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Festival de Cannes 2012 : Compétition – Matteo Garrone préfère le pathétique à la cruauté pour son Reality


Photo Festival de Cannes 2012 : Compétition – Matteo Garrone préfère le pathétique à la cruauté pour son RealityREALITY
(Grande fratello)

de Matteo Garrone
avec Aniello Arena, Loredana Simioli, Nando Paone...

Un carrosse doré avance lentement jusque dans une grande propriété où a lieu un mariage. Le spectacle donne dans la démesure : les mariés ouvrent des boîtes avec marqué "chance", d'où s'envolent des colombes, des fontaines immenses accueillent les hôtes pour des photos... et la vedette de la soirée n'est autre qu'Enzo, une star de Grande Fratello, l'équivalent italien du « Loft » de M6. La fête finie, on découvre tout ce beau monde dans son cadre naturel, une vieille demeure qui tombe en lambeaux, montrant son vrai visage entre obèses, handicapés et vieillards aux bourrelets envahissants.

Si le réalisateur de « Gomorra » ne paraît initialement pas tendre avec ses compatriotes, décrivant la médiocrité ambiante avec un cynisme certain (l'approximation de la pesée du poisson, les prix plus élevés pour les gens qui ne sont pas d'ici, l'arnaque au robot ménager dans laquelle tout le monde trempe allègrement...) et s'il rabaisse symboliquement les hauts lieux de la culture italienne (Cinecitta réduit à un lieu de casting pour l'émission la plus racoleuse qui soit...), il finira par délivrer un portrait certes pathétique mais compatissant d'un père de famille persuadé de son entrée prochaine dans la fameuse « maison ».

Réflexion limitée sur la fascination qu'exerce la télé-réalité, sur le désir de célébrité, et sur l'argent facile, « Reality » déçoit donc un peu, même s'il affiche quelques belles scènes de comédie. Avec sa petite musique parfaitement adéquate, ce conte des temps modernes dresse le portrait d'un père de famille perturbé, prêt à tout pour parvenir à son but, mais finalement présenté comme un grand rêveur (ou un vrai fou) affublé d'une paranoïa qui lui fait confondre la vie avec un casting permanent.

Source: Olivier Bachelard

20/05/12

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