Panorama
THE LOOK OF LOVE
de Michael Winterbottom
avec Steve Coogan, Anna Friel, Imogen Poots, Tamsin Egerton...
Paul Raymond était l'une des figures de la nuit londonienne. L'un des premiers à s'être lancé, à la fin des années 50, dans les spectacles érotiques (des « revues »...), puis dans l'édition de revues pour hommes, ceci tout en faisant l'acquisition d'un nombre important de propriétés, histoire de protéger sa fille, qui sera un jour à la tête de ce qui deviendra un « empire ». Homme le plus riche de Grande-Bretagne, il décèdera en 2008. Le prolifique Michael Winterbottom (« Jude », « 24 hour party people » et récemment « Trishna ») nous en propose donc le portrait autour d'une série de flash-back, l'homme se remémorant certains souvenirs, suite à la mort de sa fille.
Après d'amusantes évocations de ses débuts, en noir et blanc, avec le « cirque nu de Paris », où de jeunes femmes posaient dans une cage aux côté d'un lion pas si calme, Winterbottom revient à la couleur, décrivant dans le détail son caractère de coureur de jupons, ses arrangements en mariage, et son sens aigu des affaires. Si le ton de la comédie est de mise, l'homme ne manquant pas de bons mots (qui, dans la bouche de Steve Coogan, font forcément mouche), le drame couve pour cet homme pour lequel tout n'est que savant calcul. À part peut-être son amour pour sa fille.
Et c'est là que Winterbottom réussit à toucher, en construisant la deuxième partie de son film sur un parallèle implacable : celui de l’ascension fulgurante et de l'ambition d'un homme, face à la décadence de sa fille, pourtant rayonnante et dotée elle aussi d'un don, celui du chant. Maladresse d'un père, incapacité à communiquer son amour, caractère pressé du businessman, le personnage prend toute sa terrible inconsistance lors d'une déchirante scène dans laquelle un fils illégitime vient lui rendre visite, lui montrant des photos de lui enfant, et que l'homme le reconduit simplement, comme un quelconque client anonyme. Un film attachant et troublant, mais aussi terriblement efficace, dans les deux registres, de la comédie comme du drame.
Source: Olivier Bachelard
12/02/13
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