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Festival de Venise 2009: Jour 2 - Viggo Mortensen perdu dans le post-apocalytique The road


Jeudi 03 septembre 2009

Les affres de la Mostra 2009 et les nombreux travaux en cours font que l'organisation du festival a cru bon d'englober les bars et restaurants dans une organisation rigide placée sous le signe du Ministère local de l'agriculture... Premier mauvais point à 7h50 ce jeudi matin en découvrant que plus aucun des bars n'ouvre avant les premières séances, privant les journalistes et festivaliers du café qui faisait le charme des matinées vénétiennes, et qui permettaient de prendre tranquillement pied dans une lourde journée de projection. Résultat: le seul café du Lido ouvert dans le secteur est littéralement pris d'assault... et on n'y retournera sûrement vu le peu de temps laissé par la longue file d'attente. Direction donc Venise centre avant le vaporetto pour le Cafe latte du matin !

THE ROAD
Compétition (+3)

John Hillcoat signe l'adaptation du roman "The road" et nous embarque sans difficultés dans un monde post-apocalyptique sur les traces d'un homme (Viggo Mortensen, imposant de terreur et violence controlée) sur-protecteur avec son jeune fils. Terres dévastées, explosions lointaines, incendies incontrolés, amats de cendres, sont le quotidien de survivants qui à force de manque de nourriture en sont pour certains devenus cannibales. Certains diront qu'il s'agit là d'un "Mad max" réaliste, d'autres comme moi affirmeront qu'Hilcoat a su réussir là où Haneke avait échoué avec son "Le temps du loup" en décrivant à la fois un nouveau monde angoissant, dépourvu des basiques auxquels nous sommes habitués, tout en posant les bases d'une réflexion sur la possibilité d'un apprentissage ou d'une utilité du bon et du mal dans un tel environnement.

LIFE DURING WARTIME
Compétition (+1)

Nouvelle mauvais surprise avec la projection numérique du nouveau Todd Solondz, qui après avoir démarré étrangement en retard de 10mn, nous vaut non seulement une coupure de 20mn avant même le générique, mais surtout, un décalage dans les sous-titres, provoquant les foudres des journalistes italiens, qui par leurs cris et sifflets agacés couvraient même les dialogues anglais. Difficile de profiter réellement du film dans ces conditions.

"Life during wartime" reprend là où "Hapiness" avait laissé ses personnages, vraisembleblement quelques années plus tard, mais, s'ouvrant sur une même scène au restaurant, durant laquelle les pleurs fusent, il donne d'emblée le ton d'un film plus triste, en mettant au coeur de son récit séparations et tentatives de nouveaux couples et donc de nouveaux bonheurs. Les acteurs ont changé, le père pédophile est parti du foyer, les enfants ont grandis et la mère tente de refaire sa vie. Et même si l'humour à la limite du correct (voir le récit amoureux et humide que fait la mère à un fils aussi curieux qu'ébahi) est toujours présent, l'on ne sait trop dire si l'auteur s'est assagi ou s'il a pris la voie du pardon et de la compassion. Seule au final, celle qui quitte les hommes en prend réellement pour son grade, hantée tout au long du film par des fantômes bien envahissants.

METROPIA
Semaine de la critique - ouverture (+2)

En 2024, un seul métro relie les principales villes d'Europe. Ce film d'animation suédois aux voix renommées (Vincent Gallo, Juliette Lewis) lorgne du côté des films paranoïaques inventant des mondes totalitaires, dans lesquelles le contrôle de l'individu par l'Etat ("Brazil", "1984") ou par l'entreprise, est la règle ("Southland tales", "Bienvenue à Gattaca"...) et le monde créé est à la hauteur de l'attente: gris, esquinté, les seules rares couleurs étant celles des lèvres des personnages ou de rares panneaux "sortie". Difficile du coup pour le personnage, dont on entend les moindres pensées de se trouver de réelles motivations pour se sortir de cet univers. Ses aspirations restent minimalistes, ses rêves peu enivrants, et l'on finit par se perdre nous même dans ses pensées, mêlées aux ordres de celui qui est sensé le controler. Reste une esthétique sans faille, mêlant visages déformés et réelles prises de vues des mains comme des pieds, à des corps faits d'images de synthèse.

APAN (THE APE)
Journées des auteurs - ouverture (+1)

Angoissante histoire que celle de cet homme qui se réveille couvert de sang. Rapidement, l'on devine ce qu'il a pu faire à sa famille et pourquoi il part acheter baches en plastiques, scie et pelles. Malheureusement, malgré la qualité de l'interprète principal, livide et enclins à de légitimes crises d'angoisses, on a bien du mal à croire à ses actes, malgré une bien évidente perte de repère et un sentiment de culpabilité compréhensible. Du coup l'intrigue paraît bien articficielle, le coup de sang peu probable, et l'espoir de rédemption plutôt mince. D'autant qu'on se demande ce que vient faire au beau milieu d'une fuite désespérée, une scène dans une église, bien malvenue, dans sa forme tout au moins.

FRANCESCA
Horizons (+1)

C'est un film roumain qui ouvre cette année la principale section parallèle de Venise, Horizons, prouvant ainsi la durable vitalité de ce cinéma, depuis la Palme d'or, il y a deux ans de "4 mois, 3 semaines et 2 jours...". Pourtant, malgré le charme et le naturelle de son aérienne actrice principale, "Francesca" ne tient pas la distance, tournant rapidement en rond autour des ennuis d'un petit ami insconcient mais soucieux de s'en sortir. Cette spirale était déjà au centre de la Palme évoquée ci-dessus, impossibilité de se sortir d'une situation locale durablement dégradée, même si l'espoir d'une vie meilleure en Italie était teinté de dangers. Egrenant un à un les clichés réciproques sur les roumains voleurs et les italiens racistes, le réalisateur nous concocte une première partie du film plutôt juste et légère. Mais c'est la deuxième qui souffre d'un certain manque de consistance.

Source: Olivier Bachelard

04/09

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