Dire que le nouveau film de l’auteur du formidable « Tarnation », sorti en France fin 2004, était attendu relève de l’évidence. Moins centré sur son nombril, Jonathan Caouette signe avec « Walk away Renée » (+3) un chant d’amour intense pour sa mère. Dépressive depuis l’adolescence, détruite par les nombreux électrochocs qu’on lui a fait subir (une centaine), Renée est aujourd’hui soignée au lithium (mais pas que). Chez le metteur en scène, la narration éclatée correspond à sa propre psyché. Ici, elle semble plus linéaire ce qui prouve que, de son côté, il va bien mieux. Moins dérangeant mais tout aussi franc et audacieux, le réalisateur compare, dans son nouveau métrage, le mental de sa mère à une association pour laquelle il a tourné un clip, association prônant l’existence d’une vie parallèle issue d’autres planètes (le clip en question est montré à la toute fin du générique). Gardant l’idée de montage kaléidoscopique, Jonathan Caouette alterne les scènes en train de se faire (le déplacement de Renée d’une institution à une autre en voiture) avec le passé de celle-ci, remontant le fil des ans. Probablement moins flamboyant point de vue réalisation, « Walk away Renée » n’en reste pas moins un film des plus émouvants dédié à toutes les mères du monde.
Comme nous avions été voir « Viva la Muerte » de Fernando Arrabal mardi dernier, nous avons décidé (faute aux films déjà vus et aux séances qui commencent à être complètes) d’assister à la projection de « Portier de nuit » de Liliana Cavani (+2), qu’elle a choisi de montrer dans sa propre Carte blanche. Datant de 1974, époque à laquelle il fit scandale, le métrage traite d’un amour impossible, celui d’un nazi (Dirk Bogarde) avec une ancienne prisonnière des camps de concentration (Charlotte Rampling). Première bonne surprise, le métrage (devenu très rare), dont les seules copies restantes étaient gravement endommagées, a fait l’effet d’une restauration dantesque par l’éditeur vidéo Wild Side. Du coup, l’image n’a jamais été aussi belle. Mais le choc qu’il avait provoqué en son temps s’est considérablement estompé. En outre, la mise en scène, quelques fois paresseuse, n’arrive pas toujours à éviter l’ennui. Quoi qu’il en soit, le film a été fortement applaudi et Liliana Cavani a répondu avec une grande élégance aux questions des spectateurs qui portaient moins sur le sujet que sur la mise en scène. Preuve que le temps a passé et qu’aujourd’hui, l’intérêt intrinsèque du métrage a pris le pas sur le scandale, ce qui n’est probablement pas plus mal.
L’avant-dernier jour du festival a du connaître son taux de fréquentation le plus haut. Nous avons tout de même pu nous introduire à la projection unique de « Beyond the black rainbow » de Panos Cosmatos (+2), fils de George Pan Cosmatos (« Rambo II : la mission », « Leviathan », « Tombstone »). Le premier film du metteur en scène conte la tentative de fuite désespérée d’une jeune femme séquestrée dans un laboratoire expérimental. On ne sait d’ailleurs pas vraiment ce que le laboratoire a finalement d’expérimental, dans ce métrage auquel on ne comprend pas grand-chose, mais où le travail sur l’image et le son est superbe. Le réalisateur puise sans scrupule dans les films de science-fiction des années 60/70, et on trouve là une idée de scénario issue du « Soleil vert » de Richard Fleischer, ici une idée visuelle déjà vue chez Stanley Kubrick (« 2001, L’Odyssée de l’espace ») ou chez Georges Lucas (« THX 1138 »). Sans identité propre, Pan Cosmatos a réalisé un film psychédélique et hautement hypnotique, qui ne plaira pas à tout le monde (certains ne se sont pas gênés pour partir en cours de film) mais qui reste une expérience à tenter.
Demain dimanche, dernier jour du festival, nous saurons enfin quel film en compétition se verra récompensé du Prix Nouveau genre.
Source: Christophe Hachez
11/09/11
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