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Festival Lumière 2011 : Jour 5


Photo Festival Lumière 2011 : Jour 5Samedi 08 octobre 2011

LE SAUVAGE – 1975 de Jean-Paul Rappeneau

Après "Le choix des armes" (mais tourné avant), nous retrouvons une fois de plus le duo Montand-Deneuve, dans une copie magnifiquement restaurée de ce classique de Rappeneau. Petit bijou de comédie et d’aventure, le film offre à la magnifique Catherine Deneuve, en plus d’un half-frontal, la possibilité de jouer l’un de ses rôles les plus frais, détendus, drôle et en opposition à son image de « plus grande actrice du cinéma français ». Petite histoire sympathique d’une femme poursuivie, entre autre, par un mari qu’elle vient d’abandonner le jour de leur mariage, et qui trouve refuge auprès d’un rustre au passé mystérieux vivant sur une ile déserte. Jean-Paul Rappeneau évoque l’une des meilleurs interprétations de Montand et ce raison d’une gentille rébellion de l’acteur sur le plateau, pas vraiment content d’avoir été la cinquième roue du carrosse après les choix non aboutis de Delon et Bébél dans le rôle titre. Un bon film « à la » Ciné-Dimanche qu’il fait plaisir de (re)découvrir.

SOUS LE SOLEIL DE SATAN – 1987 de Maurice Pialat

Maurice Pialat, Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire et Georges Benanos : voilà le cocktail explosif ayant mené à l’une des Palmes d’or la plus controversée de l’histoire du Festival de Cannes. Contant le parcours initiatique, quasi-mystique, d’un curé en proie au doute, Pialat, cinéaste ET acteur de ce film incroyable, questionne la foi, l’amour (pour Dieu, pour les Hommes) et le sens du miracle. Cadrages au cordeau, photographie crépusculaire et interprétation intense de Depardieu, tout concourt ici à une idée de cinéma d’une puissance peu commune. Fidèle à son crédo, Maurice Pialat fait œuvre d’un art habité et profondément réaliste, jusque dans sa représentation du Diable et de la résurrection. Pas facile d’entrer dans un tel film, encore moins d’en sortir.

LA FEMME D’A COTE – 1981 de François Truffaut

On aurait pu se laisser aller à la facilité pour cette remise de prix et choisir "Le Dernier Métro" (diffusé pendant le festival) ou bien encore "1492" (grand absent de ce festival). Le choix plus audacieux de Truffaut, considéré comme mineur, mais finalement important dans les filmographies de Depardieu et Fanny Ardant (son premier film), fut de bon augure. Histoire romantique tragique portée de main de maître par une réalisation sobre et intelligente de Truffaut (le meilleur de la Nouvelle Vague, de très loin) et une interprétation parfaite du duo principal dans les rôles de ces deux anciens amants que le hasard de la vie (ou le destin) va réunir à nouveau.

CEREMONIE DU PRIX LUMIERE

C’est avec une grande émotion que la projection de "La Femme d’à coté" fut suivie de la remise tant attendue du Prix Lumière à l’un (le ?) des plus grands acteurs du cinéma français. Notre maire, Gérard Collomb aura les meilleurs mots pour décrire l’immense acteur : « Gérard Depardieu n’est pas seulement la puissance et la force qu’on lui prête, c’est surtout la grâce et la légèreté ». Depardieu, qui après un montage sur ces œuvres, dira en rigolant « ça sent le sapin quand même tout ça », fut vraiment touché par un tel prix et n’oublia pas d’évoquer ses amis disparus, que ce soit Jean Carmet, Maurice Pialat ou encore Patrick Dewaere. On senti l’homme profondément passéiste mais joyeux, heureux de vivre. « Le cinéma est une fête. Tout ce que je vois ici, ces gens disparus, sont encore là grâce à ces images. Le cinéma est plus fort que la mort ». Beaucoup pensaient que Depardieu n’étaient pas un bon choix pour ce prix mais quel choix plus évident que ce grand acteur et cet immense être humain, qui tel un roi sur son trône, domina une assemblée d’artistes avant d’affirmer haut et fort « Quel bonheur de recevoir un tel prix dans cette ville. Vous avez le cinéma, une bonne équipe de foot et on y mange bien ! ». « GG » Gégé !

L’ENNEMI PUBLIC – 1931 (The Public Enemy) de William Wellman

Production Warner hésitant entre morale citoyenne (les cartons de début et de fin) et fascination pour la figure du gangster, le film préféré du voyou John Dillinger (assassiné par le FBI à la sortie d’une projection) fait aujourd’hui figure d’œuvre séminale du genre. « Rise and fall » typique, anticipant le "Scarface" de Howard Hawks et tous les récits du même type, le film de William Wellman vaut surtout pour l’interprétation fiévreuse du teigneux James Cagney. Ambitieux, misogyne et violent, le personnage qu’il joue occupe toute l’intrigue, réduite à sa plus simple expression. Avec son noir et blanc expressionniste et sa galerie de personnages pittoresques, "L’Ennemi public" est un excellent témoignage d’une époque, à défaut d’un grand film du genre. A noter qu’une scène du métrage sera reprise à l’identique dans le génial "L’Affaire Al Capone" de Roger Corman. Hommage ou plagiat, la question mérite d’être posée.

Source: François Rey et Frédéric Wullschleger

09/10/11

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