Vendredi 10 septembre 2010
Trio improbable
Plus habitué aux thrillers, l'auteur de "Cours Lola cours", "Heaven", ou "L'enquête" se retrouve e, compétition ici avec "DREI (3)", une histoire d'amour à trois, qui entretien l'ambiguïté sur le troisième larron pendant une bonne partie du film. Tom Tykwer use et abuse des split screen et autres montages, pour notamment rendre concrets les tensions au coeur du couple initial. Il aborde la sexualité et le mélange des genres avec une certaine liberté. Chez lui mari et femme simulent, elle en criant, lui en crachant dans un préservatif dans lequel il n'a pas joui. Chez lui, le personnage de la femme, artiste, regarde le monde avec hauteur, toujours incrédule face à ce qui se passe. Chez lui l'homme est plutôt passif, se laissant aller à des expériences à la piscine.
D'un symbolisme parfois un peu trop poussé (les trois danseurs sur fond blanc du début), "3" fait souvent sourire, grâce à une interprétation plutôt juste. Il fait aussi parfois ricaner, face à la béatitude forcenée de l'amant ou la maladroite mise en parallèle de l'opération du mari (du cancer d'une testicule) avec la première nuit d'adultère de sa femme. Heureusement le scénario évite toute tentative de culpabilisation, préférant demander, à l'image de l'un des personnages, "d'abandonner tout déterminisme biologique". Décidément, la liberté sexuelle et l'échangisme sont à la mode cette année à Venise !
Giamatti bouleversant en éternel amoureux
Un producteur d'une série à succès, basé à Montréal, ne se remet pas de sa séparation avec sa femme. Il faut dire qu'avant de la trouver, et de la convaincre de l'épouser, il lui a fallu beaucoup de temps et d'expériences diverses. Au travers de longs flash-back, Richard J. Lewis nous révèle tout ou presque de la vie amoureuse d'un homme en devenir, passant d'un artiste introverti à un homme éperduement amoureux, qui comme tous les hommes est capable de faux pas ou d'oublis passager de ce qui est vraiment important. Mais les femmes sont là pour le lui rappeler.
La force de "BARNEY'S VERSION" réside en 2 mots: casting et ténacité. Car si le film commence et se clot sur des accusations de meurtres concernant cet homme, on se moque un peu de savoir s'il a vraiment commis un acte irréparable, ou s'il s'agissait simplement d'un accident. Il y a toujours des gens jaloux pour vous accuser de tous les mots, surtout quand, comme le personnage principal vous cumulez réussite professionnelle et accomplissement personnel. Le parcours de cet homme, de relation en relation, vers l'amour véritable incite à ne jamais abandonner ses rêves. L'envie qu'a alors le spectateur d'y croire doit beaucoup à Dustin Hoffman (le père, policier juif à la retraite, indscret en diable) et Paul Giamatti (le produecteur, tenace et rêveur). Le second décrochera certainement le prix d'interprétation masculine.
Film dans le film... peut-être encore dans le film...
Manoel de Oliveira n'étant présent cette année qu'avec un court métrage, le doyen de la compétition est donc Monte Hellman, qui présentait "ROAD TO NOWHERE", film sur... un tournage de film, qui pourrait bien ne pas être celui que l'on croit. Sous prétexte de lecture à plusieurs niveaux, il faut bien avouer que la clarté n'est pas au rendez-vous et que plus le film avance, moins on comprend quelque chose à cette histoire d'actrice de série Z qui joue un rôle qui pourrait bien avoir un lien avec sa propre vie.
Le film s'ouvre sur la lecture d'un DVD qui s'intitule "Road to nowhere", et l'on a même droit à son générique, signé Mitchell Haven. On croit suivre ensuite le casting et le début du tournage, mais c'est sans compter les personnages secondaires, bien peu consistants, qui gravitent autour du tournage: un enquêteur chargé d'agrémenter le scénario de détails liés à la vraie histoire dont s'inspire le film, une responsable de blog chargée de faire du buzz, un scénariste râleur, un acteur mécontent de ses lignes et qui aimerait bien que le personnage féminin le séduise... Rapidement l'on perd ses marques entre réalité et fiction. En cela "Road to nowhere" est peut-être une réussite. Sinon, globalement c'est l'encéphalogramme plat, malgré le revirement de dernière minute, qui vient comme un cheveux sur la soupe.
Quand l'attirance est toujours là
Présenté aujourd'hui dans la section Journées des auteurs, le film chilien "LA VIDA DE LOS PECES" de Mathias Bize, tient parfaitement debout et atteint son but: conter (ou compter) les restes d'une relation avortée. Andrès, revenu de Berlin pour vendre la maison de ses parents décédés, avant de repartir, se retrouve à une soirée où il sait qu'il risque de croiser son ex, qu'il n'a jamais pu oublier. Et bien entendu, la rencontre à lieu, pouvant donner lieu à des retrouvailles ou à un conflit, selon la manière dont chacun approchera l'autre.
Finement écrit, l'ensemble du film nous balade, caméra à l'épaule, d'une pièce à l'autre d'une immense maison, dans laquelle les anciens amis d'Andrès nous apprennent un peu de l'histoire passé du couple et de ce qu'elle est devenue. Puis l'être objet de tous les troubles apparaît, et par la suite le film ne sera plus que regards éffleurants, paroles douces ou hostiles échangées à demi-mots, frolements, lueurs d'espoir. Jusqu'à la fin, déchirante. C'est beau, touchant, et accompagné d'une très belle photo. Que demander de plus.
Un labyrinthe où l'on tourne en rond
Dernière séance en 3D ce vendredi soir avec la remise du Prix Persol 3D ex-aequo à "Avatar" (forcément) et "Dragons" (excellent choix) en présence du réalisateur Takashi Shimizu ("The grudge") président du jury 3D. Ce dernier a présenté en exclusivité quelques minutes de son prochain film, suite annoncée de "THE SHOCK LABIRINTH 3D: EXTREME", intitulées "The rabbit horror". Rapidement, on se pose tout de même une question, à la vision de ces quelques images dans lesquelles un lapio blanc géant commet quelques horreurs (sa patte sort par exemple d'une tombe pour y entraîner un personnage en lui aggripant la tête !) : s'agit-il là d'un hoax réservé au festival ? On n'aura pas la réponse.
Le film actuel, lui, nous propose une bien peu convainquante histoire de quelques anciens amis d'enfance, qui se retrouvent dans un hôpital désert, suite au retour d'une copine morte qui aime à hurler et faire des crises d'épylepsie. Si le début intrigue, l'un des personnages, aveugle, se mettant à avoir des visions type infra-rouge, une fois la fine équipe dans l'hôpital labyrinthe, où ils s'étaient déjà perdus étant enfants, on ne comprend plus grand chose. Quelques effets sympathiques 3D, comme des mains qui s'approchent de l'écran ne suffiront pas à sauver un scénario qui tourne en rond, comme les personnages. Reste le fameux lapin, en peluche, qui se met à voler et tranverser les murs... on ne sait pas trop pourquoi. Intrigant mais incompréhensible.
Thriller avec masque
Dernier film de la section Horizons, "ANTI-GAS SKIN" de Kim sun et Kim Gok est un thriller qui démarrait plutôt bien. Dans les rues de Séoul, un tueur au masque à gaz sévit régulièrement, provoquant la psychose, et ne s'attaquant qu'à des gens habillés en bleu ! Un bon pitch de départ, doublé d'une gallerie de personnages un peu barré, mais dont l'inquiétude ou la volonté de retrouver le tueur sont plutôt bien retranscrites. Et la situation de l'action lors d'une journée d'élection, où le gagnants devrait être assassiné par le tueur, était une idée réellement originale, pouvant donner lieu à une satire politique en second plan. Malheureusement, le scénario se perd en d'interminables scènes de poursuite ou de face à face, démultipliant les fausses piste, et aboutissant à une fin complètement obscure.
La seule chose intéressante dans "Anti-gas skin" est la mise en place de chacun des personnages gravitant autour du serial killer, et traduisant bien la fascination médiatique pour ce genre d'anti-héros, capable d'échapper à la police. Il y a ceux qui sont en deuil et qui rêvent parfois de vengeance (ici le soldat), ceux qui idôlatrent le tueur (comme les fans en survet bleu, qui veulent communier avec lui ou se faire tuer lors du D-day), il y a ceux qui fantasment (souvent les mêmes, comme la fille à barbe), il y a les copy-cat (ceux qui portent des masques), ceux qui voient des tueurs partout (les paranos qui manifestent en masque à gaz) et puis ceux qui se prennent pour des super-héros (les seuls à pouvoir l'arrêter...) et qui prennent des risques. Toute cette population aurait pu être captivante si les réalisateurs avaient disposé d'un casting à la hauteur, capable de nous faire croire en chacun d'entre eux. Ca n'est malheureusement pas le cas.
Pronostics pour le palmarès: Pablo Larrain en vainqueur ?
Lion d'or:
POST MORTEM
Grand Prix
POTICHE
Prix de la mise en scène
Takashi Miike
pour 13 ASSASSINS
Coupe Volpi du meilleur acteur
ex-aequo
Paul Giamatti
dans BARNEY'S VERSION
et
Carlos Areces
dans BALADA TRISTE DE TROMPETA
outsiders: Valerio Binasco dans NOI CREVEDAMO
(et pourquoi pas le présentateur météo dans LA PASSIONE / Fabrice Lucchini dans POTICHE)
Coupe Volpi de la meilleure actrice
Yahima Torres
dans VENUS NOIRE
outsiders: Natalie Portman dans BLACK SWAN
ou Sophie Rois dans DREI
Prix du scénario
ATTENBERG
Prix de la contribution technique
Photographie de SILENT SOULS
Jeune espoir
Elle Fanning
dans SOMEWHERE
Rendez-vous Samedi 11 septembre à 19h pour la cérémonie du Palmarès.
Source: Olivier Bachelard
11/09/10
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