Compétition
CAMILLE CLAUDEL 1915
de Bruno Dumont
avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent...
Avec son nouveau film, Bruno Dumont (« La vie de Jésus », « L'Humanité », « Flandres ») choisit d'aborder Camille Claudel non pas sous l'angle de la biographie artistique et de sa relation passionnée avec Rodin, comme avait pu le faire Bruno Nuytten (« Camille Claudel »), mais sous celui de sa prétendue folie. L'action se déroule en 1915, sur à peine 3 jours, alors qu'elle est déjà enfermée depuis deux ans et qu'elle a été transférée dans une institution religieuse du sud de la France.
La reconstitution est détaillée et participe l'ambiance retirée du monde du métrage. Dumont s'attache au quotidien de cet asile où Camille Claudel semblait disposer de quelques aménagements organisationnels, comme le fait de pouvoir préparer ses repas. Derrière les visages torturés sur lesquels il s'attarde longuement, des lueurs de vie se font jour, des volontés de communiquer, contrastant avec le mutisme de l'artiste, qui attend, ressassant à voix basse ou haute, les raisons qui l'ont amené ici, sans même sans apercevoir.
Faisant intervenir, dans un dernier quart du film, le frère soi-disant bienveillant, et le décrivant comme un converti des plus rigides, Dumont présage l'enfermement de 29 ans qui suivra. Juliette Binoche, quant à elle, trouve ici un rôle à sa mesure. Avec le regard tourmenté, la larme facile et la rage au cœur, elle exprime la détresse d'une femme blessée qui se sent légitimement abandonnée, mais qui reste incapable de prendre un véritable recul concernant sa situation.
Source: Olivier Bachelard
14/02/13
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