Samedi 26 janvier 2008
Après deux jours bien remplit, c'est à une petite journée de quatre films que nous nous préparons. Mais quels films !
DIARY OF THE DEAD
La journée commence donc avec le huitième film de la compétition, le très attendu “Diary of the Dead” de George A. Romero, sur des étudiants en cinéma décidés à couvrir une invasion de morts-vivants avec leurs caméras numériques. Un nouveau film de zombies pour le maître, certes, mais loin de ses précédents opus. Ici, pas de place pour la satire politique et le gore symbolique (dommage pour un Romero), nous sommes en présence d'une comédie horrifique placée sous le signe de la bonne humeur. Avec son casting sortit d'un teenage-movie, son sujet peu original et son concept déjà galvaudé (avec “Clovefield” et “REC”, c'est le troisième film-vérité tourné en DV), “Diary of the Dead” ne partait pas gagnant. Mais c'était sans compter le talent de Romero, qui fort de ses 40 ans d'expérience, maintient son film à un niveau de qualité évident. Jamais ennuyeux, parfois très drôle, le cinquième zombie-movie du cinéaste se révèle rapidement être une petite récréation dans sa filmographie. Rien de honteux donc, mais on en attend finalement plus d'un réalisateur de cet acabit. Vivement le prochain Romero, donc.
APARECIDOS
On reste à l'Espace Lac pour un film que personne n'attendait, une coproduction Argentine/Espagne présentée hors-compétition. “Aparecidos”, premier film de Paco Cabezas, constitue une sacrée bonne surprise. Malena et Pablo, une soeur et un frère voyageant en Argentine, découvrent un journal intime qui décrit des crimes commis vingt ans auparavant. Cette même nuit, une famille est assassinée selon les détails du journal. Malena et Pablo tentent alors de faire la part entre le réel et l'imaginaire. Avec un tel sujet, on était en droit de s'attendre à un film dans la lignée des travaux d'un Jaume Balaguero, le tout relevé par les décors sauvages de la Terre de Feu. Mais, bien heureusement, Paco Cabezas sait ce qu'il fait et s'éloigne rapidement des sentiers battus pour arpenter les chemins autrement plus douloureux de la dictature argentine.
Film de fantômes d'une beauté crépusculaire, hantés par ses personnages à fleur de peau (la jeune Ruth Diaz, vue dans le téléfilm “A louer” de Jaume Balaguero, est excellente), “Aparecidos” s'intéresse aux disparus. Par le biais d'une mise en scène simple et presque naturaliste, Cabezas nous emmène aux confins de l'horreur, distillant l'angoisse avec originalité (la mort de l'enfant, les apparitions du Docteur), traitant avec humilité et respect d'un sujet lourd en le travestissant en film d'horreur. Une oeuvre culottée et sincère qui aurait méritée une place dans la compétition.
L'ORPHELINAT
Précédé d'un hommage rendu au cinéaste japonais Takashi Shimizu, “L'Orphelinat” est l'avant-dernier film de la compétiton. Un film de fantômes espagnol, produit par le grand Guillermo Del Toro et réalisé par le tout jeune Juan Antonio Bayona, venu présenté son film avec émotion et humilité. De retour dans l'orphelinat qui la vut grandir, Laura est témoin d'évènements étranges liés à son passé dans les lieux. Un pitch simple mais efficace pour un film sous hautes influences (“Darkness”, “L'Echine du diable” ou encore “Suspiria” sont ainsi cités), ludique et élégant. Peu d'originalité, certes, mais une volonté de bien faire prégnante qui transforme cet “Orphelinat” en un conte gothique des plus agréable. Avec son histoire d'enfant disparu, Bayona se permet des écarts directment liés au surnaturel, filme un jeu de piste avec bonne humeur et n'hésite pas à verser dans l'épouvante la plus échevelée (les apparitions du terrifiant Tomas font leur effet). En bref, s'il n'atteint pas les cimes de ses glorieux aînés, “L'Orphelinat” rassure quand à l'avenir de son réalisateur.
Lire la critique de "L'orphelinat" par Olivier Bachelard
NUIT DES MAÎTRES DU GENRE
Histoire de finir la journée en beauté, on se rend à la Nuit des Maîtres du Genre, soirée spéciale où furent projetés les oeuvres de certains membres du Jury. Au programme, le premier long-métrage de Jess Franco, “L'Horrible Docteur Orloff” (1962). Dans un noir et blanc crépusculaire, Franco filme les agissements sanglants d'un chirurgien fou, dans ce décalque tout personnel des “Yeux sans visage” de Georges Franju. On reste dans l'horreur oldschool avec “L'Incinérateur de cadavres” du tchèque Juraj Herz, effroyable récit d'un bourreau à la solde des nazis. Long, lent et démonstratif, ce film de 1968 n'aura pas conquis un public déjà bien fatigué. Plus récent (et en couleur !), “Inside Job” de Nicolas Winding Refn, écrit avec Hubert Selby Jr., nous raconte l'enquête menée par John Turturro sur le meurtre de sa femme. Porté par ses acteurs principaux (Turturro, mais aussi Deborah Kara Unger), le troisième film de Refn tente de marcher sur les traces de David Lynch et finit d'achever un public endormi. Heureusement, à 4h00 du matin fut projeté le génial, l'hilarant “Evil Aliens” de Jake West, invasion extraterrestre riche en scènes gores et déshabillées. Un festival de tronches pas possibles, une mise en scène rythmée et des effets-spéciaux plus que réussit auront suffit pour faire de ce petit film un véritable triomphe. Regaillardi par ce spectacle jouissif, on laisse tomber les deux derniers films (le génial “The Descent” de Neil Marshall et le séminal “Vendredi 13” de Sean S. Cunningham) pour rentrer dormir quelques heures.
Source: Frédéric Wullschleger
27/01/08
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