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Festival de Venise 2009: Jour 4 - Chéreau offre un rôle magnifique à Romain Duris dans Persécution


Samedi 05 septembre 2009

ACCIDENT
Compétition (+3)

Johnny To est le producteur de ce film signé Soi Cheang, et il est vrai que le maître aurait pu mettre en scène lui même cette histoire, tant la trame rappelle celle de "Filatures" ou de "Mad detective", avec son chef de bande traumatisé, et ses acolytes manipulés ou manipulateurs. Une fois de plus, le scénario brouille les piste, en confrontant une bande de tueurs à gages montant de toute pièce des accidents, à leur propres techniques, créant ainsi une paranoïa légitime. Personnifiée par son impassible chef, aux lunettes bien calées et à la coupe impeccable, mais dont la sueur trahit progressivement l'état d'inquiétude, on finit comme lui par ne plus savoir ce qui relève de la machination et du hasard. Joliement mené.

PERSECUTION
Compétition (+3)

Patrice Chéreau suit à la trace, caméra vissée sur son visage de plus en plus torturé, un jeune homme débrouillard, qui survit grâce à des chantiers, tentant lui aussi de donner un sens à sa vie, alors qu'il sait si bien commenter celle des autres, notamment de son ami Michel, dépressif chronique et de sa petite amie, qui passe son temps à travailler. Plus doué pour parler que pour écouter, ce personnage interprété avec fièvre par un Romain Duris habité, doit aussi faire face aux intrusions réflexives d'un homme amoureux et inquiétant (Jean Hugues Anglade, flippant). Chéreau nous livre ici une nouvelle réflexion sur les moteurs de la vie, les relations amoureux et l'intérêt que l'on porte aux autres. Un film douloureux qui vous tient encore bien longtemps après la projection.

MY SON, MY SON, WHAT HAVE YE DONE ?
Compétition (+2)
Film surprise

Quel ne fut pas l'étonnement des journalistes en découvrant que le premier des films surprise en compétition était signé Werner Herzog, déjà auteur de "Bad Lieutenant: port of call New Orleans, présenté hier. Produit par David Lynch, le film raconte une prise d'otage pepétrée par un garçon dérangé, qui vient tout juste d'assassiner sa mère. Progressivement, à force d'interrogatoire de sa petite amie et de son prof de théâtre, donnant matière à flash-back, l'étrange portrait d'un jeune homme dérangé, aux réactions peu rationnelles, mais au calme permament. Point de recherche d'explications, un décors granguignol en forme de maison dédiée au culte des flamands roses, des personnages secondaires aussi intriguants que flippés (voir la mère, délice d'envahissement et d'indiscrétion), les ingrédients de Lynch sont là, et la sauce prend, principalement grâce aux interprètes et aux délires hallucinés et animaliers d'un Herzog inspiré.

TETSUO, THE BULLET MAN
Hors compétition - minuit (-1)

Catastrophe du côté des séances de minuit, avec le troisième opus de "Tetsuo", qui suit un homme en train de devenir une arme humaine, suite aux expériences de son père et à la mort de son fils écrasé par une voiture. Maniérisme façon clip, mouvements de caméra volontairement instables à l'excès, flashs d'images de villes, métaux, amas d'on ne sait quoi retravaillés en sépias, le tout agace rapidement d'aucun qu'il est facile de créer une oeuvre où on ne distingue rien, histoire de déstabiliser le spectateur. Des idées de mise en scène bien légères, des acteurs qui ne savent pas parler anglais, une intrigue aussi maigres, cela a-t-il vraiment le moindre intérêt ?

PEPPERMINTA
Horizons (0)

A la vue de l'affiche on s'attendait à un feu d'artifice de couleurs. A la vision du film on n'est pas déçu de ce côté là, la plasticienne autrichienne présentant une relcture d'une oeuvre présentée à la Biennale d'Art contemporain de 2009. Mais voilà, ce qui peut passer en court métrage ou graphiquement dans une oeuvre d'art (un défilé de vraies fraises, des délires baba-nudistes dans une baignoire où tout le monde devrait être fier de son corps...) a bien du mal à retenir l'attention sur la durée d'un long métrage. Ainsi, les délires enfantins d'une gamine pleine d'entrain et d'imagination finissent par paraître ridicules dans sa forme adulte proche du vidéo-clip au goût esthétique parfois plus que limite. Si faire voir la vie en rose est l'objectif de l'héroïne au doux prénom de Pepperminta, elle inquiète plutôt par ses agissements, notamment lorsqu'elle receuille ses règles dans un calice pour mieux les partager avec ses nouveaux amis ! Vive la poésie !

DOMAINE
Semaine de la critique (0)

Béatrice Dalle est l'héroïne de ce premier film aussi bavard que raté. Car au fond les dialogues interminables, ou plutôt les monologues d'un personnage imbu de lui-même, ayant un avis sur tout,
basant ses affirmations sur une prétendue expertise en mathématiques, font que l'on en vient rapidement à détester ce personnage dont la complicité avec son neveux se révèle vite louche. Dépendante à l'alcool, elle apparaît aussi très vite peu crédible, dans ses familiarités avec des serveurs, ses excès soudains de vulgarité et ses changements de direction impromptus. Pas de grandes théories ici.

Source: Olivier Bachelard

06/09

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