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Festival de Cannes 2010: Jour 3 - Décadence des riches dans Wall Street 2 ou The House maid, et vraie surprise avec Chatroom d'Hideo Nakata


Photo Festival de Cannes 2010: Jour 3 - Décadence des riches dans Wall Street 2 ou The House maid, et vraie surprise avec Chatroom d'Hideo NakataVendredi 14 mai 2010

Ce matin, sur la terrasse du palais, presque toute l'équipe de "WALL SREET: L'ARGENT NE DORS JAMAIS" (+1) se prête au jeu du photo call. Michael Douglas, Shia Labeouf ("Transformers", "Indiana Jones 4"), Carrey Mulligan ("Une éducation"), Feodor Atkin et Josh Broslin ("No country for old men") offriront ce soir au festival l'une des plus belles montées des marches de la quinzaine. Le film, lui, est la suite, toujours réalisée par Oliver Stone, de "Wall Street", oscar du meilleur film 1987 et reprend son personnage principal, interprété par Michael Douglas, à sa sortie de prison en 2001. Les temps ont changé, les téléphones portables ont maintenant une taille raisonnable et les rappeurs sont devenus les nouveaux kadors.

Mais rapidement le scénario effectue un bon dans le temps, nous projetant en 2008, alors que le personnage de Douglas, toujours aussi doué, a écrit un bouquin prédisant la crise à venir. Plus qu'une histoire de flambeurs et d'inconscience, "Wall street 2" est avant tout une histoire de réconciliation familiale, de confiance perdue entre une fille et son père, et d'éducation. Ici les traders sont moins des joueurs que des adultes avides de pouvoir mais en quête de la reconnaissance de leurs protégés, tissant des rapports quasi paternels avec ceux qui les trahiront certainement un jour. On saluera d'ailleurs l'apparition clin d'oeil de Charlie Sheen, dont le mentor était justement Michael Douglas dans le premier épisode, et surtout la prestation de Carrey Mulligan, encore une fois impeccable de fragilité.

Lire la critique de Wall Street 2: L'argent ne dors jamais
par François Rey

Im Sang Soo, réalisateur de "Le vieux jardin", à ne pas confondre avec Hong Sang Soo, présenté lui à Un certain regard avec un autre film, présente ce matin en compétition, "THE HOUSEMAID" (+2), remake d'un classique coréen de 1960, scénarisé par Gina Kim. Le filmambiance s'ouvre sur une scène choc: le suicide d'une jeune femme qui se jette dans le vide, en plein milieu d'un quartier animé. Une cuisinière, se fait embaucher comme femme de ménage chez un couple de riches. Rapidement la légèreté due à la fraîcheur de la jeune femme forcément décalée avec le coté hautain des membres de la famille et la rigidité apparente de l'intendante, vire au malaise.

Soumission totale du personnel de maison, politesse ne cachant que le mépris de ceux qui se pensent supérieurs, dépravation sous des airs de sophistication, la décadence de cette famille finit par faire peur. Et la mise en scène accentue cette sensation d'oppression, le metteur en scène choisissant de filmer de nombreux plans en plongée. Pourtant l'angoisse potentielle est savamment dégoupillée par un sens aigue du détail, faisant de ce machiavélique scénario, un surprenant thriller aux multiples personnages.

Très attendu à Un certain regard, le nouveau film du réalisateur japonais Hideo Nakata ("Ring", "Dark water") s'intéresse au phénomène des réseau sociaux, et plus particulièrement aux salons de discussion ou "chatrooms", que chaque internaute peut créer en tout anonymat. Choisissant de manière risquer de représenter ces non-lieux sous forme d'un hôtel coloré et joyeux, dont les chambres seraient des lieux de rencontres virtuels, le maître du thriller maîtrise parfaitement son sujet et les différentes manières de dialoguer, en groupe ou en privé.

Il interroge ici les difficultés des adolescents à définir leur propre personnalités, met en évidence leurs souffrances face à des adultes qui ne les comprennent pas, et avec lesquels ils sont incapables de communiquer en dehors de gestes de violence ou de détresse ultime. Penchant nettement coté thriller, la spécialité du réalisateur, "CHATROOM" (+2) se focalise sur les instincts sadiques de ces adolecents en manque de reconnaissance ou de contact, testant leur pouvoir sur l'autre, et qui s'amusent logiquement à manipuler l'un ou torturer l'autre. Avec efficacité, le film met en évidence les dangers potentiels de l'internet, en évoquant de manière anecdotique mais angoissante la pédophilie, mais surtout en focalisant l'action sur les instincts dépressifs ou naïfs des uns, et revanchards des autres. Aaron Johnson ("Kick ass") y tient le premier rôle, confirmant qu'il est un talent à suivre.

Lire la critique de Chatroom
par Véronique Lopes

La journée sur terme avec un film argentin de la Quinzaine des réalisateurs: "LA MIRADA INVISIBLE" (+2). L'action se situe en mars 1982, alors que le pouvoir militaire en place est sur le point de chuter, suite à l'échec de la guerre des Malouines. Dans le collège national de Buenos aires, Marita (alias Maria Teresa) est une sorte de surveillante, chargée à 23 ans à peine, de faire respecter les nombreuses règles en vigueur: cheveux courts, cravate nouée correctement, distance réglementaire entre élèves dans la file...

Austère en diable, le film de Diego Lerman met en place un savant parallèle entre l'opression qui règne au coeur du collège et ce que l'on peut imaginer de la dictature extérieure. Les individus, écrasés, à l'image de cette frèle jeune qui traverse à pas rapide une cour en forme de damier gigantsque, sont méprisés, épiés dans leurs moindres gestes. Il affirme haut et fort que quoi qu'il arrive, l'humanité est bien toujours là, demandant à s'exprimer envers l'autre, comme Marita finira par le faire, malgré les interdits, malgré le rôle qu'elle a accepté. Un film difficile et troublant.

Source: Olivier Bachelard

15/05

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