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Festival de Venise 2011 : Jour 7 – Les hauts des Hurelevent vides de substance, Sono Sion qui divise et un film de vampires, The Moth diaries


Photo Festival de Venise 2011 : Jour 7 – Les hauts des Hurelevent vides de substance, Sono Sion qui divise et un film de vampires, The Moth diariesMardi 06 septembre 2011

La veille de sa sortie en salles sur le territoire français, Philippe Garenq est donc venu présenter, dans la section Journées des auteurs, son formidable « Présumé coupable », film traitant de l'affaire Dutrou, avec en vedette un impressionnant Philippe Torreton. Cette journée fut aussi l'occasion pour Yolande Zauberman, avec son documentaire « Would you have sex with an arab ? », de montrer l'attraction - répulsion entre juifs et arabes dans le Tel Aviv festif qui mélange encore les deux peuples. Un film magnifique, dont on reparlera très vite.

Le japonais Sono Sion encourage ses compatriotes à se relever

Le japonais « Himizu », mis en scène par Sono Sion (« Cold fish », thriller sanglant et barré, présenté ici l'an dernier) aura fait partie des nombreux films divisant spectateur et critiques. Il avait décidé d'adapter un manga, qu'il a finalement inscrit dans les suites du tremblement de terre du 11 mars 2011 au Japon, et du Tsunami qui s'en suivi. Ouvrant son film sur des images de ville dévastée, il nous fera entendre à plusieurs reprises les son d'une tempête destructrice qui résonne encore dans les têtes des survivant. Après cette brève introduction, son film commence, centré sur Sumida, adolescent, qui quand il n'est pas à l'école, tente d'échapper à l'influence de son père (qui lui reproche d'être encore vivant), en se réfugiant dans une cabane encore debout, que d'autres l'aide à retaper, espérant en faire un bar, un lieu de vie.

« Himizu » (qui signifie taupe) paraît être très long (près de 2h20), du fait de son caractère extrêmement répétitif. Fallait-il vraiment une telle durée pour asseoir le leitmotiv du film, exprimé par le professeur dès la première scène de classe : les Japonais sont capables de se relever, ils l¡ont toujours fait. Celui-ci encourage ses élèves à « avoir un rêve », à rester ou devenir entreprenants, tout en affirmant que « l'ordinaire est le mieux », et qu'en conséquence chacun a sa chance et doit y croire. Le héros de Sono Sion est donc un garçon renfermé, qui ne sourit jamais, qui ne croit pas vraiment en lui-même. Il est suivi en permanence par une jeune fille hystérique, personnage insupportable de naïveté et d'enthousiasme idiot. Dans une bouillie visuelle dont on peut renoncer à chercher la structure, l'auteur les confronte à quelques personnages secondaires malgré tout intéressants, comme le mafieux qui ne veut pas d'argent sale, rabâchant son propos jusqu’à l’écœurement. Un très grosse déception.

Andréa Arnold revisite des hauts de Hurlevent bien vides

Le film était initialement attendu à Cannes où la réalisatrice anglaise a déjà remporté deux prix du jury pour « Red road » et « Fish tank ». « Les hauts de Hurlevent » d'Andréa Arnold a eu ce jour les honneurs de la compétition. Cette adaptation, globalement fidèle à la trame du roman, met au cœur de l'action un Heathclif noir, adopté par le père de famille, et ramené un soir d'orage. Le reste est connu, histoire d'amour fatale, classique division entre conventions et désir, dont l'héroïne, Cathy, finira par payer le prix. Andréa Arnold choisit de dépouiller l'histoire au maximum, perdant au passage son essence, sans réellement construire de parallèle pertinent du fait de la race du personnage principal.

On ne reniera pas les qualités esthétiques du film, même si Andréa Arnold semble abuser quelques peu de la caméra à l'épaule. La récurrence des tempêtes, souvent nocturnes avec pluie battante, sous lesquelles le héros est recueilli, arrive au domaine, et retourne à chaque nouveau tourment, l'approche naturaliste des lieux, landes balayées par les vents, lieux sauvage où la passion est rendue possible, confère au film une cohérence visuelle remarquable. Cependant l'usage de la symbolique de l'oiseau (plumes, ossements...) seulement visible en cage durant la grande majorité du récit comme parabole d'une absence de liberté et de l'enchaînement des deux être l'un à l'autre, ne s'avère pas des plus légers. « Les hauts de Hurlevent » version 2011 est donc un film très austère, qui a du mal à provoquer la moindre émotion, durant lequel on se sent étrangement proche et lointain de Jane Campion, Andréa Arnold ne réussissant pas à saisir le charnel d'une relation complexe et sanguine.

Un film chinois des plus confus pour film surprise

C'est devenu une habitude depuis quelques années. Le film surprise de la compétition est une nouvelle fois, après « Still life » de Jia Zhang Ke, « Mad detective » de Johnnie To, « Lola » de Brillante Mendoza, et « The ditch » l'an dernier, est un film asiatique. « People Mountain, people sea » de Shangjun Cai (« The red awn ») nous convie à une sorte de road-movie, suivant un homme, lui-même condamné pour un accident dans une carrière à ciel ouvert, à la recherche de l'assassin de son frère. Sombre histoire de vengeance aux quelques accès soudains de violence, le film impose un récit très confus, surtout dans sa dernière partie entièrement située dans une mine, où l'homme espère trouver le meurtrier. Au fil de l'histoire, accompagnant ce personnage aussi opaque que silencieux, l'on découvre nombre de personnages. Mais à trop vouloir jouer le mystère, le réalisateur nous perd en route, faisant se dérouler l'action alors que le spectateur n'a aucune idée de la personne à qui le personnage s'adresse, si il la connaît ou non, et quelle est son statu ou son rôle.

Ce principe narratif reste encore supportable, jusqu'à l'arrivée dans une mine, où persuadé que le meurtrier travaille, l'homme va en arriver à des méthode de plus en plus radicales pour parvenir à débusquer le fugitif. Qui est l'homme torturé à coup de jets d'eau sous pression ? Qui est donc celui massacré à coups de pelle ? Celui à qui il casse le bras pendant qu'il dort est-il son fils ? Bref, nombre de questions restent en suspend, rendant le final, pourtant basé sur une très bonne idée, totalement illisible. Ajoutez à cela des plans interminables, l'ex-femme qui s'éloigne à l'arrière d'une voiture, la descente en ascenseur au fond d'une mine (en temps réel) et vous aurez une petite idée du profond agacement qui vous gagne.

Lily Cole en potentiel vampire dans lycée pour jeunes filles

Lily Cole en potentiel vampire dans lycée pour jeunes filles

Rebecca tient son journal. Ce qui lui a permis de se souvenir de ce qu'il s'est passé quand elle avait 16 ans. Alors qu'elle retrouvait ses meilleures amies dans la pension pour jeune fille Brangwyn School, l'arrivée d'une nouvelle (Lily Cole) et d'un séduisant professeur de littérature allait changer la donne, lui faisant perdre une à une les copines qui constituaient son proche entourage. « The moth diaries » débute ainsi, en teen-movie discret, lorgnant progressivement du côté de « Twilight », sans jamais sortir de la suggestion. Film de vampires présenté dans la section Horizons (Orrizonti), son scénario aligne les cadavres, autour de Rebecca et Ernessa la mystérieuse nouvelle. Sur fond pas très utile d'apprentissage d'enseignements du Dracula de Bram Stoker et de ses influences (Carmilla par exemple), l'attraction répulsion entre les deux filles va virer à l'affrontement, ce malgré les nombreux points communs qui les unissent (dont le suicide de leurs pères respectifs). Inquiétant, le visage diaphane de Lily Cole, extrêmement dur, qui s'illumine et s'adoucit dès qu'elle esquisse un sourire, est sûrement la seule et unique chose qui fasse vraiment peur dans ce film fantastique plutôt light.

Focus sur une population immigrée dans la Région de Naples

« Là-bas » de Guido Lombardi a été en grande partie tourné en français, malgré une action qui se déroule intégralement dans la banlieue de Naples. Un immigré africain fraîchement débarqué, se retrouve dans une sorte de foyer ou squat, car son oncle, sensé venir le chercher, ne donne pas signe de vie. Cherchant à travailler sur des chantiers, il commence à galérer, lorsqu'un visiteur lui dit connaître son oncle, et l'amène rendre visite à celui-ci. « Là-bas » est une nouvelle fiction sur l'immigration, concentrée sur la communauté noire. Elle analyse les interactions entre trafiquants et mafia locale (différents clans qui réclament chacun un payement), et entre affairisme et ce qu'il reste de la notion de famille. Doublé d'une petite histoire d'amour, cette chroniques des trafics quotidiens peine à trouver son rythme, malgré une troupe d'acteurs qui nous font croire à cette communauté exilée.

Source: Olivier Bachelard

07/09/11

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