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Festival du film asiatique de Deauville - jour 4 : un programme sous le signe de l’évasion, au propre comme au figuré !


Photo Festival du film asiatique de Deauville - jour 4 : un programme sous le signe de l’évasion, au propre comme au figuré !Samedi 13 mars 2010

Décidément, à chaque jour son lot de surprises. La première est arrivée à 11h avec un petit film malaisien (My daughter), proche de l’expérimental, qui a donné envie à l’équipe d’Abus de ciné de rencontrer sa réalisatrice (nous attendons toujours une réponse... mais il semblerait qu’elle ait raté son avion...). La deuxième nous a été servie par Itsuji Itao, acteur ultra-connu au Japon, qui délivre cette année un film audacieux et surprenant sur un prisonnier roi de l’évasion. Enfin, le film germano-américano-taïwanais “Au revoir Tapei” a apporté à Deauville son lot de fraîcheur et d’espièglerie, pas toujours au rendez-vous depuis le début du festival. Une journée ultre-hétéroclite, à l’image de l’ensemble de la programmation cette année.

MY DAUGHTER
de Charlotte Lim Lay Kuen
(compétition) +2

Une jeune fille assiste avec colère à la déchéance de sa mère volage. Tel est le pitch de ce film assez court (1h16), réalisé avec peu de moyens techniques par une jeune cinéaste malaisienne. Dialogues rares, musique minimaliste, plans fixes et attitudes contrites... Son style est épuré, mais une force viscérale se dégage des scènes où la mère et la fille, telles deux soeurs, s’affrontent tout en se protégeant. Truffé de non-dits, de hors-champs subtiles et de séquences mirages, le film donne lieu à de nombreuses interrogations, laissant au final les spectateurs un peu hagards. Tant mieux, le film a le mérite d’interpeller même une fois les lumières rallumées.

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TACTICAL UNIT : COMRADES IN ARMS
de Law Wing-Cheong
(Action Asia) +2

Deuxième spin-off du film « PTU » de Johnnie To, « PTU : CIA » reprend les personnages clés de la série pour une histoire qui, une fois de plus, ne donne pas dans l’action pure et le « film de poses », mais propose une incursion dans la vie d’une équipe de policiers en compétition avec d’autres collègues. Traité de façon simple et sans artifices, tout gardant ce qui fait le charme du cinéma hongkongais (surtout dans le traitement du personnage de Lam Suet), le film change intelligemment de ton dès que nos héros doivent partir en mission et sont forcés de coopérer avec leurs rivaux. Le métrage devient alors un western en pleine forêt, qui en respecte les codes pour mieux se les approprier. Ce « PTU 3 » n’est donc pas un film d’action, mais un film intelligent qui cherche (ce que fait Johnnie To 1 film sur 2) à prouver que les flics hongkongais ce ne sont pas seulement des mecs qui sautent avec un flingue dans chaque main, mais des gens qui font leur boulot avec les problèmes que cela inclut. A noter une très bonne prestation de Simon Yam.

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CLASH
de Le Tanh Son
(Action Asia) + 1

« Clash » est un film d’action comme on en a vu plusieurs dizaines. Une fille mystérieuse monte une équipe afin de récupérer un ordinateur comportant des informations importantes. Si elle réussit, le parrain local lui rendra sa fille. Ajoutez à cela le personnage du comique de service, le beau gosse mystérieux qui tombe amoureux de la fille et un traître : on obtient ce que l’on appelle du « déjà vu ». Des tas d’éléments font rire sans le vouloir (c’est un vrai casting de « têtes » et c’est à celui qui prendra la meilleur pose en sortant son regard le plus sombre) mais avouons-le, on sait ce que l’on vient voir et on en a pour son argent (ou son accréditation) : les combats sont nerveux et violents sans tomber dans la surenchère de chorégraphie. C’est le parfait mélange entre « Ong-Bak » et ce que cherche à développer Donnie Yen dans les films de Wilson Yip (« SPL »), c’est à dire un résultat plutôt détonnant et intéressant !

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THE KING OF JAIL BREAKERS
de Itao Itsuji
(Compétition) +3

Le grand film du jour nous vient du Japon avec l’histoire incroyable de Masaryaki Suzuky, le roi de l’évasion. Prisonnier volatile, il s’évade des plus grosses forteresses carcérales pour, une fois dehors, se laisser arrêter de nouveau. Un film surprenant qui ne s’enferme pas uniquement dans l’originalité de son sujet, mais sait rebondir en nous proposant notamment une chute plus qu’étonnante. à la fois acteur et réalisateur de son film, Itao Itsuji nous propose à Deauville un film grand public, de bonne qualité qui, espérons-le, aura la possibilité de sortir dans les salles françaises.

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AU REVOIR TAIPEI
de Arvin Chen
(Compétition) + 2

Petite comédie bien sympathique que cette histoire d’un jeune garçon de Taipei dont la fiancée part vivre à Paris, et qui rêve de la rejoindre. Son objectif est désormais d’apprendre le français et de se trouver un billet d’avion... Et c’est dans sa quête loufoque, maladroite mais pleine de bons sentiments, qu’il va croiser un flic, des mafieux, une jeune fille pleine d’admiration, tous caricaturaux, bras cassés au grand cœur et pas méchants pour un sous. Malgré quelques petites imperfections, toute la bonne volonté du film, parsemé de moments drôles et émouvants, lui permet de s’en sortir pour notre plus grand plaisir. Une jolie petite histoire qui prouve (une fois de plus) que l’amour éclôt souvent juste sous notre nez.

CHENGDU I LOVE YOU
de Cui Jian (segment 2029) et Fruit Chan (segment 1976)
(Panorama) 0

Une autre preuve de l'éclectisme du festival : ce véritable OVNI cinématographique chinois proposé le samedi à 19h. Construit en deux parties, chacune étant réalisée par un réalisateur différent, ce film ne ressemble à aucun autre. Leurs points communs : la ville de Chengdu (dans le futur, 2029 et dans le passé, 1976), un tremblement de terre, et un art martial totalement incongru : une variante du Kung Fu où le héros réagit comme une panthère, pour le premier volet, et dans le deuxième, l’art de manier, tel un sabre, la théière au bec verseur d’un mètre de long… Malheureusement le film n’est pas à la hauteur du délire qu’il initie, et l’on décroche très rapidement de ces histoires à tiroirs totalement barrées.

Source: Sylvia Grandgirard, Gaëlle Bouché et François Rey

13/03/2010

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