DE ROUILLE ET D'OS
de Jacques Audiard
avec Marion Cotillard, Mathias Schoenaerts, Bouli Lanners, Armand Verdure, Céline Sallette, Corinne Masiero...
Le premier plan du film se focalise sur une paire de pieds en sandales qui avancent à grands pas. Il s'agit en fait de ceux du fils d'Ali (Mathias Schoenaerts), chômeur en route pour le sud, où vit sa sœur (Corinne Masiero, vue dans « Louise Wimmer »), caissière en supermarché qui l'hébergera un temps. Engagé comme videur dans une boîte de nuit, il fera la connaissance de Stéphanie, dresseuse d'orques au Marineland d'Antibes, dont la relation avec le petit ami semble toucher à sa fin. Quelques temps après un accident qui lui coûte ses deux jambes, celle-ci contactera Ali, et débutera alors entre eux une relation franche et complice, aux limites de l'amitié.
À ceux qui auront vu la bande-annonce du film, il faut rétorquer haut et fort que non, ils n'ont pas vu la moitié, ni même le dixième de l'histoire de « De rouille et d'os ». Car c'est justement après l'accident que commence réellement la relation entre les deux personnages interprétés par une Marion Cotillard désarmante de malheur contenu, et le nouveau venu Mathias Schoenaerts, acteur imposant découvert auparavant dans le perturbant « Bullhead ». C'est alors que des liens peuvent se nouer, entre la possibilité qu'obtient Stéphanie de revivre, et celle d'Ali de gagner en maturité.
Avec un tact infini, Jacques Audiard filme à distance les moments les plus graves (la découverte par Cotillard de son amputation, en plan fixe depuis le couloir d'hôpital), comme les gestes devenus souffrances (Stéphanie mimant sur son fauteuil les gestes qui lui permettaient de diriger les orques, sa passion), ou les retrouvailles les plus intimistes (l'équipe du Marineland venant saluer leur amie, le tout sans un son autre qu'une musique qui vous prend aux tripes). Sa caméra s'adapte à chaque situation, comme son scénario qui évoque la responsabilité d'un homme jusque-là léger (voir la proposition qu'il fait à Stéphanie pour coucher avec elle, lorsqu'il est « OP »), et s'imbibe d'un air du temps (la crise économique), menant chacun à s'interroger sur ses responsabilités vis-à-vis non seulement d'un seul être, mais aussi de tous les autres. Un film juste et délicat, porté par deux interprètes au diapason.
Lire la critique de De Rouille et d'os par Sylvia Grandgirard
Source: Olivier Bachelard
17/05/12
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