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Festival du film asiatique de Deauville - jour 3 : au tour de la Chine de tirer son épingle du jeu


Photo Festival du film asiatique de Deauville - jour 3 : au tour de la Chine de tirer son épingle du jeuVendredi 12 mars 2010

Ce vendredi aura été plus productif, avec un bon nombre de visionnages dans le cadre de la compétition et d'Action Asia. Or si la quantité était au rendez-vous, la qualité a souvent manqué. Un programme plutôt en demi-teinte, donc, que le film chinois Judge -selon nous candidat potentiel à un prix- a largement réhaussé.

JUDGE
de Liu Jie
(compétition) +3

Après “Castaway on the moon” jeudi, voici notre deuxième grand coup de cœur du festival : “Judge”. Ce film chinois, qui nous apparaît au premier abord comme une œuvre austère et très politique, se révèle un film de très belle facture construit sur un scénario impeccable. En mettant en scène le jugement d’un vol de voitures (délit qui, en 1997, était encore passible de la peine capitale pour les autorités chinoises), le réalisateur dresse les portraits de trois hommes dont le destin va basculer. Le Juge tout d’abord, homme à la rigueur implacable mais totalement désemparé par le décès suspect de sa fille. L’accusé, qui attend le jour de son exécution dans un cellule sordide qu’il partage avec 7 autres détenus. Et enfin le PDG d’une grande société atteint d’une grave maladie, qui attend l’exécution afin de se faire greffer le rein du condamné. Un film captivant qui a toutes les chances de remporter un prix dimanche soir.

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PAJU
de Park Chan-ok
(compétition) 0

Pour son deuxième long-métrage, la réalisatrice sud-coréenne s’est lancé dans un projet complexe : celui de conjuguer histoire d’amour, peinture sociale, arrière-plan politique et intrigue policière au sein d’une même trame. “Paju” retrace la vie d’un jeune homme de retour dans la ville de ses parents (Paju, donc) pour se refaire une vie adulte et responsable. Il épouse une femme et s’attire le mépris de la jeune soeur de celle-ci. Devenu veuf à la suite d’un tragique incident, l’homme se fait une place dans le tissu local, mais doit faire face au retour inattendu de sa jeune belle-soeur, plus ambiguë que jamais... Le résultat, malgré de bons acteurs et une mise en scène assez soignée, tombe complètement à plat. Plombé par une série de flash-backs aussi fastidieux qu’inutiles, “Paju” apparaît comme un film confus et maladroit, qui peine à prendre corps tant il multiplie les récits. Une preuve que faire des films à puzzle n’est pas un exercice simple.

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THE SWORD WITH NO NAME
de Kim Yong-Kyun
(Action Asia) 0

En voulant mêler film historique, romance et film de sabre à tendance Wu-Xa-Pian (sans finalement en être un…), Kim Yong-Kyun perds en efficacité, principalement pour son incapacité à gérer les 3 genres correctement. L’histoire se base sur une figure historique de la Corée, la reine étant montée sur le trône et ayant participé à de grands échanges avec l’occident. Mais au lieu de traiter le sujet de façon historique, et pour notre intérêt, il décide d’inclure le personnage d’un swordsman au passé troublé, tombant amoureux de cette reine et prêt à tout pour la protéger des méchants comploteurs. Le résultat est une suite de scènes inégales et parfois confuses alors que le sujet est très simple. Côté combat, le manque de budget est compensé par de bonnes idées (pas de montage cut, des mouvements numériques rappelant, en moins bien, les combats de « Blade II »), mais cela ne suffit pas à sauver un film qui s’enlise dans tous les clichés du genre (sidekick comique, méchants japonais, traître à tous les coins de rue…). Dommage, on aurait préféré un film un peu moins long mais plus efficace, et conscient de ses propres limites.

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THE MISSING GUN
de Lu Chuan
(Regards) 0

Un simple policier dans une ville de campagne se réveille un lendemain de mariage bien arrosé et ne retrouve plus son arme. L’intérêt et la malice de se film est de ne jamais tomber dans le larmoyant (ce n’est pas John C. Reilly dans « Magnolia ») mais de traiter le sujet de façon plus ou moins comique, et d’en profiter pour révéler la vie et les agissements de tout un village. L’arme perdue devient rapidement un prétexte à la découverte de chacun de ses habitants (tous des magouilleurs au grand cœur, finalement). Le bon esprit du film montre que même sans moyens on ne tombe pas dans le cheap. Tout cela se retrouve malheureusement plombé par un dénouement des plus ridicules et absolument pas maîtrisé, qui prouve finalement que l’on ne ressent rien pour aucun des personnages.

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BAD BLOOD
de Denis S.Y. Law
(Action Asia) +1

Denis Law savait sûrement qu’il ne changerait rien au cinéma hongkongais avec Bad Blood, et c’est certainement ce qui lui permet d’aborder le sujet de façon fun et complètement décomplexée. Toutes les têtes de Johnny To sont présentes (Simon Yam, Lam Suet…), mais on est bien loin du cinéma sérieux du maître actuel du genre. Ici, on alterne entre des combats nerveux -mais très comic-book- et des scènes sans prétentions tombant parfois dans le soap-opéra, voire le « n’importe quoi » (juste avant un affrontement décisif, les persos parlent de la finale Manchester – Chelsea). Ce règlement de comptes entre membres d’une famille de mafieux est traité au second degré, ce qui est assez rare et fait bien plaisir. Enfin un film qui sait qu’il ne changera pas le cours du monde, et qui ne prétend pas autre chose que nous divertir pendant 1h30, à coups de pieds et de machettes.

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ALL TO THE SEA
de Akane Yamada
(panorama) -2

Réalisatrice d’émissions TV et auteur de quelques romans, Akane Yamada présente à Deauville son premier long-métrage, concrétisation d’un rêve d’enfant directement adaptée d’un de ses livres. Situé à mi-chemin entre Plus belle la vie et les séries américaines pour ados, “All to the sea” retrace le récit sans saveur ni originalité d’une jeune femme qui travaille dans une librairie et se prend d’affection pour un jeune garçon mal dans sa peau, issu d’une famille instable. Parallèlement, elle aspire à écrire des critiques littéraires et couche docilement avec un représentant d’une boîte d’édition importante...Le film, mièvre au possible, pourrait se regarder gentiment s’il n’avait pas cette ambition prétentieuse de donner des leçons de vie à tout bout de champs. Les répliques et situations semblent tout droit sorties d’un soap pour adolescents, à qui il faut expliquer par A+B qu’être différent c’est mieux, que privilégier le succès à l’intégrité c’est mal, et que les livres ouvrent la voie de la sagesse. Sans intérêt.

Source: Sylvia Grandgirard, Gaëlle Bouché et François Rey

12/03/10

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