une vente et des acheteurs se seraient déjà faits connaître… mais pas pour y installer une salle obscure on s’en doute bien, les salons de coiffures et les magasins de fringues sont bien plus rentables que le cinéma d’art et d’essai.
« Je ne vois pas pourquoi je préviendrai les employés d’une décision technique »
Par médias interposés, Moravioff et la Mairie de Lyon ont répondu aux attaques qu’ils se sont mutuellement lancés. Ainsi, dans Lyon Capitale le premier se défendait : « C’est mon droit le plus absolu. Je ne vois pas pourquoi je préviendrai les employés d’une décision technique. » Et d’accuser les collectivités : « Je ferme ce cinéma à contre-coeur. L'Odéon est une victime collatérale de la concurrence des multiplexes. [Il] aurait pu survivre avec des aides de la mairie et de la région ». Réponse immédiate de Georges Képéniékian, adjoint à la culture de la Mairie de Lyon, interrogé par Le Progrès : « Galeshka Moravioff n’est pas quelqu’un de sérieux. S[’il] avait eu un vrai projet, nous l’aurions aidé. Mais il n’a pas de projet. »
Jean-François Buiré, président de l’association « Les Inattendus » (organisatrice d’un festival lyonnais bisannuel qui porte le même nom) croit savoir que le CNP Terreaux serait dans la tourmente. Il rapporte dans une lettre ouverte qu’« A des employés des CNP venus constater le pillage, Moravioff a dit qu'il faisait ce qu'il voulait, ajoutant qu'il conserverait le site de Bellecour « comme une poire pour sa soif », ce qui n'est pas de bon augure pour celui des Terreaux. » A Lyon Capitale, Galeshka Moravioff assure ne pas avoir d’autre fermeture de prévue, tout en concédant la nécessité d’une « restructuration ».
Ripostes
Les lyonnais qui fréquentent les CNP savent la dégradation des conditions de projection dans certaines de ces salles et se doutent de la mauvaise santé financière de leurs trois CNP. Néanmoins, Buiré rejette la faute sur la gestion de Moravioff, en estimant « qu'il aurait favorisé ses salles marseillaises et parisiennes au détriment des lyonnaises. » Le patron est donc attendu dès son retour de congés, en septembre, pour connaître la suite donnée à ce déménagement. Et c’est justement le samedi 5 septembre 2009 que le Collectif de Soutien aux CNP, les employés des CNP et l’association « Les Inattendus » organisent une journée de protestation contre les conditions de fermeture de l’Odéon, et de soutien aux CNP et à leurs employés. Le rendez-vous est donné toute la journée place des Terreaux à partir 9 h 30 (voir le détail de la manifestation à ce lien : http://lyon.novopress.info/4283/contre-les-conditions-de-fermeture-de-lodeon-une-journee-de-mobilisation-et-de-protestation/).
Un mouvement de soutien pour les CNP de Lyon, un mouvement également symbolique pour rappeler notre attachement à l’ensemble des cinémas Art et essai de notre pays.
Mathieu Payan
01/09/09
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