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Festival de Venise 2010: Jour 9 - Takashi Miike vers un prix de la mise en scène


Jeudi 09 septembre 2010

Miike serait-il devenu sérieux ?

La première surprise de la journée provient du nouveau film de Takashi Miike, présenté en compétition (alors que ses deux "Zebraman" sont présenté hors compétition, en séances de minuit). Ce film de sabre des plus sérieux dans la reconstitution qu'il fait des codes des Samouraï de l'ère des Shogun, a fait sensation, de par la précision des combats et du souci de réalisme qui préside à l'ensemble de cette histoire. Certains reprocheront au film un manque de scénario, mais il s'agit ici plus de s'attacher aux codes des guerriers, qu'à une véritable histoire, le film se résumant à deux parties: le recrutement de samouraïs pour abattre un Shogun, sadique, dont la future présence au conseil risque de faire basculer le pays dans une guerre sanglante, et l'embuscade.

Cette immense bataille, scène de destruction et véritable bain de sang comme aime à les représenter Miike (voir "Ichi the killer") dure ainsi près d'une heure et constitue le véritable centre de gravité de "13 ASSASSINS". Et les dialogues comme un humour bien dosé, fusant au travers de quelques répliques, n'en sont pas absents. Du coup, le film se déguste avec un réel plaisir, au milieu des nombreux films de sabres présentés cette année à Venise. Un prix de la mise en scène en vue ?

Erreur de casting

"LA SOLITUDINE DE NUMERO PRIMI" de Saverio Costanzo est le dernier film italien présenté en compétition cette année, et on se demande bien ce que le film fait dans cette section. Film puzzle construit autour de trois personnages (Alice, Mattia et Michela), cette "solitude des nombres premiers" parabole évidente pour désigner des marginaux traumatisés aux aptitudes particulières, souffre de sa propre construction qui fait se rejoindre deux destins qui n'ont finalement pas grand chose à voir. Tout est ici nivelé au même niveau, des brimades les plus courantes aux pires pertes, et monté en épingle à la façon d'un mauvais thriller. Les mises en parallèle sont des plus maladroites, atténuant par là même les drames qui constituent les secrets (de Polichinel) de l'histoire.

L'insupportable et le ridicule sont vite atteint, entre une musique bontampi bien peu appropriée, des images inutiles pour faire du beau (le tunnel gris huileux, le labo photo rouge vif), des sauts dans le temps plus qu'improbables, voire sur la fin de la symbolique poids lourd (la traversée de buissons dans l'appartement de la fille). En bref, un montage maladroit, un déséquilibre dans l'importance des histoires, des traumatismes dignent de la collection Arlequin font de ce film le pire de la compétition.

Sans issue

La semaine de la critique fait aujourd'hui la part belle à un petit film mexicain, en vidéo: "MARTHA" de Marcelino Islas Hernandez. Histoire toute simple d'une femme âgée, ayant travaillé pendant 34 ans pour une même entreprise comme archiviste, qui se voit renvoyée, avec l'arrivée des nouvelles technologies. La première partie nous présente cette femme, serviable et discrète, qui apporte une aide quotidienne à sa voisine, dînant avec elle, l'accompagnant chez le médecin. La seconde pose le renvoi comme une voie sans issue, la vieille dâme décidant de préparer son suicide, pour le vendredi soir, histoire de ne pas manquer le travail.

L'absence de révolte fait peine à voir, la résignation menant naturellement à l'absurdité d'un suicide qui fait l'objet d'une aide de l'ensemble des personnes qu'elle va rencontrer, comme s'il était pleinement admis que les personnes âgées sont inutiles. L'actrice principale fournit une prestation impeccable, faisant croire à l'attachement de cette vieille dâme, aux petits objets qui l'entourent, comme aux gens qu'elle croise dans ses dernières heures. Touchant, mais désepéré.

Egalement présentés ce jour:
"Dharma Guns" de FJ Ossang
"Majority" de Seren Yuce
"Zebraman 2" de Takashi Miike

Source: Olivier Bachelard

10/09/10

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