Le malheur et la solitude sont-il soluble dans la religion ou tout autre croyance ? C'est en partie cette question que Paddy Considine, ici derrière la caméra, semble se poser avec « Tyrannosaur », une œuvre d'une noirceur rare. Ce film viscéral nous propose d'être témoins de la rencontre de deux souffrances, l'une assumée sous forme d'une rage devenue quasi incontrôlable, l'autre refoulée grâce à la prière. D'un côté il y a donc le personnage de Peter Mullan, dont la seule forme d'expression semble être l'agression, qu'elle soit physique (sur des jeunes gens dans un bar...), matérielle (sur une vitrine de « pakis »), ou verbale (sur la pauvre bigote qui l'a aidé un instant en l'accueillant dans son magasin). De l'autre, il y a justement cette femme, croyante qui aime à prier pour les autres, histoire de ne pas se préoccuper de son propre sort.
Car à peine le scénario s'intéresse-t-il à sa vie privée, que le sordide envahit l'écran, Eddie Marsan (« Be happy », « La disparition d'Alice Creed ») incarnant son mari, propre sur lui, costard oblige, mais qui n'hésite pas à pisser sur sa femme endormie sur le canapé. Un geste qui en dit long sur la manière dont il envisage celle-ci. Triplement primé pour son interprétation au dernier Festival de Sundance, « Tyrannosaur » n'est certainement pas un film optimiste sur l'humanité, le personnage de Peter Mullan posant en principe son refus de connaître de nouvelles personnes, car « connaître quelqu'un, c'est connaître sa merde ». Comme si à partir d'un certain âge, s'intéresser aux autres devenait impossible, ou simplement haute risqué, ceci quelles que soient les conditions sociales.
Source: Olivier Bachelard
24/09/11
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